Tout ça pour Sa’a ?

Article : Tout ça pour Sa’a ?
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13 octobre 2016

Tout ça pour Sa’a ?

Des drapeaux blanc-bleu aux couleurs de l’UNESCO, brandis par des élèves du primaire et du secondaire, rassemblés ce mercredi 12 Octobre 2016 dans la cour de la mairie de l’Arrondissement de Sa’a, département de la Lékié au Cameroun. Au rythme des groupes de danses, des chants des associations féminines et des clameurs des populations riveraines, les sonorités perçues annoncent déjà un événement d’une grande envergure.

Il s’agit en effet de l’inauguration d’une radio communautaire, la radio baptisée « M’Mali FM ». On ne s’y trompe pas, la tribune officielle est suffisamment garnie par le ministre de la Communication (Issa Tchiroma Bakary), le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Abdoulaye Yaouba), et la ministre de l’Education de Base, Présidente de la Commission Nationale de l’Unesco (Madame Youssouf née Hadidja Alim), venus présider la cérémonie de visite de la radio communautaire de Sa’a, en compagnie d’un hôte de marque, le Président de la 38ème session de la Conférence Générale de l’Organisation des Nations Unies, pour la Science, l’Education et la Culture, le namibien Stanley Mutumba Simataa.

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Ici à Sa’a, les ondes radio ne sont pas aussi fournies en fréquences qu’à Yaoundé, la capitale, qui n’est pourtant qu’à 60 minutes de route. Seuls le Poste National (88.8 FM)  et CRTV Centre (101.9FM) émettent ici. L’avènement d’une radio rurale « apporte une alternative à ces populations qui ne savent pas parler anglais ou français », dira le ministre Tchiroma. Il est 10h du matin, et sur la fréquence 99.0 FM, le jingle de la chaîne tonne.

De la musique et des effets sonores en guise de bienvenue se distillent depuis Radio M’Mali. Une radio qui existe depuis 2002 par la volonté des femmes de la localité, réunies en association pour apporter leur touche au développement communautaire. Ayant fait du chemin, la radio a perdu de son éclat avec un outil de production qui devenait inadéquat et vétuste. Il devenait urgent de la réhabiliter et de la rénover. Une fierté pour le maire Jean Blaise Messina Noah, qui rappela que la radio « est rénovée et équipée grâce au partenariat avec l’Unesco ». L’organisation onusienne ne fournira pas seulement le matériel de production, mais ouvrira également un centre multimédia pour les jeunes, une bibliothèque et un centre d’archivage à l’intérieur de la radio. Un chèque de deux millions de FCFA sera remis d’ailleurs à la responsable de la chaîne comme frais de fonctionnement.

Coupure du Ruban de Radio M'Alli entre Issa Tchiroma et Stanley Mutumba Simataa.
Coupure du Ruban de Radio M’Mali entre Issa Tchiroma et Stanley Mutumba Simataa.

Des locaux qui seront visités par Stanley Mutumba Simataa et les ministres, non sans une satisfaction certaine devant ce joyau flambant neuf perché sur une des collines de Sa’a. Le défi sera désormais celui de la maintenance de ces équipements. Une inquiétude vite balayée dans le discours du ministre de la Communication qui dira « toute la disponibilité » de son département ministériel qui vient de se doter d’un comité en charge des radios communautaires. Toute la cérémonie protocolaire sera retransmise en direct sur M’Mali FM, notamment le discours de Charles Assamba, représentant les élites de la localité.

Mais pourquoi M’Mali au juste ? « Parce que M’Mali signifie Tam Tam et Tambour en langue locale », nous explique l’une des femmes dynamiques à l’origine de ce projet de radio communautaire. La radio M’Mali est un appel, un appel au rassemblement, aux valeurs de paix, de partage et de vivre ensemble. Pour ce faire, Le ministre de la Communication et son hôte de marque sont même aller jusque répondre aux questions de l’animateur de service, Max Ayissi, un peu impressionné par ses interlocuteurs, mais qui fini quand même par relever le défi de sa toute première interview institutionnelle. C’est aussi cela, l’apprentissage.

En 2010, c’était à Mbalmayo, une autre localité du Cameroun, que le Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki Moon, s’était livré au jeu des interviews dans la radio communautaire « Radio Femmes ». Son passage a laissé une empreinte indélébile sur cette station, puisque Radio Femmes est restée jusqu’à lors, une référence dans cette ville. Il est vrai que les radios communautaires font de plus en plus l’objet d’une préoccupation attentive de la part du gouvernement Camerounais et des différents partenaires. C’est avant tout une question de rapprocher les populations des enjeux du développement, notamment les ODD (Objectifs du Développement Durable), affichés dans toutes les cabines de M’Mali FM pour rappeler que c’est le cap à franchir par la localité et le pays.

Centre Multimédia de la Radio de Sa'a
Centre Multimédia de la Radio de Sa’a

Comme nous le disions déjà, quand les radios communautaires militent pour le développement, elles provoquent le changement de comportement des populations. Pour cela, Sa’a méritait bien « tout ça ». Ce balai de diplomates, ces représentants de l’Unesco du Cameroun et des pays voisins, ces ministres de la Républiques, ces élites, ce cortège et ses sirènes impressionnantes, et surtout, cette radio qui tonne déjà dans tous les ménages de Sa’a. Car, dira finalement Stanley Mutumba Simataa, « la plus grande pauvreté est la pauvreté de l’information ».

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