Un café pour les abdications record de 2013
« Il faudrait pour le bonheur des Etats que les philosophes fussent rois ou que les rois fussent philosophes ». Cette République de Platon n’a-t-elle jamais existé ? Vous me répondrez qu’il existe dans le monde des modèles de démocratie avérés. Tant les qualificatifs peuvent être nombreux : démocratie participative, démocratie parlementaire, démocratie apaisée (pour parler comme plusieurs Etats africains), etc. Mais la philosophie de Platon n’était sans doute pas celle des abdications record de 2013. Une année dans laquelle les rois et les reines ont abdiqué. Ils ont dit non à leur pouvoir, non à leurs honneurs, non à leur règne. Au profit de leurs enfants, certes, mais ils n’ont pas attendu leur mort pour le faire. Surtout qu’en Afrique francophone, une certaine classe dirigeante actuelle a hérité du pouvoir de père en fils : Joseph Kabila a remplacé Laurent-Désiré Kabila en RDC, Faure Gnassingbé a remplacé Gnassingbé Eyadéma au Togo, et Ali Ben Bongo a remplacé Omar Bongo au Gabon. Ceux qui ne connaissent pas les régimes pratiqués dans ces pays penseront qu’il s’agit de monarchies. Que non ! La RDC, le Togo et le Gabon sont bel et bien des démocraties, et dans ces démocraties, le fils peut légitimement et légalement remplacer le père par les urnes. Aux Etats-Unis, à huit ans d’intervalle, Georges Bush fils a bien remplacé Georges BUSH père ! Qui plus est, le père a lancé la première guerre du Golfe, le fils la deuxième. Oui, les démocraties peuvent migrer et muter en monarchies, et les monarchies peuvent se démocratiser.
Les abdications 2013 ont été alarmées par Benoît XVI, dont le statut de pape faisait également de lui le monarque de l’Etat du Vatican. La reine Béatrix a transmis le trône des Pays-Bas à son fils aîné Willem-Alexander en janvier, tandis que plus récemment l’émir du Qatar cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani a également laissé sa place à son fils, le cheikh Tamim, et le roi Albert II de Belgique a remis le trône le 21 juillet à son fils Philippe, le jour de la fête nationale de cette nation qui justement est en quête d’identité…nationale. Peut-être alors que le nouveau monarque des Belges rassemblera ses concitoyens, et sauvera l’édifice siège de l’Union européenne. Car, une Nation où on parle français, allemand et néerlandais, est une Nation où la diversité plurielle est le symbole de notre monde globalisé. Peut-être aussi que le nouveau souverain pontife François sauvera la face de cette Eglise catholique en quête d’identité dans un Brésil où les Journées mondiales de la jeunesse réveilleront la foi catholique romaine là où les églises évangéliques ont pignon sur rue, et là où la contestation de la rue a tonné contre les fortes dépenses du Brésil pour la future coupe du monde de football. Et parlant de ce football, aux forts accents économiques, il y a donc fort à parier que le nouvel émir du Qatar, saura apporter à ce football mondial, tout ce qu’il a déjà d’investissement au PSG, ou au FC Barcelone, sans parler de cette Coupe du Monde futuriste de 2022. Pour revenir donc à Platon, et à nos abdications, sans doute la nouvelle génération de dirigeants sonne l’alerte que le pouvoir change de visage. Il porte désormais le vêtement des réseaux sociaux, il porte également la marque d’un bébé attendu par tout un peuple, un futur roi de Grande-Bretagne né le 22 juillet 2013 et qui n’est pas encore près d’abdiquer en tant que « Royal Baby ».
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