Filles camerounaises, de grâce, cultivez-vous !

Article : Filles camerounaises, de grâce, cultivez-vous !
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4 décembre 2015

Filles camerounaises, de grâce, cultivez-vous !

En juin dernier, j’animais un atelier culturel et littéraire dans une classe de Seconde au Lycée Fustel de Coulanges (lycée français de Yaoundé). J’étais impressionné par la manière dont ces ados parlaient avec passion et délectation de l’œuvre « Candide » de Voltaire avec un débat libre, ouvert et surtout très enrichissant. Dans la salle, des jeunes d’origines diverses : subsahariens, magrébins, antillais, occidentaux, etc. Même les artistes Sanzy Viany, et Mbalè Mbalè étaient fascinés. Une ambiance studieuse autour de Madame Akoa, une enseignante française mariée à un camerounais. Rien, mais alors rien ne donne l’impression que ces jeunes, surtout les jeunes filles, résident ici à Yaoundé. Elles sont à des années lumières de ces jeunes filles de nos quartiers.

Fille africaine

Dans d’autres lycées de la même ville, le langage n’est pas aussi châtié, la même passion n’est pas autant au rendez-vous. Il suffit de croiser une jeune fille niveau Bac + 3 ou 5, pour constater que c’est du papyrus plat et rien de plus. Les jeunes filles du système éducatif camerounais n’ont pas plus de Q.I. que ces ados de Fustel. Nos jeunes filles elles, déambulent dans les cours de récré ou dans les campus, pour papoter au sujet de la dernière série brésilienne qui est passée la veille sur les écrans des chaines de télé africaines. Lorsque survient l’heure du journal télévisé, elles désertent le salon au motif que « ce n’est pas intéressant ». Il n’est donc pas rare de les voir se scotcher devant les télé-réalités de TF1 ou de NT1, un nouvel opium qui les abrutit davantage. « Stupides du monde, réunissez-vous ! » serait-on tenté de leur dire ; Car, elles ne distinguent pas le vrai du faux, et gobent ces images commerciales, comme s’il s’agissait de la vraie vie. Parlez-leur de la COP 21 ou encore des attentats de Paris, elles n’ont rien à cirer, car leur intérêt se trouve dans la bêtise de leurs commentaires orientés vers les histoires de bas étage, les cœurs brisés, les mecs pas sérieux, et encore qui sort avec qui, qui couche avec qui, et rebelote.

J’ai honte de le dire, mais vraiment, les filles de mon pays sont …Je préfère alors laisser l’artiste AMBE le dire lui-même:

Je ne voudrais pas les insulter, mais j’ai honte.  J’ai honte des filles de mon pays. J’ai honte de ma fille adoptive de 15 ans, plantée devant le poste téléviseur cet après-midi parce qu’elle regardait une téléréalité. Lorsque j’ai mis I Télé, elle s’est réfugiée dans sa chambre. Il a fallu que je remette la chaîne de télé Trace Tv pour qu’elle revienne au salon. Je lui ai demandé : «  Tu aimerais faire quoi demain » ? Elle me répond : « Chanter avec Maahlox ». C’est vrai que depuis qu’elle a aperçu Maahlox, elle se voit star comme lui. Mais sait-elle au moins que Maahlox s’inspire de l’actualité pour écrire ses textes ? Sans doute son problème est ailleurs. Ce ne sont pas les textes de Maahlox qui l’intéressent, mais le déhanché possible qu’elle pourrait lui apporter comme danseuse. Voilà le visage hideux de notre féminité camerounaise. Je me demande quelles dirigeantes aurons-nous demain ? Ces filles un peu écervelées, toutes, même pseudo-intellectuelles et qui ont pour domaine de définition « soit belle et tais-toi ! ». Pitié, chères sœurs, vous avez plus de valeur que ce qui se cache derrière votre popotin. Il y’a de la beauté dans une conversation soutenue. Il y’a du délice quand j’écoute une fille comme Cynthe parler des TIC, et pas des filles dites androïdes. Il y’a du plaisir à écouter Olivia, quand elle délivre ses théories du droit et de la Communication. Il y’a de l’extase à écouter Reine donner des conférences dans le monde entier.

Voilà une femme, une vraie ! Pas celle qui revendique le droit de se faire prendre pour ses atouts physiques et rien d’autre. Pas celle  qui réclame de se faire entretenir comme une éternelle assistée, avec la bénédiction de sa mère et de sa grand-mère. La femme n’est pas un objet. Non ! Et si c’est elle-même qui se chosifie, l’affaire est grave.

Fille africaine 2

Femme de demain ! Cultive-toi ! Bouquine, écoute, cherche, recherche, dans tous les domaines, qu’importe ! Mais cherche ! Sois une experte en  agriculture, parce que j’ai offert du chocolat à une doctorante et elle ignorait que le chocolat vient du cacao africain. Sois une experte en musique, et non, en chansons obscènes, parce que je parlais à une fille récemment, elle ignorait qu’il existe des écoles et des conservatoires de musiques.  Sois une experte de la mode, surtout pour cette fille étonnée de voir que c’est le coton africain qui habille les stars de la chaîne Trace Tv. Sois une experte en droits de l’homme, je m’adresse à toi, jeune fille qui crois que les droits de l’homme sont un concept savant. Que non ! L’éducation de la jeune fille, les mutilations génitales féminines, les violences faites aux femmes, les questions de genre, la parité, l’émancipation de la femme (qui paye le loyer, achète ses propres vêtements, participe aux charges de la maison), voilà tes droits jeune fille ! Et tu les connaîtras en lisant.

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Commentaires

Aymard
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Mister dania. Decidement avec toi j'ai l'habitude de me marrer mais là j'ai envie de pleurer je t'assure. Au moins une bonne chose c'est qu'il sera assez aisé de les battre en élections au cas où elles osent se présenter.

Fabienne
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Je suis tout à fait d'avis avec ce que tu dis Dania. Il y a des jeunes femmes camerounaises qui essaient d'aller dans ton sens mais qui sont des fois freinées dans leur élan. Par exemple lorsqu'un professeur dans une prestigieuse école de formation d'ingénieur dis au filles d'arrêter l'école à ce niveau, qu'elle ont déjà eu le BACC et qu'elles peuvent aller se trouver un mari., comment doivent-elles réagir? Dans tous les cas il faut seulement s'accrocher pour atteindre ses objectifs, être une femme, une vraie avec une personnalité remarquable.

Anne
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Je viens de lire ce post interessant et mon avis sur la question est un peu mitigé. Je pense avant tout qu'il faut comparer des choses qui sont semblables, le lycée Fustel de coulange ne ressemble à aucun lycée public ¨en activité au Cameroun. Le salaire de Mme Akoa n'est en rien comparable à celui de Mme Etoundi du Lycée de Mballa II et leur niveau d'implication au travail doit surement en decouler... Les causes et les maux sont nombreux, mais je pense qu'on blame à tord ces jeunes filles qui manquent de culture parce que malheureusement on ne leur a appris rien d'autre. C'est un mauvais process où ells partent déjà condamnées
J'ai une fille de 13 ans qui a lu tous les classiques de la literature française parce que je suis moi meme passsionnée de lecture et j'ai veuillé à ce qu'elle apprenne et qu'elle aime. Si j'avais aimé autre chose qui sait nous serions peut être toutes les deux assises devant l'ecran à revasser devant la dernière série à l'eau de rose.
Je pense que l'effort de chacune doit être au moins d'essayer de transmettre quelques notions uelques bribes de ce que le monde est réeelement à toutes les jeunes filles autour de nous. Qu'elles apprennent la valeur du travail, de l'effort plutôt que d'attendre d'être "sauvées" par le mariage!

Armand NOUAKOUOP
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Je ne saurais partager votre avis Mme, j'ai lu le monde s'effondre de Chinua Achebe alors que je ne faisais que le cours moyen première année, avant d'arriver en 4ème j'avais déjà Germinal et Black Boy pourtant mes parents ne sont pas aller au delà de la classe de 3ème. J'entre en classe de 6ème en 1990 ayant déjà lu les livres qu'on étudiait en Tle. Quand j'arrive en Tle aucun de ces livres que j'ai lu n'est plus au programme, le goût pour les choses dépend d'abord de comment nous percevons la vie. Si vous pensez que la vie est un rêve alors vous allez passer du temps devant les séries à l'eau de rose. Rien à voir avec le cadre dans lequel on fait l'école. Nous avons fréquenté ces écoles qui ne ressemblent en rien à fustel. Regardez les résultats du baccalauréat les les meilleurs ne viennent pas forcément de ces écoles dites pour riche la plupart sort des lycées qui sont pourtant ce que vous voyez là. Je suis d'accord avec ce post que je ne fustige point

Serge
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" J’ai honte de ma fille adoptive de 15 ans, plantée devant le poste téléviseur cet après-midi parce qu’elle regardait une téléréalité. Lorsque j’ai mis I Télé, elle s’est réfugiée dans sa chambre.",
là, je leur donne raison... parce que dans le genre "Journalisme de caniveau" on peut rarement faire pire que i-Télé :-)
Mais sinon, une question: les garçons sont-ils si différents que les filles? Ça sent tout de même de a misogynie , non? :)

Gabriel
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Cher Dania,
Je suis d'accord avec toi sur ton titre mais le contenu moins. Nous ne sommes que le produit de notre environnement, ces filles de Fustel de Coulanges donc vous parlez ne vivent pas dans le même environnement que les autres, dans leur entourage de riche elles ont autour d'elles des amies de la famille ingénieurs, financiers, entrepreneurs...bref des mentors tandis que les autres rien ! Travaillant dans un environnement où les enseignants souffrent n'arrivent pas à joindre les deux bouts et donc incapables de créer et cultiver la passion chez elles.

Maintenant Dania, la vraie question est que peux tu faire pour changer cela ? Que pouvons nous faire pour changer cela ? Organiser des meetup de lecture ? Aller offrir des livres à la rentrée ? Organiser des rencontres avec tes personnes inspirantes ? Le pessimisme e ou bien l'optimisme sont des attitudes passives, la seule chose qui compte c'est de définir un objectif et la stratégie permettant de l'atteindre...donc que peux tu faire pour les Go de ton pays ? That is the réal question !!!

Ephraim
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Je partage relativement votre idée ! En effet je pense cet état des jeunes camerounais en général et des jeunes filles en particulier dépend de 04 principaux facteurs à savoir: l’implication des parents, l’influence de la société ou l’environnement auxquels ceux ci appartiennent, la qualité et la pertinence de notre système éducatif! Ce problème nécessite une prise de conscience du mal et une forte implication et des parents et de la société et de l’Etat à travers le gouvernement !