Je suis un camerounais qui se met à l’heure américaine sur les TV françaises

Article : Je suis un camerounais qui se met à l’heure américaine sur les TV françaises
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4 février 2019

Je suis un camerounais qui se met à l’heure américaine sur les TV françaises

Voyage au cœur d’un weekend télévisuel, entre le rugby, le football et le Super Bowl sur la télévision française. Chronique d’un curieux zapping…

Vendredi.

Je guette le programme TV. La chaîne de télévision France 2 annonce la diffusion du Tournoi des 6 Nations 2019. Je n’aime pas le rugby. Je le trouve détestable, ennuyeux, et pas assez excitant. Mais ce n’est pas tout à fait vrai. J’aime le rugby des nations. Et plus encore, j’aime le rugby, quand des joueurs descendants camerounais y participent.

Pour Romain Ntamack, je décide de me connecter sur France 2. Il est 21h et le match ne commence pas. A la place, on a droit à une série sur les meurtres d’Agatha Christie. Canal+ Afrique – qui distribue les images de la chaîne publique française – a pris l’habitude de mettre des programmes de substitution quand la question des droits TV sportifs se pose. Je vais sur TV5Monde. Ici, c’est le championnat de France Ligue 1 qui se joue. C’est à 23h que TV5Monde diffuse le match de rugby, France-Pays de Galles, en… différé. Dommage, j’ai déjà le score, et la rencontre n’est plus d’aucun intérêt pour moi.

Samedi.

Je n’ai qu’une seule heure en tête. 21h. Reims affronte Marseille en match de Ligue 1. La rencontre sera diffusée en clair sur C8, tout comme sur Canal+Sport. J’ai le privilège de suivre la rencontre sur les deux chaînes. L’exercice est exaltant, car il me permet de suivre deux duos de commentateurs différents (François Marchal-Sidney Govou sur C8 et  David Berger-Franck Sauzée sur Canal + Sport).  Et je découvre un gardien de buts phénoménal. Le sénégalais Edouard Mendy est l’homme du match. Je ne serai même pas surpris que le Sénégal le choisisse comme gardien titulaire à la Coupe d’Afrique des Nations, Égypte 2019. Il encaisse certes un but du camerounais Njie Clinton, mais empêche trois occasions nettes de buts aux phocéens. Marseille (mon club de cœur) perd encore, dans une soirée, où j’ai même sacrifié un rendez-vous galant pour prioriser la télécommande. Sommeil  amer, soirée triste.

Dimanche.

Lyon affronte Paris en Football. Pour tout supporter marseillais comme moi, c’est pas la plus belle soirée, car voilà les deux clubs qui nous devancent en performances depuis une décennie. Néanmoins, une partie de moi aime ces deux clubs. Lyon et Paris sont en effet deux villes dans lesquelles j’ai séjourné en France, mais ma préférence est absolument lyonnaise. Comme feu Marc Vivien FOE, je suis le lion de Lyon.  Je me branche donc sur Canal + à 21h. En réalité, c’est pour mieux attendre 23h 55 pour me mettre à l’heure US sur TF1, mais la rencontre me fascine, d’autant plus que c’est la première défaite de Paris cette saison 2018-2019 en Ligue 1. Lyon l’emporte 2-1 et c’est jouissif !

Finale du Super Bowl 2019.

J’ai là une occasion en or de me venger de la déception de vendredi. A défaut du rugby, me voilà en train de regarder la finale du Football Américain (Super Bowl). J’avoue, c’est plus par curiosité qu’autre chose. En réalité, j’ai toujours cru que le rugby et le Super Bowl étaient le même sport. Que non ! La différence entre les deux disciplines est réelle. Les protections, les tailles des ballons, les pays pratiquants, le nombre de joueurs, etc.

L’heure américaine.

Quand il est 23h 30 à Yaoundé (et Paris en hiver), quelle heure est-il à Atlanta ? Il est 17h 30, donc je me mets au café. Six heures de décalage ce n’est pas évident. Il faut veiller toute la nuit pour être certain de ne pas manquer un show américain (Golden Globes, rencontres NBA, Oscars, Grammy Awards, Finale du Super Bowl). La finale du football américain se joue à Atlanta, et elle oppose les patriotes de la Nouvelle Angleterre (où il est 16h 30), aux Rams de Los Angeles (où il est 14h 30).

A minuit, TF1 lance le show :

Entre la présentation des équipes, notamment la star Tom Brady, le « serial winner » de New England, les records sont mis en évidence : 100 millions de téléspectateurs américains, 75.000 spectateurs dans le stade qui déboursent en moyenne 7.000 dollars la place, sans parler de 30 secondes de publicité qui valent 5.240.000 dollars.

Dans cette Amérique des apparences, il faut ajouter les deux frissons musicaux d’entrée de scène. Chloe et Halle, les deux protégées de Beyonce, et la diva Gladys Knight, qui entonne l’hymne des Etats-Unis avec quand même 8 récompenses aux Grammy Awards dans son escarcelle. 

A minuit 30 (18h 30 à Atlanta) la rencontre commence. Le premier quart-temps est serré. 0-0.

Pendant ce temps, je me balade sur Twitter. Les belges sont en colère. Là-bas, la chaîne TF1 est bloquée pendant le Super Bowl. Cela me rappelle le désarroi des africains pendant la Coupe du Monde Russie 2018, ou encore le Tournoi des 6 nations il y’a deux jours sur France 2. Heureusement, cette fois-ci, TF1 est accessible en Afrique, or en Belgique, «BBC et TF1 ont finalement décidé de bloquer ou de faire bloquer le signal sur toutes les plates-formes», selon le site Internet l’avenir, au profit de la chaîne payante Eleven. Le sport est une denrée précieuse. Si en plus, c’est un show américain, je peux comprendre le désarroi de mes amis belges. Sur le terrain, le deuxième quart-temps s’achève. Les patriotes mènent les rams de Los Angeles, 3-0.

C’est la mi-temps. Il est 2h 08 à Yaoundé (20h 08 à Atlanta). Le concert de la mi-temps est assuré pendant 13 minutes par Maroon 5, accompagné de Travis Scott et Big Boi. Spectacle insipide. On est loin des performances de Michael Jackson en 1993, Janet Jackson en 2004, Madonna en 2012, ou encore Justin Timberlake en 2018. J’ai eu la confirmation cette nuit que la musique américaine n’est plus celle des années 1980 à 2000, là où chaque mélodie était un frisson. Il est loin le temps où chaque nouvelle sortie aux Etats-Unis était un tube. A l’image de cette finale du Super Bowl, ce concert était terne et triste. Le Maroon 5 que j’ai vu est loin de ce qu’il m’avait proposé en 2016 avec le single « Don’t wanna know ».

3h 10 (21h 10 à Atlanta). Le score est de 3-3. L’un des plus serrés de l’histoire des finales de ce sport. Mais il faut au moins se réjouir du vocabulaire des dimensions du terrain. On parle des yards et non des mètres. 1 yard = 0,9144 mètre.  J’ai entendu parler aussi de sack (lorsqu’un quaterback  se fait plaquer avec le ballon derrière sa ligne de mêlée avec une perte de terrain comme conséquence. Il y’ a aussi le touchdown (touché) de Sony Michel qui vaut 6 points. A 1 minute de la fin,  3 points supplémentaires scellent la 6ème victoire des Patriotes de Nouvelle Angleterre, et font ainsi de Tom Brady, le recordman absolu avec 6 Super Bowl remportés également à 41 ans. Il est 4h 05 à Yaoundé (22h 05 à Atlanta). J’ai tenu, je n’ai pas somnolé, je n’ai pas dormi.

Le weekend est terminé. Nous sommes lundi.

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