Lendemains d’une soutenance ratée.

Article : Lendemains d’une soutenance ratée.
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22 mars 2014

Lendemains d’une soutenance ratée.

Soutenance
Soutenance

Ouf ! Mon pays le Cameroun et ses réalités compliquées. J’ai donc soutenu mon master ce 21 Mars 2014 dans la douleur. Ce fut un grand jour médiocre. Médiocre par la violence des propos du jury, médiocre par l’ambiance qu’ils ont pourrie, médiocre car ils ont encore prouvé que dans notre pays, ce qui compte, ce n’est pas la qualité d’un travail, mais sa reconnaissance par un jury dit d’experts. J’ai surtout eu mal pour mon Directeur de Mémoire, mis en minorité par un examinateur et un Président du Jury, décidés à en découdre avec lui. Quel était donc le problème ?

Mon Directeur a fait ses études à Paris 12, et  est Chargé de Cours à l’Université de Douala, en même temps qu’il occupe des hautes fonctions au Ministère de la Décentralisation.  Ces hautes fonctions ont visiblement courroucé le jury composé « d’académiciens ». « Vous auriez dû avoir un Superviseur qui n’aurait pas laissé passer ces erreurs » m’a lancé mon examinateur, qui a passé le temps à s’appuyer sur des détails justement non académiques, allant même jusqu’à questionner mes dédicaces, et allant aussi demander que signifie un diplôme universitaire de Second Cycle. Là je suis tombé des nues. Peut-on arriver à ce niveau et ne pas savoir que d’une université à une autre, les termes peuvent changer ? BAC + 4 ne veut pas forcément dire maîtrise, et cela, mon examinateur ne le savait pas. Plus grave, lorsque le président du jury estime que Emmanuel MVE ELEMVA, ancien capitaine des lions indomptables et auteur du Livre Blanc du Football Camerounais, n’aurait pas dû être cité dans ma bibliographie, alors il y’avait comme un complexe à penser que seuls les « académiciens » peuvent publier des ouvrages, y compris dans les domaines d’expertise qui ne sont pas les leurs comme le football.

J’ai vécu un enfer dans cette soutenance. Ma salle étant garnie de personnes populaires (artistes, ministres, maires, journalistes), le jury s’est délecté à vouloir m’humilier devant elles. Me rappelant avec répétition que ma bibliographie est apparue avant l’introduction, que mon travail était plein de légèreté, et que j’aurais dû avoir un Superviseur. De fait, dans leur entendement, un Superviseur devrait avoir le grade de Maître de Conférences, et seul lui est habilité à apprécier le travail final d’un étudiant.

C’était la première fois que je soutenais dans une institution universitaire au Cameroun. Deux écoles s’opposaient donc : d’une part, mon Directeur de Mémoire et moi, diplômés des universités françaises, et nos deux « académiciens », diplômés des universités camerounaises, et visiblement complexés. Je ne vous parlerai pas du contenu de mon mémoire (le fonds), car ils ne l’ont pas abordé. Ils ont simplement dit que c’était « un travail fourni et fouillé, bien documenté » et que le candidat ( moi)  faisait preuve de maîtrise du sujet, à savoir, le développement du sport par la décentralisation, le cas du football camerounais. Non, ils n’ont pas abordé la question. Non, ils ne m’ont pas laissé répondre à l’unique question de fonds qui m’a été posée. Au contraire, dans un propos violent, le président m’a dit : «  Si vous n’avez rien à dire, taisez-vous ! ».

Je me tusse. Je les laissai se délecter en insultes, propos d’une extrême violence qui n’avaient pour but de que de démontrer que c’étaient eux les patrons et que le sacro saint principe du jury, on ne badine pas avec au Cameroun.  « Pourquoi tu n’es pas allé les voir avant ? » m’a demandé mon délégué de filière, convaincu que ces deux « académiciens » avaient besoin d’une petite « allégeance » de ma part avant que je ne passe devant eux.  Mais encore une fois, j’ai compris que l’apprentissage est difficile. J’ai compris qu’aucune logique n’est vérifiable dans nos jurys de soutenance. J’ai enfin compris l’intégrité ne passe plus, même dans le langage des « académiciens ». «  J’ai insisté pour qu’ils vous attribuent la note de 16 », me confiera mon encadreur à l’issue du verdict. Mais, les délibérations qui ont duré un temps record de 47 minutes, n’ont accouché que d’un 14,5 assorti d’une injonction de refaire la mise en page du mémoire avant de le déposer à la bibliothèque. Quel beau sketch ! Dans un pays où la note est reine, évidemment, mon public était déçu, mes camarades en premier. J’étais le cobaye de la filière et sans doute, je leur ai ouvert un boulevard d’erreurs à ne pas commettre. Mais au-delà de la note, comment expliquer qu’une salle de soutenance soit devenue le terrain de règlements de comptes entre deux professeurs permanents contre un professeur associé ? «  Ne tenez pas compte de tout cela » ajoutera mon encadreur avant de poursuivre : « Je regrette l’absence du Docteur Elono qui était initialement prévu pour cette soutenance. Lui au moins maîtrise les questions de sports, et je suis certain qu’avec lui, on aurait eu un bel échange scientifique ».

Je vais vous surprendre, mais au finish, je suis content. J’ai bouclé avec le master, j’en ai fini avec cette école, même si bizarrement, le président du jury est venu me souffler après : « Vous pouvez poursuivre en thèse ici ». Non merci ! Je ne poursuivrai pas en thèse dans votre « académie », cher Prof. Vaut mieux que je retourne en France, là-bas au moins, le cursus ne tient pas compte des réalités empreintes de bassesse et de mesquinerie. Là bas au moins, c’est le fonds qui compte et non des erreurs de frappe ou des coquilles qui peuvent se corriger et se réimprimer après une soutenance. Tout compte fait, c’est fini. Une autre étape de ma vie se dessine, celle d’un lendemain de soutenance sans gloire. L’humilité passe aussi par là.

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Commentaires

T.K
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C'est vraiment dommage!!!!!

Patou
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olalaaaaa l'essentiel tu sais ta valeur le reste Basta! seules les valeureuses personnes dérangent
Courage

Wandji
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La rédaction aurait dû être moins personnelle, il faudrait rester objectif! Même si je me doute bien que parler d'un sujet qui apparemment est profondément personnel doit être difficile.
Courage tout de même.

tocko Manuela
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je salue ta bravoure cher camarade; et surtout le fait de publier cet article qui témoigne de ta grandeur d'esprit pour le reste seules tes compétences entreront en jeu que DIEU te bénisse. kiss

timour faitsdiverts
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Gars tu restes le best. T'as pas à biler pour ça, car nous savons tous ce qu'est ce pays de merde. Et demander aux jeunes de ne pas exiler: Grand merci!

Bobby
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Tu es brillant et bravo !!! alors "Docta", excuses me, c'est que je suis déjà devant et en même temps fan des pousseurs de coup de gueule comme toi maybe à force profitable à tes cadets académiques who know ?

sinclair stéphane nanga
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félicitation! tu l'as si bien dit dans ta chute " L’humilité passe aussi par là."! tu connais ta valeur intrinsèque ton encadreur aussi, va de l'avant!

Farah Nguegan
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Cet article mérite d'être publié dans le Journal du Campus de l'Université de Yaoundé et dans les grands quotidiens de la place pour deux raisons.
Certes, en tant qu'étudiants nous connaissons cette réalité, mais beaucoup de nos cadets ne savent pas encore ce qui les attend. En outre les "non-académiciens" doivent être éclairés sur ces tristes réalités de la toute puissance du jury dans les soutenances. ça ne changera peut-être rien sur le coup mais ça fera toute la différence parce qu'un public averti évitera justement des soutenances ratées.

Otric
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Courage cher grand frère ! Bravo pour ta soutenance. J'admire ton courage et ton abnégation. Le reste tu n'ignores rien de ce pays. Et croire à un moment avoir à faire à des personnes intègres, c'est bien du Dania çà. Je le dis car je connais tes principes. Le système broie. Hélas ! Le plus important est fait.

lindsay
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félicitaions!! comme tu dis, au moins cest passé!!

Marconnet
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Bonjour,

Malheureusement,.pour l avoir connu deux fois en France, les prétextes à la 'discrimination' sont partout. Et moi on m a refusé mon diplôme étant en tête de la promotion et ayant des retours sûrs de Mon travail! Je me bats aujourd'hui, soutenue par des professionnels, pour que mon écrit soit reconnu pour sa juste valeur.. C est bien triste d etre aussi facilement rabaissé pour diverses raisons et qu un jury puisse foutre en l air notre motivation, envie et plaisir de travailler lorsqu'ils sont là.

MARJORIE babel
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Je comprends tout à fait, j'ai vécu une humiliation similaire en France. Et cela s'est solde d'une note écrite inférieure à la moyenne mais j'étais pourtant autorisée à soutenir par mon directeur de mémoire. Ce n'était pas ce qu'attendait la directrice du Master. Ils ne s'entendent pas j'ai été attaquée en premier lieu sur la forme que je n'avais pas respecté leur paraissant être une attaque personnelle peut être ?! Leur désaccord, leur mésentente et leur immaturité à donné lieu à un mépris public de mon travail. Le fruit de deux ans de concessions et sacrifices en tous genres s'est transformé en "générosité" de leur part à. I en vouloir m'accorder une note orale suffisante pour valider pitoyablement mon Parcours alors que les autres élèves plafonnaient à 17 de moyenne. Et le pire c'est que mon entourage a du mal à comprendre ce que je ressens puisque je l'ai eu (en solde mais bon).