RCA : Biya demande que la Misca soit transformée en mission onusienne

Article : RCA : Biya demande que la Misca soit transformée en mission onusienne
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9 janvier 2014

RCA : Biya demande que la Misca soit transformée en mission onusienne

Paul Biya

Ce n’est pas toujours que le président de la République du Cameroun se prononce aussi clairement sur les questions diplomatiques. Le Cameroun a en effet une réputation de non-aligné ou de pays neutre, parfois même indécis. On reproche très souvent à ce pays moteur économique de l’Afrique centrale, de pratiquer la politique de la chaise vide lors de différents sommets. Pour preuve, pendant que le sommet de la CEAC (Communauté des Etats Afrique centrale) s’ouvre à Ndjamena ce 9 janvier 2014 avec pour ordre du jour la situation préoccupante en République centrafricaine, Paul Biya lui, recevait au Palais de l’Unité de Yaoundé, les vœux du corps diplomatique accrédité à Yaoundé. Comme un paradoxe, le doyen du corps diplomatique qui a pris la parole à cette cérémonie de vœux était de nationalité tchadienne. Personne ne peut croire que le chef de l’exécutif camerounais ait choisi le 9 janvier par un simple hasard du calendrier pour donner clairement sa position au sujet de la RCA. Il demande que la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine) devienne une force de maintien de la paix de l’ONU.

A-t-il boudé ce énième sommet ou en a-t-il simplement assez de ces spéculations autour de la RCA ? Il est clair que Paul Biya n’est pas en phase avec son voisin, car on le sait, le Tchad s’accroche à la Misca alors que plusieurs pays du Conseil de sécurité ont demandé que la Misca se transforme en une mission des casques bleus de l’ONU. Peut-être alors que le Cameroun a bien compris que « les jours à venir sont pleins de surprises et d’événements pour la France tout comme pour le Tchad, nous saurons alors qui sera le gagnant dans cet imbroglio à plusieurs facettes et dimensions ».

Le paradoxe est que le Cameroun est pourtant l’un des contributeurs de la Misca. Paul Biya se félicitait d’ailleurs lors de son discours à la Nation du 31 décembre 2013 en ces termes : « C’était le devoir, et c’est l’honneur, des soldats camerounais, de participer aux opérations de la force internationale qui visent à restaurer la sécurité et à protéger les populations chez notre voisin immédiat ». Mais alors, que s’est-il passé dans la tête du président entre le 31 décembre 2013 et le 9 janvier 2014 pour qu’il soit aussi formel : « Chaque  jour qui passe nous montre combien est complexe la situation (…)  d’où la nécessité de la transformation de la Misca  en une opération de maintien de la paix, conformément à la  résolution 2127 du Conseil de sécurité ».

Le Cameroun est un des contributeurs de la Misca. Il est aussi partie prenante de la Fomac (Force multinationale de l’Afrique centrale) et de la Mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (Micopax). Ces deux  forces d’interposition déployées depuis plusieurs années par les pays de la région se sont révélées incapables d’atteindre l’objectif d’un retour à la normalisation dans ce pays pauvre et enclavé. A ce jour, le Cameroun a déjà rapatrié près de 3 800 ressortissants à travers un pont aérien entre Bangui et Douala. Faut-il en déduire que le Cameroun craint de plus en plus pour la sécurité de ses frontières et interpelle l’ONU pour arbitrer au plus vite cette situation devenue incontrôlable ? Yaoundé a-t-il compris que dans Bangui à feu et à sang, « chaque avion qui le quitte, quelle que soit sa destination, délivre ses passagers de l’enfer ».

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Commentaires

michelle ulrich
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bien que je sois convaincue qu'il soit également préoccupé par ce problème de sécurité de l'afrique, le fait qu'il fasse appel à la MISCA prouve combien il est soucieux de la sécurité de sa population.