Oui, j’ai honte de ce Cameroun-là !

Article : Oui, j’ai honte de ce Cameroun-là !
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14 avril 2015

Oui, j’ai honte de ce Cameroun-là !

Cameroun, quelle honte

Je regardais l’émission « Fou Fou Foot » cet après-midi sur la télévision nationale camerounaise. On y relatait la qualification des « lionnes indomptables » pour le tournoi de football féminin des jeux africains de Brazzaville 2015. Au-delà de la qualification, c’est cette image invraisemblable d’une joueuse éthiopienne qui se blesse en cours de rencontre que je garde en mémoire. La jeune fille est évacuée sur civière dans l’ambulance du SAMU, et paf ! l’ambulance ne démarre pas. La voiture doit être poussée pour qu’elle puisse démarrer après plusieurs minutes, sous les huées et les sifflets du public. Dans ce public-là, se trouvaient plusieurs membres du gouvernement. Personne n’a bronché. Dans ce cas-là, aucune communication officielle. Le Cameroun organise pourtant en 2016, la Coupe d’Afrique des Nations de football féminin. A un an de l’évènement, voilà un amateurisme criard qui se fait jour. Une ambulance qui n’avance pas, cela veut dire que la joueuse éthiopienne était plus en danger dans cette voiture que sur l’aire de jeu. Quelle image gardera-t-elle du pays de Paul Biya ?

N’est-ce pas la preuve d’un système chancelant, grelottant ?  N’est-ce pas la preuve que tout est improvisation dans ce pays ? N’est-ce pas la preuve que le sport est le reflet de la gouvernance moribonde de ce pays ? Oui, le Cameroun sait briller dans les faits divers. Il y a quelques semaines, de nouveau, un bébé a été volé dans une structure sanitaire et quelle structure sanitaire ? L’hôpital de l’école de police ! Grand Dieu, on vole un bébé chez les policiers et personne n’a rien vu ? Malgré l’ultimatum du patron de cette police, sommant ses équipes de retrouver cet enfant sous 48 heures, rien n’a bougé. C’est que, dans ce Cameroun, les discours succèdent aux discours. Les démentis succèdent aux démentis, les communications gouvernementales succèdent aux communications gouvernementales.

Mais pour dire quoi ? Que le Cameroun n’est pas le seul pays au monde où ce genre de choses arrive ? Pour dire quoi ? Que c’est la faute de tout le monde sauf du pouvoir et de son chef ? Pour dire quoi ? Que la communauté internationale exagère dans ses rapports sur la corruption et l’entrave aux droits de l’homme s’agissant du Cameroun ? Non, mais ! Quelle image pour mon pays ? Un pays des slogans, de la propagande et des messages creux. Non, mais ! C’est dans le détail qu’on juge l’œuvre d’un pays. On proclame l’émergence, on la décrète. Cela ne se décrète pas pourtant, elle se construit de manière concrète et palpable.

Une ambulance qui ne fonctionne pas, un hôpital de police qui n’est pas surveillé, cela suffit pour comprendre que rien de sérieux n’est à espérer de ce système. Allons plus loin ! Pour ce même football, les scandales se suivent et se ressemblent : Des joueurs qui ont passé deux nuits blanches dans un aéroport à cause des problèmes d’intendance, d’autres qui se sont retrouvés en Asie sans l’effectif complet, contraignant l’entraîneur des gardiens à s’inscrire dans la feuille de match comme remplaçant… C’est cela la fierté que je dois avoir ? Je dois être fier d’un pays dans lequel, chaque jour les ministres sont sur la défensive au lieu de nous surprendre pour une fois avec des actions concrètes qui changent positivement la vie des citoyens ? Je dois être fier des scandales à répétition des administrateurs de ce  pays ? Non ! J’ai honte de ce Cameroun-là. Changez-le ! Faites-le changer ! Nos enfants méritent mieux, et nous n’en prenons pas la voie pour le moment.

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Commentaires

Fabienne
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On proclame l’émergence, on la décrète. Cela ne se décrète pas pourtant, elle se construit de manière concrète et palpable.// bien dit!

Benjamin Yobouet
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Je me suis bien marré en lisant ton billet: "Grand Dieu, on vole un bébé chez les policiers et personne n’a rien vu ?". Incroyable mais vrai ! Laisse moi rire

Maintenant parlons sérieusement, c'est vraiment pathétique, nos dirigeants africains ne savent qu'une seule chose: parler, parler et parler. Le verbe "agir" n'existe pas dans leur vocabulaire. J'ai envie de dire aussi comme toi mais largement possible" Oui, j'ai honte de cette Afrique-là". Bel article, cordialement :D !