Le marché de Zamaï en marche.

Article : Le marché de Zamaï en marche.
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23 février 2016

Le marché de Zamaï en marche.

Jour de Marché Zamai

C’est un lundi, jour de marché à Zamaï, localité qui compte 25000 âmes et qui est située à 18 km de Mokolo, à 76km de Maroua dans la région de l’Extrême-Nord, baptisée à juste titre, le « Nord des Extrêmes » avec ses indicateurs de pauvreté et d’insécurité de plus en plus alarmants.

Ibrahim Hamaoua, Lamido de Zamai
Ibrahim Hamaoua, Lamido de Zamai

Ici, c’est une terre d’accueil, non seulement des 55 000 réfugiés nigérians qui sont recensés dans le camp de Minauwao, mais aussi plus de 400 réfugiés internes que le Lamido Ibrahim Hamaoua et ses Lawans (chefs de villages) ont bien voulu accueillir au lendemain de multiples attaques perpétrées par la secte terroriste Boko Haram.  Les populations des 19 villages de cette contrée se brassent ainsi chaque lundi pour mettre en exergue les trois piliers qui font l’économie locale : agriculture, élevage et commerce.

Madeleine Bicheye
Madeleine Bicheye

Dès 7h du matin, Madeleine Bicheye, 34 ans, se rend au marché pour écouler ses vivres (betteraves, carottes, et tomates) à l’étalage. Une bonne nouvelle vient la consoler de la longue distance qu’elle parcoure depuis son village Mandaka (plus de 7km de là) à ce lieu de marché hebdomadaire. Désormais, les vendeuses de vivres comme elles, seront installées dans un hangar tout neuf et construit en dur pour un meilleur confort, une meilleure conservation des vivres et surtout une protection absolue contre les intempéries climatiques. Car, au « Nord des Extrêmes », le soleil est harassant et les pluies sont dévastatrices. Un tel hangar ne peut que lui arracher un sourire. « C’est un privilège que d’intégrer ce hangar. Merci à ceux qui ont eu une telle idée ».

Nouvel hangar des vendeuses
Nouvel hangar des vendeuses

« Ceux » qui ont eu l’idée, c’est le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui, dans le cadre d’un partenariat avec le gouvernement du Japon, a entrepris la réhabilitation du marché de Zamaï afin de permettre aux locaux, réfugiés et déplacés qui fréquentent et font ce marché, de s’y mouvoir sereinement et en toute sécurité. Une sécurité attestée par les bergers et revendeurs de bétail : « Quand je suis arrivé à Zamaï en 2014, il n’y avait pas ce parc. Les gens entraient de partout, on ne pouvait pas contrôler les entrées et les sorties. Aujourd’hui, grâce à ce parc, les choses sont beaucoup plus aisées. Les animaux se détachaient et se perdaient, et les ventes en prenaient un coup sérieux. Désormais ils disposent d’un parc gratuit et convivial » déclare Souaibou, Chef de centre zootechnique et vétérinaire de Zamaï qui se réjouit de cet apport de la FAO ( Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) dans le cadre de la réponse rapide conjointe UNESCO-PNUD-FAO-JAPON pour le renforcement des capacités de résilience des personnes déplacées, des communautés hôtes et des réfugiés face aux effets de la crise de Boko Haram à l’Extrême-Nord du Cameroun.

Parc du bétail
Parc du bétail

Une réponse que le consultant défense et spécialiste de Boko Haram, Raoul Sumo Tayo, appelait récemment sur RFI en ces termes :

« Il est important que les autorités camerounaises et les bailleurs de fonds internationaux investissent massivement dans les activités génératrices de revenus ».

Pour lui en effet, C’est cette guerre-là qu’il faut remporter avec le soutien de la communauté internationale, sans quoi ces attentats-suicides ne s’arrêteront pas. Il faisait référence à l’attentat suicide qui a causé 20 morts au marché de Mémé, toujours dans l’Extrême-Nord. La preuve sans doute qu’il fallait agir rapidement, et ceux qui ont investi dans la modernisation du marché de Zamaï l’ont vite compris.

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