DANIA EBONGUE

Android Night (La nuit Android)

Je suis subjugué, fasciné, conquis…

J’ai reçu la bande  dessinée camerounaise de deux auteurs : Darius Dada et Cédric Minlo…

Quand le monde est monde. Loin de ceux qui nous pourrissent les réseaux sociaux avec des polémiques nauséeuses pour se faire remarquer dans une sphère futile, celle d’un remue-méninge sans fondement. La toile camerounaise est remplie d’arrivistes, parvenus, intrus, de gens donneurs de leçons, moralisateurs mandatés par leurs intérêts cyniques. Bref, une toile entachée de profils inquiétants, proche de la maladie mentale. Passons !

Mais sur la toile camerounaise, fouillez et vous trouverez aussi des génies, des êtres d’exception. Darius Dada, en fait partie. En 2016, il était parmi les photographes retenus pour la Coupe d’Afrique des Nations Dames au Cameroun. Et sa générosité était telle qu’il partageait ses photos avec nous sur son mur Facebook. Oui, Darius ne réclamait pas ses copyrights. Il nous faisait un reportage photo, qui me permettait, moi, qui étais en Europe, de suivre le pays avec lui. J’ai utilisé ses photos pour animer le hashtag #YesWeCan2016, hashtag qui nous contait la belle histoire des Lionnes Indomptables du Cameroun avec leur public.

Et comme par hasard…

20 Septembre 2018. Les Lionnes Indomptables sont en demi-finale du Tournoi de Football Féminin de la COSAFA (Afrique Australe). Elles affrontent le Ghana.

 

Pendant que Ngo Mbeleck délivrait le Cameroun avec son but victorieux, je reçois un colis extraordinaire. Je tombe sur une BD et un dossier de presse. Darius Dada et Cédric Minlo me dédicacent tous les deux leur ouvrage. 52 pages d’une bande dessinée camerounaise, imprimée sur papier glacé aux éditions Waanda Stoudio. Un ouvrage drôle, bien écrit, « un univers de rencontres, ce pot-pourri de personnes d’allures et d’extraction différentes, en quête d’une aventure » selon la note de l’éditeur.  On y parle de Yaoundé, avec un récit qui nous parle de ces gens connectés, ces gens « Android ».  La jeunesse branchée de la capitale camerounaise (Mengo et Lynchie) est mise en lumière, avec le « camfranglais », l’argot du Cameroun. La bande est tellement connectée qu’un code QR nous permet d’y accéder.

Voilà donc le choc de ma journée. Deux auteurs ont pensé me livrer le secret de leur créativité et de leur imagination. Deux jeunes camerounais, qui ne sont pas dans les polémiques inutiles, dans les débats creux, dans les disputes politiques ennuyeuses, dans les débats sans saveur. Mon Android Night a commencé. Et je vais lire la BD jusqu’au bout. Mieux, Darius et Cédric. Sachez que « Android Night » sera le titre d’un épisode de ma future émission TV. Oui, chers auteurs, avec vous, je peux affirmer déjà : #YesWeCan2019


Le Cameroun ou la France ?

Nwal-Endéné “Endy“ Miyem, Olivia Epoupa et Diandra Tchatchouang sont des françaises d’origine camerounaise. Trois joueuses que la France adule, et que le Cameroun admire à distance. Elles portent le maillot de l’équipe de France de Basketball. Et moi, je n’ai que mes larmes…

Le Cameroun aurait pu être à cette compétition, mais ce sont les équipes de Basketball sénégalaises et nigérianes qui représenteront l’Afrique à la coupe du monde FIBA féminine 2018 en Espagne. C’est d’autant plus dommage que le Sénégal et le Nigéria qui représentent le continent africain, dominent la scène continentale depuis au moins 3 ans. En 2015, les Sénégalaises sont venues battre le Cameroun à domicile en finale de l’Afro Basket 2015. Il est donc clair que les couleurs camerounaises ne brillent pas dans les championnats mondiaux.

Farnce-Cameroun du Sport( By DANIA EBONGUE)

C’est alors qu’on s’attarde sur trois patronymes : Miyem, Epoupa, Tchatchouang. Trois patronymes qui ont la résonnance de la forêt, de la côte et des hauts plateaux du Cameroun. L’équipe de France féminine de Basketball a en son sein trois joueuses originaires d’un pays où le Basketball féminin se cherche encore. Cette équipe de France, deux fois titrée championne d’Europe (2001, 2009), médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de 2012 peut se targuer d’avoir comme capitaine, Nwal-Endéné Miyem justement.

Il est vrai que ces braves dames doivent tout à la France de leur enfance, la France de leur formation, la France de leur professionnalisation, la France de leur titularisation, la France de leur consécration. Bref, elles ne doivent rien ou presque au Cameroun. Un peu comme Umtiti et Mbappè (champions du monde en football), Bruno Ngotty (buteur et vainqueur de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe en 1996 avec le PSG), Earvin Ngapeth (double vainqueur de la Ligue Mondiale de Volleyball, champion d’Europe en 2015), Gévrise Emane (plusieurs fois championne du monde et d’Europe de judo), Adrien Dipanda (champion du monde 2017 de handball), et bien d’autres. 

On a dans tous ces noms camerounais qui évoluent pour la France, un double sentiment de fierté et de frustration. Comment de tels talents ont pu échapper au Cameroun ? Pourquoi c’est la France qui déniche ces perles qui portent du sang camerounais ? Comment expliquer que l’Hexagone réussisse plus facilement à ces athlètes que leur pays d’origine ? Est-ce le fait de nos infrastructures ? Le fait de nos médias qui ne valorisent pas assez nos sportifs ? À qui la faute ? 

En tout cas, derrière ces trois joueuses, lorsqu’elles apparaissent à l’écran, des familles camerounaises vont jubiler et s’exclamer : « Voilà ma cousine ! Voilà ma nièce ! », même si la cousine ou la nièce a un passeport différent. Après tout, que ce soit le Cameroun ou la France, la seule couleur identique aux deux pays est le rouge. La couleur du sang, comme par hasard.  


L’histoire du pain-saucisson

Une affaire sordide de saucisson. Un vrai coup tordu. 

C’est jour de rentrée scolaire au Cameroun. Je me souviens que lorsque j’étais élève au CP, à l’école publique bilingue du GMI à Bamenda, j’avais un camarade, devenu ami et frère, nommé Ekotto Ekotto Romain Philippe. Un gars brillant. Nous étions concurrents, parce qu’il était premier et j’étais deuxième. Et quand j’étais premier, il était deuxième. Au CE1, Romain et moi avons été ex æquo au moins trois fois. Je suis EB et lui EK. Je suis donc premier par ordre alphabétique. Romain ne le digère pas et il sera premier jusqu’à la fin de notre cycle scolaire. Frustré, je me suis alors demandé : « Comment fait-il pour être tout le temps premier » ? Je compris dès lors que la réponse se trouvait dans son goûter. Oui, Romain était un enfant « bobo », une voiture le déposait chaque matin à l’école tandis que nous venions à pied. Nous écumions les quartiers de Bamenda à pied, alors qu’il profitait d’une vie dorée et climatisée à « Up Station ». 

Son secret ? Le pain saucisson. Oui, il avait un sandwich salé, avec du beurre et du saucisson. Rien que ça ! J’ai mordu ce pain lors d’une récréation, et, le temps d’une digestion rapide et éphémère, je me suis mis à maudire mes parents pour le côté rustre de mes pauses, sans pain-saucisson. Je trouvais cela bizarre de me contenter de beignets, de galettes, descroquettes et autres coquetteries insipides qui agressaient mon auguste palais. Je voulais désormais le pain saucisson de Romain. C’était une question de vie ou de mort. Alors je suis allé agresser ma mère qui était morte de rire : « tu veux te complexer pour une histoire de saucisson ? Va poser ce problème à ta grand-mère ! ». Ah, oui, ma grand-mère ! J’avais oublié qu’elle travaillait au port de Douala. Elle recevait donc des produits de luxe tous les mois, notamment l’illustre charcuterie. Mais j’avais aussi oublié qu’elle était venue un soir avec un saucisson pour moi. C’était tard le soir, le saucisson avait donc fini dans le congélateur. Mes oncles n’avaieant pas apprécié qu’un enfant de mon âge reçoive un tel présent, du coup, dès le lendemain matin, plus de saucisson dans le congélateur. Mes tontons n’avaient visiblement pas de pitié pour moi. J’étais en vacances à Douala et j’allais retourner bredouille à Bamenda. Je n’avais par conséquent pas la possibilité de dire à Romain : « Tiens, j’ai mangé du saucisson chez ma grand-mère ». Une défaite de plus. Déjà je le trouvais mignon et brillant… et il fallait en plus que je sois humilié par son saucisson ? J’entrepris alors un plan : un jour je m’offrirai mon propre saucisson. Ce fut chose faite des années plus tard, à l’occasion de mon premier salaire.

Je me souviens que lorsque j’étais étudiant, mon camarade Priso Dibango nous avait déclaré qu’il était adventiste et que sa religion lui interdisait de consommer de la viande de porc. Je fus donc très surpris de le voir consommer allègrement du saucisson de porc lors des rencontres sportives après les matchs de Football. « Mais gars, tu es conscient que tu es en train de bouffer du porc ? » lui avais-je demandé. Je me souviens encore de sa réponse : « Gars, laisse-moi ! Je sais. Je reste adventiste, mais je mange du saucisson ». Fin du débat.

Priso n’est pas le seul à comprendre la valeur du saucisson. Mon neveu, qui était en maternelle, avait débarqué un soir et avait déclaré à mon frère Philbert : « Papa, la maîtresse m’a dit de ne plus venir avec le pain-chocolat en classe. Elle préfère quand je viens avec du pain-saucisson » ! Oui, même les maîtresses d’école attendent les goûters de nos mômes de pieds fermes. Alors soyez généreux ! Faites du pain au saucisson pour les enfants. Faites-le !

 


Le sein est pris

Au Cameroun, seuls 28% des enfants sont allaités exclusivement au lait maternel pendant les six premiers mois de leur vie. Pourtant l’eau et les autres aliments ne sont pas nécessaires dans les premiers mois de la vie. L’Unicef, l’OMS et la firme Nestlé l’ont rappelé aux journalistes, aux sages-femmes et aux travailleurs camerounais lors de la semaine de l’allaitement maternel.

Un enfant qui prend une alimentation saine dès sa naissance est armé contre les maladies et contre le retard mental, il est ainsi équipé pour le meilleur développement possible. C’est en substance ce qu’on pourrait retenir des propos de Jacques Boyer, représentant de l’Unicef au Cameroun, lors d’un entretien accordé à la journaliste Nadège Christelle Bowa.

Les chiffres repris par la presse cette semaine nous disent que 31,2% des enfants camerounais ont bénéficié de l’allaitement précoce en 2014. Selon l’OMS : « Cette manière de procéder permet à l’enfant de recevoir le colostrum (« premier lait »), riche en facteurs de protection ». Malheureusement, le taux de malnutrition chronique au Cameroun est 31,7% avec un pic élevé dans différentes régions, notamment dans le nord du pays. 

Pour combattre ces chiffres mis en exergue par les organisations onusiennes, certaines firmes ont décidé de se mêler à la lutte contre la malnutrition. Pendant cette Semaine Mondiale de l’allaitement maternel, Nestlé Cameroun a lancé la deuxième édition de sa campagne « L’allaitement, ça nous concerne tous » à travers une série de sensibilisations à l’égard des sages-femmes, du personnel de ses distributeurs partenaires, mais aussi de son propre personnel.

Au total, ce sont 202 sages-femmes ont été sensibilisés par des professionnels de la santé, dans les villes de Douala et Yaoundé à l’occasion de deux symposiums scientifiques sur le rôle crucial que l’allaitement maternel joue dans la croissance et le développement des bébés.

L’entreprise Nestlé a aussi associé son personnel à l’exercice dans le but de promouvoir l’allaitement maternel au travail. Pour l’essentiel, il s’agissait d’inviter les conjoints, les collègues et amis, à encourager les mères à allaiter exclusivement jusqu’à l’âge de six mois, et à continuer d’allaiter jusqu’à deux ans et au-delà, tel que cela est recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé.  Car beaucoup de femmes sont complexées à l’idée d’allaiter, de sortir leur sein en public, ou encore elles pensent que l’allaitement est un frein aux rapports sexuels, ou pourrait détériorer la fermeté des seins.

Les experts nous rassurent qu’il n’en est rien. Lorsque le sein est pris (le Saint Esprit !), on est plongé dans le mythe religieux de la mère (Marie, Isis) qui porte l’enfant (Jésus, Horus). Lorsque le sein est pris, la relation mère-enfant est renforcée. Lorsque le sein est pris, la confiance psychique est établie. Lorsque le sein est pris, la malnutrition est évitée. Lorsque le sein est pris, les enfants sont en bonne santé.


France-Argentine. Le match des médias français

Après avoir suivi l’élimination du Sénégal en direct sur RFI ,  j’ai voulu savoir comment les médias français avaient analysé le match France-Argentine pour la huitième de finale de la Coupe du Monde 2018.  Avant-match, retransmission et fin de match. Ecoutez la passion et l’émotion des médias (Radios, TV et Twitter).

Il m’a d’abord fallu recenser les radios françaises qui diffusent la Coupe du Monde : RFI, France Inter, France Info, RTL, ou encore Europe 1. En attendant, coup de télécommande rapide sur TF1 : ici, la composition de l’équipe argentine est passée au scanner par les journalistes et les consultants. Nous sommes à 51 minutes du coup d’envoi mais les pronostics vont bon train. Tous ceux qui sont sur le plateau annoncent une victoire de la France ! Le match n’a pas encore commencé mais c’est déjà comme si on y était déjà …

 

Zapping radio ensuite : RMC pour commencer

Accélération de Mbappé et pénalty pour la France. Antoine Griezmann ouvre le score ( 1-0) à la 13ème minute.

Allons revoir ce premier but sur le compte Twitter de TF1 :

Pendant ce temps sur RFI, le match continue : la France domine et les argentins multiplient les fautes. Lionel Messi et ses compagnons semblent éteints sur la pelouse. Jusqu’au moment de la 41ème minute où Di Maria rappelle aux français qu’il connait Paris, qu’il connait la France. Réaction sur RFI :

  • Puis 2-1 pour l’Argentine dès la reprise (47ème minute)

Décidément, cette rencontre est un vrai match, du beau jeu, un huitième de finale fabuleux ! Il était prédit qu’on vivrait du suspens jusqu’au bout : 2-2 partout, le suspens est à son comble, tout le monde est aux aguets. L’égalisation française signée Pavard rend les journalistes de RMC, complètement hystériques.

Commence alors le show de Kylian Mbappè 
Deux buts venus de nulle part… RFI nous rappelle que ce jeune joueur n’a pas encore 20 ans, au moment où il inscrit le 3ème but de la France. A ce moment du match, c’est la France entière qui s’emballe !

Le 4ème but, qui crucifie les argentins
Et paf ! Le but assassin ! Le 4ème but, qui crucifie les argentins. Kylian est stratosphérique ! RMC et TF1 sont alors dans une autre dimension, on les écoute et on se retrouve sur une autre planète.

Lorsque Eurosport parle de Mbappé Président, on comprend alors que c’est toute la France qui est dans la démesure. Un délire national !

L’enthousiasme est tel que lorsque l’argentin Aguero réduit le score à 3-4, les journalistes de RMC évoquent le but en chantant presque, plus rien n’a d’importance ! La fin du match est surréaliste. La France  victorieuse remporte le match.

Et Maintenant, l’après-match

La réaction de Paul Pogba sur France Info.

Sur RTL, suite de la réaction de Paul Pogba !

Marquer du nez, des oreilles, de la bouche… peu importe l’important c’est de marquer, nous dit Paul Pogba.

Place aux quarts de finales désormais. On anticipe déjà la suite…
Europe 1 se soucie du prochain adversaire des bleus. En plus Matuidi sera absent pour la France, alors qui jouera ? Pas le temps de souffler, c’est comme si on était déjà reparti sur le terrain !

En tout cas, après ce match fou contre l’Argentine, une chose est sûre : la France est bel et bien dans sa Coupe du monde. A fond les ballons ! Avec ses joueurs mais avec ses médias aussi ! Rendez-vous donc avec les ballons et les micros pour le quart de final contre le Portugal ou l’Uruguay, vendredi prochain à Nijni Novogrod.

 


J’ai suivi le match Sénégal-Colombie sur RFI et je suis complètement abasourdi

Pour la première fois depuis 1982, aucune équipe africaine ne participera au second tour de la Coupe du monde de football. L’Afrique avait placé tous ses espoirs sur les Sénégalais mais hier les Lions de la Téranga ont été éliminés. Les Sénégalais partagaient la première place du groupe H avec les Japonais mais comme ils ont  reçu plus de cartons jaunes qu’eux depuis le début de la compétition, cela leur a coûté leur place en huitième de finale. J’ai suivi la rencontre sur la radio mondiale, avec des amis partout dans le monde. Mardi 28 juin 2018. Encore un jour triste.

Au début de la rencontre, un Lion Indomptable encourage Les Lions de la Téranga.

 

Samuel Eto’o et d’autres camerounais étaient derrière le Sénégal. Depuis Montréal au Canada, mon ami Steve Djouguela lui aussi s’est connecté sur la rencontre.

Steve Djouguela à Montréal. Crédits photos- Steve Djouguela

Il écrit dans un forum : « Tous avec les Gaindés. Je reçois les images grâce à une box que me procure un Marocain et qui me permet d’avoir un maximum de chaînes en clair » dit-il avec fierté. Pendant ce temps, RFI retransmet le match. On regarde, on écoute. C’est alors que le tournant de la rencontre arrive : penalty refusé pour le Sénégal ! A Montréal, Steve réagit : «  Penalty logiquement refusé mais le Sénégal garde la main sur le jeu et je suis confiant ».  A ce moment précis, Steve est bien l’un des rares camerounais et africain à trouver la décision de l’arbitre logique. Sur RFI, les commentateurs pensent autrement :

Jusque-là le Sénégal est encore qualifié. Tant que la Colombie ne marque pas…
A la mi-temps de la rencontre, le correspondant de RFI à Dakar, décrit la situation depuis le Sénégal.

Mais les fins de matchs de cette Coupe du monde 2018 sont décidément tragiques pour les équipes africaines. Elles le sont surtout avec les équipes sud-américaines. Le 15 juin, l’Uruguay assomme l’Égypte en fin de match (1-0), même chose pour l’Argentine face au Nigéria (2-1) mardi 26 juin. Et maintenant, le Sénégal aussi tombe : 1-0 pour la Colombie !

Commence alors le temps des calculs pour se rassurer  : si le Japon (qui est mené 1-0 face à la Pologne) prend un 2ème but…  Si le Japon prend plus de cartons… Si, si, si. Mais rien ne changera. Le Japon a un nombre de cartons moins élevé que le Sénégal, le Sénégal est donc éliminé.

Pour la première fois depuis la Coupe du Monde 1982 qui avait eu lieu en Espagne, l’Afrique n’aura aucun représentant en 1/8ème de finale.

Habib Beye s’exclame :

Mais l’issue est forcément décevante, choquante : les Lions ont perdus. On sentait même une pointe de déception du côté des reporters de RFI qui étaient pro-africains, pro-sénégalais. Il y avait de la passion et de l’émotion sur les ondes de la radio mondiale ! Hier, l’Afrique portait un seul drapeau et une seule nationalité, celle des Lions de la Téranga. On aurait aimé vivre encore toute l’émotion des matchs avec eux, mais la Coupe du monde abordera les huitième de finale sans le Sénégal et sans l’Afrique. Il nous faudra désormais nous consoler avec les pays aux bi-nationalités africaines : la France, la Belgique et la Suisse. Alors, qui soutenez-vous ?


La Coupe (royale) du monde, c’est comme Game of Thrones !

La Coupe du monde 2018 en Russie, c’est comme la célèbre série télévisée « Game of Thrones ». Pour décrocher la couronne royale du ballon rond, les batailles sont âpres, à la fois dans les stades mais aussi sur le terrain des symboles politiques.

Pour remporter la coupe royale, il faudra compter avec les symboles historiques et politiques. Le roi germanique est mort. Vive le Roi ! Alors, qui prendra le trône mondial ? Peut-on compter sur les vikings ? Un des vikings est mort :  l’Islande. Les deux autres (Danemark et Suède) sont encore en course. Les vikings sont des guerriers, ce n’est donc pas surprenant qu’ils aient attaqué la coupe du monde. Le Royaume du Danemark affrontera la Croatie en huitième de finale le 1er juillet. Le Royaume de Suède affrontera la Suisse le 3 juillet. Cette bataille entre helvètes et vikings aura lieu à Saint-Pétersbourg. L’ancienne capitale du Royaume des Tsars accueille cette bataille pendant que d’autres royaumes et principautés se disputent le trône mondial.

Espagne-Maroc : relation de bon voisinage

Parmi les matchs de poule de la Coupe du Monde Russie 2018, il y’ a eu le match royal, Espagne-Maroc le 25 juin.

C’était le match des voisins. Le Maroc et l’Espagne sont deux royaumes qui se comprennent : entente cordiale pour des échanges divers et pour une coopération accentuée. Les questions d’immigration, les échanges commerciaux, le partage du même espace maritime (la méditerranée)… allait forcement déboucher sur un match nul.

Angleterre-Belgique : et si c’était le match du Brexit ?

Le Brexit ! Parce que le Royaume de Belgique est le siège de l’Union Européenne, et parce-que le Royaume-Uni a quitté l’Union Européenne. Un match dans le match en somme. Au coup d’envoi de la rencontre, les belges et les britanniques avaient le même nombre de points, le même nombre de buts (8 buts en deux matchs chacun), deux buteurs exceptionnels (Kane 5 buts, Lukaku 4 buts) et le même goal-average. Les deux royaumes ont également en commun quelques velléités indépendantistes (flamands en Belgique et écossais au Royaume Uni, sans parler des rivalités sportives entre anglais et gallois). Si l’Union Jack ne fait plus la force effectivement, la Belgique vit régulièrement des soubresauts qui secouent l’unité du royaume. Autre similitude, la moitié des 23 belges présents en Russie joue en Angleterre.

Dans ce tweet, Kevin de Bruyne invite ses coéquipiers (anglais et belges) de Manchester City, à son anniversaire (le 28 juin, jour de la confrontation). Par ailleurs, Marouane Fellaini est surnommé le plus anglais des belges.  Ce 28 juin,  Il s’agissait donc de la finale du Groupe G de cette coupe du monde. S’il est vrai que je garde un souvenir amer de la Belgique, mon cœur bat davantage pour les diables rouges que pour « The Three Lions ». Au final, vainqueur de l’Angleterre à Kaliningrad, la Belgique termine en tête du groupe.

Et maintenant, qui sera le roi ?

Celui qui héritera de la couronne dorée devra lorgner les 15 autres prétendants encore en lice. Il y a les têtes déjà couronnées de la compétition : Argentine (1978, 1986), Uruguay (1930, 1950), Brésil (1958, 1962, 1970, 1994, 2002), France (1998), Espagne (2010), et il y a les autres, qui ne figurent pas (encore) dans le palmarès.  Il y a aussi les génies, ces extra-terrestres du football que sont Lionel Messi et Christiano Ronaldo, cinq ballons d’or chacun. 2018 est donc l’année de la bataille pour la 6ème couronne, le trône de fer qui va définitivement départager ces deux princes du football. Pendant ce temps à Paris, la série Game of Thrones est en exposition.  Le successeur du roi allemand n’est pas encore connu…

La série Game of Thrones, saison 21 de la Coupe du Monde se poursuit. Le dernier épisode, ce sera le 15 juillet prochain.


Les larmes du 26 juin en Afrique : le football plaide coupable

Au terme d’une rencontre à rebondissements, l’Argentine de Lionel Messi est venue à bout du Nigeria et s’est qualifiée pour les huitièmes de finales de la coupe du monde 2018. Cela s’est passé un 26 juin, une date qui rappelle plus d’un triste souvenir aux camerounais.

Je ne sais pas quoi écrire ce soir. Pourtant il faut que je dise quelque chose sur cette défaite nigériane, sur cette coupe du monde au gout si amer pour l’Afrique.

Il faut que je m’exprime. Il faut que je dise quelque chose. Mais que dire ?

D’abord, j’ai du mal à titrer ce billet. Devais-je dire :

  • Ces argentins-là ne méritaient leur qualification.
  • Triste soirée africaine.
  • Injustice du football face à l’Afrique.
  • L’Afrique devrait organiser sa coupe du monde.
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Les 5 Africains de la coupe du monde 2018 – Crédit : Mondoblog

Ma voisine de palier est nigériane. J’ai entendu de multiples cris stridents depuis son domicile. Sa famille était en délire à chaque action forte, à chaque but marqué, surtout au moment du pénalty nigérian.

J’ai finalement eu de la sympathie pour elle. Car, il faut l’avouer, ma voisine n’est pas du tout gentille. Elle a du mal à saluer ses voisins, elle est repliée sur elle-même, confinée dans son appartement, distante et arrogante. Elle était pourtant libérée ce soir, le temps d’un match de football. A Yaoundé et Douala, les nigérians sont chez eux. C’est tout naturel que tout le quartier soutenait les « green eagles », « super eagles », bref, les super aigles verts. A 10 minutes de la fin du match, pendant que nous étions tous convaincus de la performance nigériane, car à 1-1, l’Argentine était éliminée, la forte pluie qui s’est abattue sur Yaoundé a figé les images.

Crédit : domaine public via wikicommons

Il est de notoriété publique que Canal + Afrique nous sert des images selon ses humeurs. Mais c’est un autre débat. Les abonnés ont raté la fin du match dans mon quartier. Du coup, quand les images reviennent, le compteur affiche 2-1 en faveur du Nigeria. C’est le silence total. Ma voisine nigériane et ses enfants se taisent définitivement. La nuit vire au drame.

On aurait dit une soirée de défaite des lions indomptables. C’est mal connaitre les camerounais, qui ont pour principal rival le Nigeria quand il s’agit du football africain, mais ce soir, tous les camerounais étaient nigérians. C’est d’ailleurs ce même Nigeria qui a empêché les lions indomptables d’aller en Russie, mais les camerounais n’oublient jamais que leur meilleur voisin, c’est le Nigeria : 1690km de frontière entre les deux pays. Il y a donc eu un déferlement sur les réseaux sociaux à la fin du match.

Les gens crient au scandale, à l’arbitrage qui aurait été clément avec l’Argentine et au doigt d’honneur de la légende Diego Maradona à la fin du match. La défaite est indigeste, le sentiment d’injustice habite à nouveau les camerounais.

« Il est sans doute préférable que l’Afrique organise sa propre coupe du monde. Le football c’est pour les forts, pas pour nous », lance un ami complètement dépité sur Facebook. Il l’est davantage quand il découvre les images relatives du spectacle offert par Diego Maradona au moment du deuxième but argentin.

https://twitter.com/BuzzDeFoot/status/1011729903866310656?ref_src=twsrc%5Etfw

Les espoirs sont maintenant entièrement fondés sur le Sénégal qui aura en face un autre sud-américain, la Colombie. Cette Colombie qui a deux mauvais souvenirs contre l’Afrique : un huitième de finale perdu en 1990 face au Cameroun, et une demi-finale de la Coupe des Confédérations, perdue le 26 juin 2003 face au…Cameroun.

Le 26 juin, une date triste

Ce 26 juin 2003, Marc-Vivien Foé mourait au stade Gerland en France, pendant la demie-finale de coupe des confédérations opposant le Cameroun et la Colombie. 15 ans plus tard, les camerounais espéraient que son spectre allait sourire aux nigérians. Que non ! Ce 26 Juin 2018, le Nigeria a confirmé qu’en coupe du Monde, l’Argentine la domine toujours. Cinq défaites en cinq confrontations : 25 juin 1994, 1er juin 2002, 12 juin 2010, 25 juin 2014 et 26 juin 2018. Les amoureux de la numérologie sont servis. Des dates qui se ressemblent, et ce tirage au sort qui revient tout le temps. Autour du 26 juin, le Nigeria perd contre l’Argentine. Le football a-t-il une autre logique que le sport ?

Argentine-Nigéria, l’éternelle affiche

Cinq fois donc en Coupe du Monde, deux fois aux Jeux Olympiques, une fois à la Coupe des Confédérations, et plusieurs fois en amical. L’histoire retiendra que c’est le 3 août 1996 que l’Afrique a été pour la première fois de son histoire médaillée d’or au tournoi de football des Jeux Olympiques. C’était le Nigeria, et c’était face à l’Argentine. Cette même Argentine a remporté sa deuxième médaille d’or olympique de football en 2008 face au Nigeria.

Je n’ai toujours pas trouvé de titre pour mon billet. J’ai envie de l’intituler « 26 juin 2018 ». Oui, cela me semble correct. Car des 26 juin qui nous font pleurer, il y en aura encore et encore à Yaoundé. Je vais finir par croire que la forte pluie qui s’est abattue sur la ville de Yaoundé ce soir était faite de larmes. Mon billet peut évoquer aussi ces larmes. Les larmes du 26 juin. Les larmes de nos ancêtres. Les larmes de Marc Vivien Foé. Les larmes des nigérians qui méritaient d’aller plus loin dans la compétition. Les larmes de l’Afrique dont le parcours à cette coupe du monde 2018 ressemble déjà à un cauchemar. A moins que…


Quand la Suisse joue, le Kosovo et le Cameroun sont supporters

Cette coupe du monde 2018 permet à certains pays qui ne participent pas de s’aligner derrière l’équipe qui compte en son sein des joueurs originaires de leur pays. C’est le cas de la Suisse qui fait la fierté du Kosovo et… du Cameroun !

S’il y a bien une histoire contemporaine qu’il faut apprendre et réapprendre dans nos cours de géographie, c’est la question de la Yougoslavie ou plutôt de l’ex-Yougoslavie. Voilà un pays qui a éclaté en plusieurs : Monténégro, Serbie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Slovénie et Kosovo. Ce dernier, indépendant depuis 2008, n’est pas reconnu comme tel par la Serbie et une partie de la communauté international. Ce contexte politique est venu peser sur le football. En 1992, le Danemark devient champion d’Europe des Nations. Il est invité à la compétition parce que la Yougoslavie n’a pas pu participer. Les guerres ethniques, nationalistes et confessionnelles sont passées par là. Les unités fédératives de l’ex-Yougoslavie sont dissoutes au profit de petits pays éclatés. Entre 1999 et 2001, un autre conflit ethnique éclate entre les deux principales communautés : les albanais et les serbes. Ce conflit, qui s’est internationalisé, a débouché sur une éternelle querelle entre les ressortissants des deux communautés.

La Suisse gagne le match, le Kosovo fait la fête

La Suisse a gagné le match contre la Serbie, mais Le Kosovo a accueilli cette victoire (2-1) avec des coups de klaxons toute la nuit. La « Nati » regroupe en son sein des joueurs d’origines diverses. Les deux buteurs de la Suisse, Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri, sont originaires du Kosovo, et les deux ont mimé l’Aigle du drapeau albanais pour célébrer leur but. Le sélectionneur suisse Vladimir Petkovic, lui-même originaire de Sarajevo en Bosnie-Herzégovine et donc ex-Yougoslavie, a tenté de calmer les ardeurs de ses attaquants, mais le contexte était trop lourd. Les deux buteurs avaient visiblement un compte émotionnel à régler. La victoire en était plus belle.

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Qui a dit que le Cameroun n’était pas à la Coupe du Monde ?

Pendant ce temps, vu de Yaoundé, l’équipe suisse était lorgnée par les spectateurs chauvins qui voient en cette sélection l’autre équipe nationale du Cameroun. La France a en son sein Kylian Mbappé et Samuel Umtiti, deux joueurs d’origine camerounaise. Dans le cas de la Suisse, ils sont trois : le gardien de buts Yvon Mvogo (RB Leipzig, Allemagne), le défenseur François Moubandje (Toulouse, France), et l’attaquant Breel Embolo (Schalke 04, Allemagne). Comme on dit en Suisse, « A chaque fois qu’on allume son Natel pour supporter la Nati on est gâté par la pluralité des Nations. ». Traduction : « A chaque fois qu’on ouvre son téléphone pour apprécier l’équipe de Suisse, on est subjugué par le cosmopolitisme de l’équipe. »


La coupe du monde a du mal à parler arabe

Les quatre nations arabes de la coupe du monde de football 2018 ont toutes perdu leurs deux premières rencontres et sont toutes éliminées dès le premier tour : Maroc, Tunisie, Egypte et Arabie Saoudite. Mais qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Bien malins ceux qui pensent que le football est une science exacte. Certes, les quatre nations arabes de cette 21e coupe du monde étaient loin d’être des favoris. Mais l’Égypte était surveillée à cause de sa star Mohamed Salah. Le Maroc, qui n’avait perdu aucun match entre le 9 juin 2017 et le 9 juin 2018, venait de remporter le Championnat d’Afrique des Nations à domicile. Les lions de l’Atlas étaient les meilleurs espoirs africains, tout comme leurs voisins tunisiens.

Seulement, le cauchemar arabe a débuté avec la fessée reçue par le royaume saoudien en match d’ouverture contre la Russie (5-0). C’était la fin du jeune de ramadan, et à Yaoundé, les analystes avaient tôt fait d’expliquer la défaite saoudienne par cette période de carême, de privation et d’abstinence. Cette explication quelque peu fantaisiste s’est confirmée le lendemain du match d’ouverture, le 15 juin, jour de la fête du ramadan, avec les défaites de l’Egypte 0-1 contre l’Uruguay et du Maroc contre l’Iran 0-1. Les perses sont aussi musulmans, mais ils ont battu le Maroc. Le ramadan n’empêche donc pas de marquer des buts, serions-nous tentés de conclure. 

Fans égyptiens à Yaoundé
Rajad Abdallah et Ibrahim Hachem

Au moment de la rencontre entre l’Egypte et l’Uruguay à Yaoundé, Rajad Abdallah et Ibrahim Hachem, deux égyptiens en service au Cameroun, regardent le match avec enthousiasme et fanatisme. Malgré la défaite, ils étaient confiants pour le deuxième match. Rajad affirmait par exemple qu’il y a « de l’espoir pour le prochain match ». Son compère Ibrahim ajoutait : « Nous comptons beaucoup sur la participation de la star Mohamed Salah au prochain match contre la Russie. » Malheureusement, contre la Russie, Salah a joué et marqué, mais l’Egypte a perdu (1-3) contre le pays organisateur, pendant que le Maroc essuyait une deuxième défaite (0-1) contre le Portugal, et l’Uruguay battait l’Arabie Saoudite (1-0). Bilan implacable : les trois premiers pays éliminés du premier tour de la coupe du monde 2018 étaient des nations arabes.

Simple hasard ou logique sportive ?

On ne peut pas parler de logique sportive quand l’Iran défait le Maroc qui a dominé la rencontre. De même, l’Egypte méritait au minimum un match nul face aux uruguayens. Il faut peut-être donc chercher l’explication ailleurs. Les nations arabes sont bien organisées au plan infrastructurel, mais rares sont les stars qui émergent de leurs championnats locaux. Mohamed Salah est l’exception à cette règle, la plupart de ses coéquipiers sont des joueurs moyens, sans plus. Côté marocain, malgré l’impact des binationaux, malgré l’effet multiplicateur de sa cinquième candidature à l’organisation d’une coupe du monde (1994, 1998, 2006, 2010 et 2026), malgré son passé honorable dans les précédentes éditions de la coupe du monde (notamment un huitième de finale en 1986), le royaume chérifien était une des plus grosses déceptions africaines et… arabes. Le monde arabe est toujours à la recherche d’une consécration et d’un meilleur bilan en coupe du monde. 2018 est encore une déception. Sur les quatre nations, aucune ne verra les chemins du deuxième tour. La Tunisie également a perdu ses deux premières rencontres (2-1 contre l’Angleterre et 2-5 contre la Belgique).

Le regard est donc tourné vers 2022. Pour la première fois un pays non membre du G20, organise la Coupe du Monde, et ce sera un pays… arabe. L’attribution de la coupe du monde 2022 au Qatar a nourri beaucoup de soupçons de corruption, mais il n’empêche que cette attribution aura au moins le mérite de se faire dans une nation qui a beaucoup investi en Europe dans le monde du sport (Paris Saint Germain, beIN Sports, etc.). Grâce à la coupe du monde au Qatar, les nations arabes se sentiront peut-être à la maison. Depuis 2009, l’arabe est devenue la cinquième officielle langue de la FIFA. Il est temps que le palmarès aussi parle cette langue.