Les camerounais de la Belgique ignorent les lionnes indomptables

Article : Les camerounais de la Belgique ignorent les lionnes indomptables
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30 novembre 2016

Les camerounais de la Belgique ignorent les lionnes indomptables

Cette Belgique que j’admirais tant. Cette Belgique que je voulais tant découvrir. Mais cette Belgique si froide par le climat et si froide par le manque d’intérêt des camerounais pour leurs lionnes indomptables.

J’étais choqué dans cette voiture qui me ramenait à l’aéroport de Zaventem en Belgique. Après trois jours passés dans le pays siège des institutions européennes, que ne fut pas ma déception lorsque le Camerounais qui me transportait a déclaré : « Toi tu supportes les lionnes indomptables pourquoi ? Tu as une copine ou une sœur parmi elles ? Pourquoi est-ce que tu nous fatigues avec elles ? Elles gagnent leur argent en jouant, et toi tu veux que ça nous dise quoi ? ». Tellement j’ai été refroidi par ses propos que je n’ai plus rien ajouter jusqu’à l’aéroport. La Belgique avait déjà un goût très  amer pour moi. Comment un tel raisonnement pouvait sortir de la bouche d’un compatriote ?

Ah j’oubliais ! Ce n’est plus un compatriote. Il a son passeport belge déjà et le Cameroun n’est qu’un territoire qu’on lorgne à distance à travers les réseaux sociaux ou les photos choc sur Internet. Clairement, les lionnes indomptables, ça ne lui dit rien. Lorsque je demande à mon cousin à côté de lui, de me connecter à un réseau Wi-Fi, il semble me donner le même type de réponse, tout en essayant de me relier sans succès à un réseau Internet. La vérité est que la demi-finale opposant le Cameroun au Ghana pour le compte de la CAN 2016 de Football Féminin est déjà en cours. J’espère de tout mon cœur qu’on va au moins arriver à l’aéroport pour que je rattrape le match en cours. Là-bas au  moins, on a la possibilité d’obtenir gratuitement les codes Internet pour tous les voyageurs. Mais ce n’est déjà pas gagné d’y arriver à temps. Bruxelles a des bouchons partout. J’ai le temps de voir au moins la Commission Européenne, et plus loin l’OTAN, pour me rappeler que Bruxelles est une ville internationale comme New York et Genève.

J’ai un avion à prendre mais j’aurais pu rester dans ce restaurant camerounais pour visionner cette rencontre de Football. On m’a soufflé qu’à 16h effectivement, ils allaient mettre le match pour se connecter au pays, mais là encore, ce n’était pas sûr. Les seuls commentaires que j’ai entendus dans la bouche des camerounais vivants en Belgique, c’est «  Carte de séjour », « Passeport belge », « intégration », «  euros », « voitures », etc.

Devant le restaurant "Mboa Mboka" de Bruxelles
Devant le restaurant « Mboa Mboka » de Bruxelles

Dans un français pas toujours correct, ces camerounais-belges sont complètement déconnectés du pays. Est-ce le froid de l’automne et le début de l’hiver qui les rend si déphasés ? Est-ce la vie rude de l’Europe qui les emmène à être si superficiels ? Rien, mais alors ne me rappelle que je suis en face de mes compatriotes. La seule qui m’a donné envie de rester avec elle, c’est Diane, digne fille de Bandjoun, qui m’a accueilli la veille chez elle à Liège avec tous les égards dus à un compatriote. Sa chaleur et sa simplicité m’ont ébloui.

Diane et moi, à Liège
Diane et moi, à Liège

C’est une authentique africaine encore celle-là. C’est la seule qui m’a demandé à quelle heure se déroulerait le match des lionnes indomptables ce mardi 29 novembre 2016 et comment ferait-elle pour le regarder. Il a fallu qu’elle m’explique comment depuis le début de la compétition, elle a tout fait pour regarder la CRTV à travers CRTVWEB, ou encore à travers les relais de certains camerounais via les réseaux sociaux. Pourtant en Belgique, un opérateur de téléphonie (que la plupart des africains utilisent) offre une option de chaînes de télévisions africaines. C’est étonnant, mais la plupart n’y accourent pas. J’ai expliqué à Diane qu’elle pouvait également s’abonner à une chaîne privée camerounaise qui prend en relais la télévision nationale.

Club de Sport à Liège
Club de Sport à Liège

Mon cousin quant à lui n’en a cure. Il m’a plutôt proposé des activités ailleurs. Une séance complète dans une salle de sports, une invitation au Cinéma à Liège, un tour de ville, et surtout ce succulent rôti de porc qu’il cuisinait lui-même tous les soirs. Que dire de cette bouteille de champagne ouverte en mon honneur, de ce vin rouge débouché pour accompagner ce geste d’amour et du cœur que de recevoir un aîné chez soi. Mon cousin et moi avons beaucoup discuté de la famille, surtout le jour de mon arrivée, lorsque sa voiture est tombée en panne et qu’il a dû payer le train de Bruxelles à Liège. Sur le quai de la correspondance de Liège, à Louvain, il m’a entretenu sur sa vie de foi, une spiritualité qui le guide désormais dans ses actions quotidiennes. Il m’a révélé ces « miracles »  qui ont opéré en lui, et comment chaque jour qui passe est le témoignage de l’amour divin pour lui. Mon cousin évidemment, ne voulait pas me voir partir : « Danny, ne viens plus jamais me goutter ta présence ici. Deux nuits jours avec toi, c’est trop peu », m’a-t-il dit, dans une dernière étreinte.  Il me manque déjà, mais je lui en veux quand même de ne pas accorder tant d’importance que ça à nos chères lionnes indomptables.

Raissa Feudjio, buteuse face au Ghana
Raissa Feudjio, buteuse face au Ghana

Sur mon mobile, à l’aéroport de Bruxelles, je peux vivre les 4 dernières minutes de la rencontre. Les lionnes mènent par un but à zéro, grâce à Raïssa Feudjio . Les Lionnes sont en finale. Diane m’a envoyé un message et a déjà calé le rendez-vous de sa finale. C’est elle l’unique lionne indomptable que j’en rencontrée en Belgique. C’est déjà ça.

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Commentaires

Jules
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Moi je ne suis pas surpris par leurs réactions. On ne peut pas porter en triomphe quelqu'un qui nous a maltraité. La majorité des Camerounais en Belgique sont des réfugiés économiques!