Les mots de la Francophonie. Chapitre 3: Françafrique.

Article : Les mots de la Francophonie. Chapitre 3: Françafrique.
Crédit:
11 mars 2014

Les mots de la Francophonie. Chapitre 3: Françafrique.

Le 20 mars c’est la journée internationale de la francophonie. Il s’agit comme chaque année pour la communauté de ceux qui utilisent partiellement ou totalement le français en partage de se rappeler leur appartenance commune aux valeurs de cette Francophonie. Alors je me demander quels pourraient être les mots clés à décrypter pour ce 20 mars 2014.  Dans ce billet, je parle d’une famille de mots : Françafrique.

De Gaulles à Chirac
De Gaulle à Chirac

L’ancien Ambassadeur de France au Cameroun avait fait cette déclaration : « La Francophonie, ce n’est pas la France ». C’est juste ! La Francophonie c’est aussi le Liban, le Canada, la Belgique, la Suisse, etc. Mais quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi si la Francophonie, ce n’est pas la France, François Hollande a failli bouder le 14ème sommet de la Francophonie à Kinshasa, et que cela était déjà annoncé comme l’échec dudit sommet ? C’est que, que vous le vouliez ou non, il y’a la France, et il y’a les autres. La Francophonie, c’est 77 Etats et Gouvernements, mais c’est surtout la France qui a le dernier mot. L’écrivain Calixte Beyala était candidate au poste de Secrétaire Générale, mais ce n’était pas la candidate de la France. Monsieur Sarkozy a-t-il voulu l’adhésion du Qatar à la Francophonie, il l’a obtenue. Donc la Francophonie, ce n’est peut-être pas la France, mais c’est d’abord la France. Et parce que c’est d’abord la France, la Francophonie est le prolongement de la Françafrique.

France Afrique

Remarquez que sur les 57 membres permanents, 32 sont africains. Cela veut dire 56% de la Francophonie est africaine. C’est donc normal que la confusion règne entre les sommets France-Afrique et les sommets de la Francophonie. Je me souviens de ce sommet France-Afrique, tenu à Yaoundé en 2001. Le feu président togolais Eyadema, prenant la parole à l’ouverture du sommet, voulait rendre hommage à Laurent Désiré Kabila, décédé. Il a fallu qu’il se penchât pour solliciter l’approbation du président Chirac avant de le faire. Ce fut une erreur diplomatique. Car l’hôte du sommet, le président Biya était resté pantois. Comme quoi, il n’avait pas de mot à dire. Cette inélégance montrait bien que le patron du sommet c’était Chirac et pas Paul Biya.

Mais au juste que signifie Françafrique ? Si le mot est popularisé par le livre La Françafrique, le plus long scandale de la République de François-Xavier Verschave , le mot est néologisme, un mot valise formé à partir de France et Afrique, dont le pionnier serait en 1955, le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, pour définir le souhait d’un certain nombre de dirigeants africains de conserver des relations privilégiées avec la France tout en accédant à l’indépendance. Quels pourraient donc être les synonymes de cette Françafrique ? Néocolonialisme, dictature, guerre, division, pauvreté, malnutrition, dette, pétrole, uranium, diamant, aluminium, bois, cacao, café, etc.

Afrique, sacré nom de fric
Afrique, sacré nom de fric

 

En fait, la francophonie c’est un truc de ouf, l’un des dix mots de la Francophonie en 2014.  Car, si ouf signifie, la douleur soudaine ou l’étouffement, le ouf peut être aussi un soulagement. Ce soulagement là est souhaité. Pour cela, il faut dire non comme le Secrétaire Général de la Francophonie, Abdou Diouf : « Parce que la Francophonie, c’est d’abord la volonté de dire NON ! NON aux aspects les plus néfastes de la mondialisation, une mondialisation oublieuse de l’Homme, de sa dignité, de sa liberté, de ses droits les plus élémentaires, faute d’éthique, de régulations, de volontarisme. NON aux inégalités économiques, sanitaires, éducatives, numériques toujours plus marquées. NON aux conflits oubliés, aux populations civiles, singulièrement les femmes, abandonnées aux exactions les plus viles. NON à l’impunité et à l’immunité des auteurs de crimes contre l’humanité ». Oui, Monsieur Diouf, mais si La Francophonie doit dire non, n’est-ce pas à la France de le faire d’abord ?

 

Partagez

Commentaires