Rfidèle à ces soldats du journalisme !

Article : Rfidèle à ces soldats du journalisme !
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4 novembre 2013

Rfidèle à ces soldats du journalisme !

RFI en deuil

Je n’aime pas cet air de musique : « On est en finale… On est en finale ! On est, on est, on est en finale ». Car en 2008, mon petit-frère et ses jeunes voisins du quartier étaient venus hurler devant ma porte : « On est en finale », lorsque le Cameroun avait battu le Ghana en demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations organisée par le Ghana. La suite était catastrophique puisque le Cameroun perdait la finale face à l’Egypte. En 2013 sur Radio France Internationale, en maltraitant l’actualité, Mamane avait crié un jour : « On est à Kidal… On est à Kidal ! On est, on est, on est à Kidal ».

Kidal était devenue le symbole de cette France conquérante, à l’assaut des groupes islamiques du nord du Mali. Cette chanson de Mamane était malheureusement un mauvais présage, car aujourd’hui le monde du journalisme est en pleurs. Ghislaine Dupont et Claude Verlon ne sont plus. Pourquoi ? Parce qu’ils voulaient nous informer. Informer est-il déjà devenu un métier à haut risque ? N’est-ce pas le paradoxe du plus beau métier du monde ?

Sacrés mois de d’octobre et de novembre. Une période qui semble fatale à la radio du monde qui change du monde de la radio. Ces mois sont devenus meurtriers pour nos journalistes de RFI, car, je me souviens la mort tragique de Johanne Sutton, à la veille de la libération de Kaboul, en route pour Mazar-e-Charif, la grande ville du Nord, c’était le 11 novembre 2001. C’était une dame que j’écoutais, elle donnait envie d’être reporter de guerre, mais tout comme le fameux « on est en finale », juste la veille de la libération de Kaboul, Johanne m’a fait comprendre que le journalisme de guerre est dangereux.

johanne sutton

Christophe Deloire, directeur général de l’ONG Reporters sans frontières nous a relu sur la chaîne Canal +, l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme en ce qui concerne le droit d’informer. Il précise aussi que « 2012 a été l’année la plus meurtrière » en ce qui concerne les reporters de guerre, soit 88 exactement. Peut-on et doit-on informer au péril de notre vie ?  La question mérite d’être posée, d’autant plus que la situation des journalistes en zone dangereuse a déjà préoccupé les Nations unies à travers la résolution 1738 de 2006 qui précise que « les journalistes sont des civils », mais force est de constater que les belligérants utilisent les journalistes comme des victimes.

Que dire aussi de ce journaliste qui aimait l’Afrique. Il me réveillait chaque matin avec des reportages poignants et sa signature unique : « Jean Hélène, Yamoussoukro, RFI ». « Jean Hélène, Monrovia, RFI ». Jean Hélène était le reporter des guerres, des conflits et des situations chaudes en Afrique. C’était l’exemple même du reporter de guerre. J’étais intrigué par son nom qui me rappelle un prénom féminin, mais j’étais admiratif de ses prises de risque : le Soudan, la Somalie, et le Burundi, il y était !

Jean Hélène

 

Mais aussi, les conflits au Rwanda, au Liberia, en Côte-d’Ivoire. La Côte-d’Ivoire qui le verra mourir. En effet, Le 21 octobre 2003, Christian Baldensperger, alias Jean Hélène, était abattu d’une balle dans la tête à Abidjan par le sergent Théodore Seri Dago. Ce journaliste aussi m’avait marqué. C’était un journaliste, c’était le journaliste !

Mais décidément, RFI n’aura pas de répit en ces mois d’octobre et de novembre. Voilà que Claude Verlon et Ghislaine Dupont ont été arrachés à la vie le 2 novembre 2013, à cause de ce journalisme de guerre. Entre sauver sa vie, et sauver l’information qu’auraient-ils dû choisir ? Certainement sauver l’info, car c’est elle qui sauve des vies au prix lourd de celles que nous perdons aujourd’hui. Celles de deux personnes qui se sont livrées avec force et courage pour donner à ces millions d’auditeurs de la radio mondiale, l’information qui elle, n’a pas de prix. RFI me berce depuis l’enfance. Elle agrémente mes journées, ses infos passent en boucle dans mes oreilles, et je suis donc devenu rfidèle et forcément, rfidèle aussi aux noms de ces journalistes qui en 30 et 40 secondes parfois, nous résument souvent la situation du monde tel qu’il va, en finale ou à Kidal.

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