Un jour, le 17 Août 2003, je débutai ma carrière de journaliste professionnel à la chaîne radio de proximité, Yaoundé FM 94. Le défi qui m’avait été lancé était d’ouvrir l’antenne matinale à 4h du matin. L’émission s’intitulait « Ongola Café », c’est-à-dire, le Café de Yaoundé, car Ongola est l’appellation en langue locale de la capitale camerounaise. L’émission deviendra très vite un rendez-vous quotidien célèbre, car je prenais des risques : accidents de la nuit, victimes d’agressions, échos des commissariats et des sapeurs pompiers, bref l’actualité chaude de la nuit. Cela m’a valu trois bonnes années d’insomnies, et l’émission portait bien son nom, car pour être à l’antenne à 4h, il fallait bien être déjà debout à 23h pour préparer un rituel qui se faisait ainsi 6 jours sur 7, et donc, il fallait consommer du café.
Je suis devenu accro au Café depuis cette période, mais bien avant, j’entends parler des variétés de café telles que le Robusta et l’Arabica, sans vraiment y comprendre grand-chose. Et que dire de cette marque célèbre qui nous demandait de « prendre la vie du bon café ». Ongola Café m’a poussé à tendre l’oreille à tout ce qui rapportait au Café, notamment cette chanson célèbre des artistes Vegans et Krotal, avec le titre « couleur café ». C’est après plusieurs diffusions de cette chanson que je découvris la version originelle signée de Serge Gainsbourg et cette version de Arthur Lefantome.
Le café c’est aussi sa version galvaudée, utilisée par les gendarmeries et les commissariats du Cameroun. C’est-à-dire la bastonnade qu’on applique à un brigand pas très coopératif. Du coup, dans nos écoles primaires d’antan, le « café » était synonyme de châtiment corporel pour les élèves qui avaient du mal à faire zéro faute en dictée. Ce café là, il était donc amer. Les anciens élèves de l’Ecole Publique Bilingue du GMI à Bamenda savent bien de quoi je parle. Le Café au lait, c’est l’expression donnée à nos jeunes sœurs que l’artiste Sultan Oshiminh a surnommées « lotion girl ». Ces filles qui torturent leur épiderme avec des lotions décapantes pour devenir plus blanches que nature. Les « lotions girl » sont des café au lait, pas au sens du Café suisse. J’ai eu la grâce durant mon séjour dans ce merveilleux pays d’y gouter une version de café toujours écrémé, même comme certains amis français le trouvaient « dégueulasse ». Qu’importe ! Le café me suit partout. Il me suit dans les débats d’idées qu’on appelle ici, Café littéraire, Café philo, ou Café po. Il me suit dans cet espèce de bistrot-resto ou fast-food pour inviter quelqu’un à échanger. Les cafés à Yaoundé, il y’en a partout, de tous les âges, de tous les niveaux, de tous les goûts.
Voulez-vous donc partager une tasse de café avec moi ? Cette tasse peut être amère ou sucrée, c’est selon. Car ici, ma couleur café n’est pas là pour plaire ou déplaire forcement. Elle a le goût du temps qu’il fait. Elle a la saveur tiède des jours sans ou le goût vif des jours avec. Elle peut être un peu édulcorée, selon la situation. Elle peut surtout avec des vertus aphrodisiaques dans un certain contexte où l’imagination débordante de jeunes camerounais, l’ont emmené à le mélanger avec certaines boissons alcoolisées pour lui conférer un statut de viagra. Pauvre café ! On peut tout faire avec toi hein ? On peut surtout en faire un blog, comme moi. « Yaoundé Café ».
Bonne navigation !
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