Parce qu’il faut sortir du cycle de la pauvreté.

Article : Parce qu’il faut sortir du cycle de la pauvreté.
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23 février 2016

Parce qu’il faut sortir du cycle de la pauvreté.

Abdou Saïdou est un chef de 3ème degré, et son village Kosseon fait partie des 19 villages de la localité de Zamaï dans la région de l’Extrême-Nord, département du Mayo-Tsanaga dont le chef-lieu est Mokolo. Dans ce bout de terre du Cameroun, se trouvent beaucoup de nigérians, victimes des exactions de la tristement célèbre secte Boko Haram, mais également des déplacés camerounais, qui se chiffrent déjà en tout autour de 158 000 déplacés internes.

Abdou Saidou, Lawan de Kosseon
Abdou Saidou, Lawan de Kosseon

Abdou Saïdou s’en souvient comme si c’était hier : «  Le Préfet du département était passé nous voir pour nous demander d’ouvrir nos portes aux déplacés qui fuient Boko Haram ». Son geste de solidarité sera significatif, puisque 117 personnes seront reçues dans un site qu’il a spécialement aménagé pour eux. « Ce sont des bergers pour la plupart » précise-t-il.  C’est ainsi que femmes, enfants, bergers et bétail (moutons, bœufs, ânes) feront désormais partie du quotidien des villageois de Kosseon. « C’est vrai que les gens de chez moi étaient sceptiques au départ. Vous savez, accueillir un étranger, fut-il de votre propre pays s’entoure toujours de méfiance » ajoute-t-il avant de relater que la méfiance a cédé le pas à la collaboration désormais effective entre les locaux et les déplacés, surtout lorsqu’un beau jour, le projet de réponse rapide pour le renforcement des capacités de résilience et de prévention des conflits, financés par le Japon, et mis en œuvre par les agences onusiennes PNUD-FAO-UNESCO a vu le jour à Kosseon.

« J’ai reçu 10 poulets pour commencer l’élevage de la volaille. A d’autres personnes, on a remis des chèvres, et d’autres ruminants. On nous a même construit des enclos. Franchement, ma vie a changé, et celle des gens de Kosseon aussi. Voyez-vous, quelqu’un était pauvre, et du jour au lendemain, il gère une affaire, il vend et peut nourrir sa famille. Ce n’est plus comme avant, lorsque je galérais ».

Cette confession du Lawan est lourde de sens. La venue des déplacés et de leur bétail suscitait déjà quelques convoitises malveillantes, et la réponse apportée par ce projet a vite fait de transformer les convoitises en rêve. Désormais, les 6 enfants de Abdou Saïdou raconteront aux enfants de leurs enfants qu’un simple projet a permis à son village de faire germer une économie réelle, de permettre un dialogue avec des populations venues d’ailleurs, mais surtout, de sortir du cycle de la pauvreté.

La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) a offert aux populations du Mayo Sava, du Mayo Tsanaga et du Logone et Chari, 1500 foyers améliorés, et 800 ménages ont également reçu des kits agricoles, sans parler des 5 parcs vaccinogènes à réhabiliter dans les différents marchés, parce qu’il s’agit d’attiser les germes du vivre-ensemble, les semences de la paix, et les récoltes du développement.

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