Monsieur le Président, cela ne suffit plus !

Article : Monsieur le Président, cela ne suffit plus !
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27 juin 2014

Monsieur le Président, cela ne suffit plus !

Paul Biya, agissez!
Paul Biya, agissez!

Excellence, Monsieur le Président de la République, 

Vous venez de prescrire au Premier Ministre, chef du gouvernement, de vous apporter toute la lumière sur la campagne « peu glorieuse » des Lions indomptables à la Coupe du monde de football 2014 et surtout « avec des propositions, en vue d’une restructuration profonde et urgente du football ».

 

Excellence,

En vous remerciant pour cette mesure salutaire, qu’il me soit permis de vous dire que cette mesure ne suffira pas. Elle ne suffira pas pour guérir le football camerounais. Cette mesure a juste le mérite de calmer les ardeurs de vos concitoyens qui sont mécontents. Croyez-moi Excellence, ce mécontentement ne se limite pas à la honte ressentie par les Camerounais, devant ce spectacle pathétique des Lions indomptables, mais la douleur est beaucoup plus profonde. Elle leur rappelle le mal-être et la malaise des Camerounais, frustrés par le manque d’emplois, frustrés par l’absence de perspectives, et par dessus tout, étonnés de voir tant d’argent gaspillés d’abord pour ces 23 joueurs ayant boudé le drapeau national, ensuite, pour ces nombreux fonctionnaires mis en mission au Brésil pour des raisons que le contribuable ne saurait comprendre.

Excellence, cette mesure ne compensera pas les milliards de francs dépensés à chaque sortie des Lions indomptables. Celle de 2014 avoisine les 5 milliards de francs CFA que le contribuable camerounais a mis à la disposition de l’équipe qui s’est classée 32ème sur 32. Et pourtant, Monsieur le Président, nous sommes conscients que les choses qui sont égales à la même chose sont égales entre elles. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le problème du football camerounais ne se trouve pas dans le changement des hommes, mais plutôt dans le changement de système. L’équipe nationale est devenue un prétexte pour tous les actes budgétivores d’un pays qui a d’autres priorités comme la santé et l’éducation à pourvoir. Avec cet argent, des enseignants, des cadres et des techniciens auraient pu accéder à la fonction publique. Avec cet argent, de nombreux crédits auraient pu être accordés à des projets innovants ou des initiatives de jeunes.

Monsieur le Président de la République,

Cela ne suffit plus !

Le Premier ministre va sans doute vous adresser un document, un de plus…

Un de plus après la Loi N°96/09 du 5 Août 1996 fixant la Charte des Activités Physiques et Sportives ;

Un de plus après la Loi N°2011/018 du 15 Juillet 2011 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives ;

Un de plus après le Programme National de Développement des Infrastructures Sportives (PNDIS) ;

Un de plus après le Décret N°2012/0881/PM du 27 Mars 2012 fixant les modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux Communes en matière de sport et d’éducation physique ;

Un de plus après le rapport général des Etats Généraux du Sport et de l’Education Physique du 18 au 20 Novembre 2010 ;

Un de plus après le forum national du football camerounais ;

Un de plus après le projet de politique technique nationale du football camerounais.

Un de trop peut-être…

Car Excellence, les instruments cités plus haut ont déjà le mérite de fixer le cape de notre sport en général et de notre football en particulier. C’est un cadrage lucide pour la réorganisation de notre fleuron national qu’est le football, mais force est de constater que ces divers instruments sont peu ou pas du tout invoqués et appliqués. L’administration agit toujours dans l’urgence et ne se donne pas des moyens de planification. Or, la planification, c’est exactement ce dont notre football a besoin. Il a surtout besoin des gens qui l’aiment, le comprennent et le vivent avec passion et raison, et non pas des administrateurs plus soucieux des frais de mission qu’autre chose. Excellence, je vous demande humblement de regarder cet aspect des choses afin de comprendre que les raisons véritables de l’échec de notre football se retrouvent plus loin, dans une gestion calamiteuse, cacophonique et amatrice de la question du sport au Cameroun. C’est le reflet de gestionnaires peu avisés, peu patriotiques, peu soucieux du bien collectif. Je vous implore de faire cesser cette haute insulte au Berceau de nos ancêtres. Je vous implore,  de faire en sorte que pour une fois, les décisions soient prises et appliquées. Je vous implore pour qu’à travers le football, les Camerounais retrouvent leur sourire et leur fierté nationale.

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Commentaires

Salma Amadore
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hum ça c'est seulement pour le foot hein nous on divers domaines concernés où il faut donner un mois pour s'expliquer