J’ai couché avec une pygmée
Ceux qui sont adeptes du voyeurisme seront satisfaits par ce billet. En réalité, la vie nous réserve tant de surprises qu’il ne faudra pas me juger au premier abord. En tant que journaliste, je suis emmené à voyager très souvent, et depuis quelques temps, mes valises ont échoué dans la région de l’Est au Cameroun.
Tout a commencé avec ma légendaire curiosité des choses anthropologiques. Où sommes-nous ? Quels sont les autochtones et les riverains qui peuplent cette zone ? Ce sont autant de questions que j’ai posées à Marlyse, une jeune fille kako, une des ethnies que vous retrouverez à Batouri et Yokadouma entre autres. Jusque-là, pas de problème, mais un jeu de mots ahurissant va m’interpeller lorsque la jeune Kako a décidé de me faire goutter lekoko. Vous me suivez toujours ?
Je vais donc me plonger dans la littérature culinaire de mon pays. Il existe des légumes (épinards) prisés en Afrique Centrale. Leur nom scientifique est Gnetum . Au Cameroun, selon les ethnies, on parle d’Okok (chez les Bétis, les Yambassas), l’Ekoke (chez les Bassas et les Bakokos), ou encore le Eru (chez les peuples anglophones). On note par ailleurs que le Nigéria voisin prise cet Eru et d’énormes quantités de ce légume transitent chaque jour par les frontières. A l’Est donc, Marlyse m’a servi ce légume qu’on nomme ici Koko.
C’est un mélange d’arachides grillés saupoudrés par ce légume frais, avec de la viande de bœuf et surtout du poisson sec qui constitue le koko. Surtout, me dit Marlyse « Eviter de le manger avec autre chose que du couscous de manioc ». C’est la tradition sacrée ici. Beaucoup de gens vous diront que les filles de l’Est ont des aphrodisiaques qui trempent le consommateur de leur cuisine dans un voyage sans retour au pays des élucubrations romantiques savoureuses, surtout que le piment de Marlyse est plutôt envoutant. Du coup, par une alchimie incompréhensible, je me retrouve plongé dans les bras d’une fille de petite taille que j’ai aperçue dans la rue d’en face. Son profil correspondait bien à ce qu’on nous enseignait à l’école primaire : « les pygmées sont des hommes de petites taille, repliés en forêt et qui vivent essentiellement de la chasse et de cueillette ». Il fallait répéter cela pour avoir son CEP, pardi ! Mais celle que j’ai vue en face ne vit plus dans la forêt, et ne vit certainement plus de la chasse et de la cueillette. Certes, beaucoup de pygmées répondent encore à ce profil mentionné plus haut, mais celle que j’ai en face de moi fait de sa petite taille un atout stimulant. Elle me tétanise avec un naturel débordant, celui d’un jeu de jambes rapide, de loin plus efficace que les dribbles footballistiques de Lionel Messi. Elle m’électrise avec ses doigts courts mais si fermes. Elle m’arrache des cris étouffés, signe que c’est elle, la pygmée qui me civilise désormais. . Elle me donne un peu de sa forêt, et beaucoup de son odeur qui me rappelle les senteurs naturelles d’Afrique centrale, loin des pollutions de nos cités dites urbanisées. Elle m’envoûte avec une haleine qui ne connait pas le fluor ni le dentifrice, mais la fraîcheur naturelle d’une feuille de menthe certainement arrachée derrière sa hutte. Elle finit par me mettre K.O. sur le ring de cet échange surnaturel. L’état d’élixir a duré quatre minutes exactement. C’est le rapport sexuel textuel le plus court de ma vie. La raison est en toute simple : je mangeais du Koko et je me suis laissé aller dans les bras d’une pygmée. En réalité, c’est la faute à ce piment maudit de Marlyse, qui m’a entraîné dans un rêve ouvert en dégustant ces légumes fabuleux. Oui, pardonnez-moi, ce n’est pas évident comme vous croyez de coucher aisément avec une pygmée Que non ! Ce n’était qu’un rêve !
Commentaires