Gâchis de Noel à Yaoundé !

Article : Gâchis de Noel à Yaoundé !
Crédit:
24 décembre 2014

Gâchis de Noel à Yaoundé !

Oh, fête de Noel si puérile à Yaoundé ! Une fête qui fait descendre sur l’esprit des citadins de la capitale camerounaise, une odeur pestilentielle d’empressement, de surexcitation et surtout de profusion.

C’est le Noel des mondanités, là où toutes les chapelles (religieuses, commerciales, politiques, médiatiques) sortent le grand jeu pour appâter des adeptes de plus en plus incrédules. Le mois de Décembre dans la capitale du Cameroun c’est la course à un poulet plus cher, mais qui ne pèse pas plus grand qu’un pigeon. C’est le fameux mois du double salaire gouvernemental. Mais, attention ! Il ne s’agit pas du 13ème mois, mais bel et bien du 12ème mois par anticipation, pour 10 jours sans plus de dépenses toujours incontrôlées. Des gens qui crient, d’autres qui courent et ceux qui attendent la moindre occasion pour arracher un sac, ou agresser un passant nocturne et lui soutirer son maigre salaire pris au distributeur. La rue a un parfum de marché partout dans la ville. Coiffeurs, couturiers, vendeurs de vivres, brasseurs, taximen, décorateurs, boutiques de jouets, tous émettent des aimants qui provoquent la ruine prochaine de nos maigres porte-monnaie. Chaque voix qu’on entend à l’intérieur des gens c’est « dépense ! Dépense ! »

Marché de Noel à Acacias, Yaoundé
Marché de Noel à Acacias, Yaoundé

Oui, dans une radio de la place, un panéliste d’une émission spirituelle nous annonce que la fête de Noel est «  une occasion pour la hiérarchie de l’au-delà de se nourrir de nos éthers. Nos éthers ce sont les émotions, les chants, les animations, et toute l’effervescence autour de la fête de Noel. Ces êtres désincarnés de l’au-delà sont des voleurs de nos énergies et profite de l’esprit de Noel pour plonger l’humanité dans une exagération tout azimuts ».  Si on fait un peu attention aux propos de ce monsieur, peut-être a-t-il raison au fonds. Car, qu’est-ce qui peut justifier tant de débauche d’énergie ? Qu’est-ce qui peut expliquer tant de bousculade, tant d’excitation, tant de klaxons, tant de bouchons ?

Accident de Noel, quartier Biyemassi, Yaoundé
Accident de Noel, quartier Biyemassi, Yaoundé

C’est un Yaoundé qui siffle le début d’une rencontre sportive dans laquelle les gens usent et abusent de leur force mentale, physique et émotionnelle pour commémorer disent-ils, l’anniversaire d’un être qui serait né le 25 Décembre d’il y’a plus de deux mille ans. C’est ce que dit la légende chrétienne, mais on le sait très bien, le 25 Décembre est la naissance de tous les dieux solaires, dans toutes les mythologies du monde : hindou, assyrienne, babylonienne, grecque, romaine, etc. Tous les panthéons religieux nous montrent que les divinités solaires sont plus ou moins apparentées à ce 24 Décembre à minuit. Alors, il est évident qu’une force spéciale descend à Yaoundé dans cette période et puise dans l’imaginaire de ses habitants, au profit de tous les excès. C’est le mois de la débauche féminine, embrigadée par cette mauvaise mode qui veut qu’une fille qui n’est pas accompagnée en Décembre, n’est pas une vraie panthère camerounaise. Chacune veut son histoire à raconter à la rentrée en janvier. Et toutes rigoleront des mêmes concerts, des mêmes mets dégustés, des mêmes avenues empruntées, des mêmes sms échangés et des mêmes émissions regardées. Et le Noel d’après ? Rebelote ! En somme, rien de nouveau sous le soleil, mis à part cet acharnement chaque année à s’appauvrir un peu plus dans le pays de Paul Biya. Il y’a dans cet éternel recommencement un moutonnement incompréhensible. La fête de Noel c’est la grande kermesse à Yaoundé, dans laquelle le Père Noel est chinois avec ses bibelots, ses guirlandes et ses choix. Le styliste est arabe, car ses marques de chaussures ont transité par Dubaï. Le riz est thaïlandais ou indien, et le sapin est européen. Vous l’avez deviné, ce n’est pas une fête africaine, mais si bouddhistes, hindouistes et musulmans s’y impliquent (au moins économiquement), c’est que dans ces carillons, chacun chante sa partition d’une fête universelle aux forts accents galvaudés. J’ai regardé et observé le mouvement des pickpockets au marché Acacias. Ici, dans le  6ème arrondissement de Yaoundé, même la friperie a un goût de luxe, pourvu que les jeunes filles qui bataillent ici trouvent un string ou un soutien-gorge convenable à … la fête ! Plus loin, la vendeuse de tomate hurle pour rappeler que la tomate de Noel a une saveur particulière.

Accident de Noel, copyrights-DANIA EBONGUE
Accident de Noel, copyrights-DANIA EBONGUE

En traversant la route, j’assiste bouche bée à cet incroyable dépassement d’une moto devant un taxi, lui aussi déchaîné par la vitesse. Il faut faire vite car la recette de Noel elle aussi doit doubler ou tripler, au profit des prochains litres d’alcools qui seront ingurgités ou urinés.Malheureusement, le motard et le chauffard entrent en collision : Du sang par terre, la tête du motard tombe avec violence sur le bitume chaud de Yaoundé. Il est inconscient et directement évacué aux urgences. Son Noel se passera au mieux en réanimation, au pire à la morgue. Là bas aussi, la fête bat son plein à Yaoundé, au nom du gâchis !

Étiquettes
Partagez

Commentaires

kaptueflorian
Répondre

la fête de noël perd de plus en plus de sens chrétien, elle reste une fête religieuse mais devient un prétexte mondain pour les jeunes. allez savoir le nombre de grossesses après et notez s'il vous plait l’entêtement des jeunes face aux parent pour une sortie contrôlée.

Anne Christelle
Répondre

Belle chronique!!