Bande de moutons
Les suiveurs, les imitateurs, les modélistes, les followers, les vrais moutons quoi. L’autre jour, j’ai une amie qui m’a envoyé un message Facebook pour me démontrer à quel point elle est toujours complexée. Je suis partagé entre la pitié et l’envie de la soigner. Le problème est que c’est devenu la maladie de plusieurs jeunes camerounais.
Tu as vu les gens aller à Alfresco pour manger une pizza, alors tu veux aussi aller manger une pizza là-bas ? Voilà comment la gente féminine d’un certain type et d’un certain niveau fonctionne. Il y’a dans la mentalité des jeunes -qui ont plus de 25 ans et qui ne sont plus des ados- des attitudes qui m’interloquent et m’insupportent.
Comment comprendre que tu aies Bac +5, belle, intelligente, mais que tu réfléchisse comme la fille qui n’a pas fait le CM2 ? Comment es tu toujours autant fascinée par des modes déclenchées par des personnes qui n’ont que pour valeur, les choses éphémères ? Un nouveau snack ouvre à Yaoundé, tu y coures. Les gens mangent des beignets à Tchop et Ya Mo, alors tu publies sur Facebook que tu as mangé des beignets là bas. Finalement, est-ce de la vantardise ou de la bêtise ?
Quelle est ta personnalité réelle quand tu es suiveur ? Quelle est ton identité lorsque ta façon de penser s’appuie sur la pensée des autres ? Quelle est ta personnalité lorsque la seule chose qui te motive c’est de suivre les suiveurs, les coureurs, les moutons ? Quel est ton vrai « moi » ?
Ton vrai « moi », c’est de renier qui tu es, d’avoir honte de tes parents, de leur reprocher de n’avoir pas volé dans les caisses de l’Etat comme les autres parents. Ton vrai « moi », c’est de t’en vouloir d’être née là-bas, chez eux, dans leur simplicité. Tu aurais voulu être la fille de… Tu aurais voulu mener une vie qui est celle de ces enfants-là, n’est-ce pas ? Mais dis-moi, tu gagnes combien ? Connais-tu la valeur de l’argent ? Pourtant, tu sais dire : « je ne mange pas ceci », « je ne m’habille pas comme cela ». Franchement, quelle est ta personnalité ? Il y ’a quand même un âge où on est réaliste dans la vie non ? Il y ’a un âge où on sait faire la différence entre les aspirations légitimes et les rêves d’adolescentes non ? Vraiment, Alice au pays des merveilles, reviens sur terre !
Voilà pourquoi tu es complexée devant les enfants dits « enfants de riches ». Voilà pourquoi tu es alors grave complexée devant ceux qui viennent de Mbengue. Là alors, tu te sens tellement petite que tu deviens comme une vraie balle de tennis devant eux.
Et toi, jeune frère, sors un peu de ton mirage là. Si tu penses que le Cameroun n’est pas assez bien pour toi, deviens alors Gondwanais. Au Gondwana, peut-être que tu aurais une lampe d’Aladin pour résoudre tes problèmes. Mais ici, on est dans la vraie vie Tara. Tu ne peux pas gagner 150.000 FCFA le mois et vivre comme un pacha qui gagne 500.000 FCFA. C’est pour cela que tu t’endettes pour vivre, c’est pour cela que tu empruntes pour te payer une voiture. C’est pour cela que tu vis sur Mars.
Mais au fait, tout cela c’est pour impressionner qui ? C’est justement pour emmener d’autres camerounaises et d’autres camerounais à se complexer davantage ? La simplicité vous a fait quoi dans ce pays ? N’aimez-vous pas Obama quand il descend lui-même faire ses courses dans un supermarché ? N’aimiez-vous pas Nelson Mandela lorsqu’il portait ses chemises africaines et non des costumes ? N’aimez-vous pas des gens accessibles, des gens ouverts, des gens dignes ?
Entendons-nous bien, une pizza, une virée, des habits chers, tout cela, c’est bien, et même très bien. Mais si tu recherches derrière tout cela, une gratification, une reconnaissance, un certain respect ou une pseudo-admiration des gens, tu es complexé (e). Tu es simplement quelqu ’un qui a perdu tous ses repères et qui semble ne plus retrouver son chemin. Il en va de même des gens qui sont des moutons dans les églises. Ils prient parce qu’ils ont vu les gens prier. Ils baptisent parce qu’ils ont vu les autres familles baptiser leurs enfants. Ils portent des habits blancs parce qu’ils ont vu la voisine s’habiller en blanc. Arrêtons le culte de l’imitation au Cameroun. Sinon, imitons les choses simples, les plus belles, et surtout les plus essentielles.
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