Aïssatou, la réponse c’est à l’hôpital !

Article : Aïssatou, la réponse c’est à l’hôpital !
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3 février 2016

Aïssatou, la réponse c’est à l’hôpital !

L’histoire d’Aissatou Moussa, jeune camerounaise de 21 ans, déjà mère de 3 enfants, qui a failli perdre son enfant parce qu’elle hésite à l’emmener à l’hôpital à cause de considérations traditionnelles néfastes.

Aissatou Moussa
Aissatou Moussa

Assise à même le sol, sous un arbre, pour la protéger du soleil harassant de l’Extrême-Nord au Cameroun, Aïssatou Moussa, 21 ans, est à côté de son bébé âgé de quatre mois seulement. Celui est couché sur un pagne déposé sur ce sable chauffant. Cela fait quatre jours déjà que le petit fait la fièvre, est enrhumé et fait la diarrhée. Ces dernières heures ont failli être fatales pour lui, et il a fallu la sommation vigoureuse de quelques proches d’Aïssatou Moussa pour qu’elle l’emmène ici au Centre Médical d’Arrondissement de Gazawa, à 25 km de la capitale régionale, Maroua. Pourtant, à la voir tricoter un nouvel habit pour son fils, on ne perçoit pas tout de suite qu’elle serait peut-être en train d’enterrer son garçon ce matin. La fréquentation systématique d’un centre de santé n’est qu’un réflexe progressif dans sa communauté. Les indicateurs de la région de l’Extrême-Nord sont au rouge depuis l’enquête démographique et santé de 2011. Par exemple :

  • La mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 168 pour 1000 naissances vivantes.
  • La mortalité maternelle affiche un ratio de 782 pour 100 000 naissances vivantes.
  • La couverture en vaccination n’est que de 45% pour la région.
  • 22% de femmes seulement fréquentent les formations sanitaires.

Pourtant, bien qu’ayant accouché ce dernier dans un centre de santé, Aïssatou a eu du mal à respecter les rendez-vous des vaccins de son enfant. Pire, ce n’est qu’avec cet enfant qu’elle a accepté d’accoucher à l’hôpital. Cela n’a pas été le cas de ses deux premières couches. Aïssatou a été très vite enrôlée dans un mariage précoce et a hérité de quelques autres pratiques culturelles néfastes comme l’accouchement assisté par ces « accoucheuses » traditionnelles qui ont longtemps retardé la fréquentation des formations sanitaires. Elle a fait partie des 25% d’adolescentes qui ont déjà été enceintes au Cameroun et des 22% seulement des femmes de la région qui ont accouché dans une formation sanitaire selon l’UNFPA.

Femmes au Centre Médical de Gazawa
Femmes au Centre Médical de Gazawa

Il a donc fallu la résonance de la sensibilisation des communautés, au travers du projet SIDA/H4+ pour que, elle et d’autres femmes de la contrée fréquentent désormais leur unité sanitaire qui ne désemplit plus. Ici, les consultations prénatales se font de plus en plus naturellement. Le centre de santé de Gazawa a même obtenu le prix de la meilleure formation sanitaire en 2015.

Formation Sanitaire

Une distinction qui fait dire à Gaïbaï Ganava, chef bureau santé du district de santé de Gazawa que « désormais, on enregistre plus de 45 femmes qui accouchent dans notre hôpital par mois. Ceci grâce à la prise en charge curative et préventive du projet SIDA/H4+. La fréquentation du centre en général , a augmenté ».

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Ce matin donc, Aïssatou a compris que les conseils que lui donnait sa tante la veille, n’étaient que le fruit d’une ignorance séculaire qui a causé tant de dégâts dans la localité. Le changement de comportement était nécessaire puisque la vie des femmes et des enfants en dépend. Ce matin donc, une simple consultation a suffi pour qu’Aïssatou sache que son enfant souffre d’un début de paludisme et d’anémie. Quelques heures de plus à la maison et elle aurait sans doute validé la thèse de la sorcellerie que lui soufflaient déjà quelques conservatrices de son entourage. Une fois à l’hôpital, elle aperçoit une affiche d’ONUFEMMES sur la porte du médecin consultant.

Onufemmes

Le message lui demande de se référer toujours à une formation sanitaire, avant, pendant et après la grossesse. Ça tombe bien, elle qui ne comprend rien en français peut lire le message en Toupuri, Mafa et Fufuldé, les trois langues vernaculaires de la localité. Elle sera servie et le médecin lui remettra une ordonnance, celle de la survie de son enfant.  En attendant le pharmacien qui est sorti s’approvisionner, Aïssatou peut recommencer à tricoter, l’espoir dans le cœur. Elle vient de bénéficier d’une des activités à base communautaire mise en œuvre par l’UNICEF  ici, dans le cadre du projet  H4+. Une voix résonne sans doute dans sa tête et lui répète sans cesse : « Aïssatou, la réponse c’est à l’hôpital ! ».

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Commentaires

Colay
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incroyable qu´on doit encore sensibiliser , merci pour l´information et beau boulot
tu peux nous visiter ici www.mers-et-montagnes.com