Europe-Afrique : le sommet de la rupture ?

Article : Europe-Afrique : le sommet de la rupture ?
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1 avril 2014

Europe-Afrique : le sommet de la rupture ?

Sommet UE AFRIQUE

« Investir dans les personnes, pour la prospérité et pour la paix ». C’est le thème du 4e sommet Union européenne-Afrique qui s’ouvre à Bruxelles ce 2 avril 2014. Un sommet de la rupture,  à en croire les observateurs, et au regard de la mobilisation massive des chefs d’Etat (notamment Paul Biya, réputé pour son absentéisme dans les sommets).  C’est que, entre l’Afrique et l’Europe l’heure est au nouveau partenariat économique, loin, très loin des accords ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) qui ont sans doute montré leurs limites. Les ACP cèdent de plus en plus le pas aux APE (Accords de partenariats économiques) qui semblent être des accords plus avantageux (ou plus équitables) pour l’Afrique. De toute évidence, ce sommet de 2014 accouchera d’une nouvelle donne, à des années- lumière de 1975, ère à laquelle seule l’Europe courtisait le continent africain.

Aujourd’hui, les sommets avec l’Afrique sont légion :

–          France-Afrique

–          Japon-Afrique (Ticad)

–          Chine-Afrique

–          Turquie-Afrique

–          Inde-Afrique

–          Etats-Unis-Afrique

Autant de rendez-vous avec le continent qui sont loin d’être fortuits et gratuits. L’on peut deviner aisément que derrière ces rencontres, des contrats et des investissements sont au menu des échanges, même si la politique et les questions de sécurité sont toujours abordées. Les mots clés de ces échanges économiques sont donc : bonne gouvernance, droits de l’homme, démocratie et libertés, respect des minorités (sexuelles) et… alternance. Cette dernière n’étant pas la chose la mieux partagée par les leaders africains, ces sommets sont souvent l’occasion de connaître les bons et les mauvais élèves selon les indicateurs cités plus haut. Qu’importe ! Pour les puissances et les Etats émergents qui organisent ces sommets, le plus important est ailleurs, dans les ressources minières, les projets structurants, les parts de marchés, l’installation des multinationales et la présence localisée de leur drapeau, d’une manière ou d’une autre. Cela s’appelle le soft power, dans la perspective de Joseph Nye, théoricien en la matière, qui a compris que les enjeux des relations internationales ne se jouent plus sur l’axe de la puissance militaire, mais sur l’axe de la guerre économique. L’Europe l’a sans doute compris en voulant investir dans les personnes, pour la prospérité et la paix.

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Commentaires

Fabienne
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Merci beaucoup pour le commentaire très véridique sue le sommet UE-Afrique. Mais j'aimerais vous demander si une fois déjà ce sommet a eu lieu dans un pays africain? Si votre réponse est négative, cela prouve que le terme plus "équitable" utilisé pour l'Afrique n'a pas de place.
Quand vous dites que les ACP laisse de plus en plus place aux APE est-ce parce que l'univers des partenaires internationaux de l'Afrique s'élargit en incluant aussi à grande échelle d'autres pays membres des ACP?
J'aimerais aussi vous demander ce que l'on entend véritablement par investir dans les personnes.

DANIA EBONGUE
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Les précédents sommets se sont tenus au Caire (en 2000), à Lisbonne (en 2007) et à Tripoli (en 2010). Deux pays africains ont donc abrité ce sommet, mais est-ce pour autant dire que parce que l'Afrique les a abrités, elle est indépendante ? L'équité se joue sous d'autres cieux. Elle ne se joue pas sur de simples impressions ou émotions, elle se joue sur le terrain de ce que nous avons à offrir. Oui, les ACP ont montré leurs limites, tout comme les APE montreront leurs limites demain. Investir dans les personnes c'est se rappeler qu'il "n'ya de richesse que d'hommes".