Eau Secours ! Les enfants de Moulvoudaye sont malnutris.
Le Docteur Kemekong Arnold a beau être jeune, mais les réalités qu’il vit comme chef de ce district de santé de Moulvoudaye, sont celles d’un professionnel qui a emmagasiné de l’expérience depuis des lustres. C’est que, dans cette bourgade perdue dans le département du Mayo Kani, région de l’Extrême Nord au Cameroun, chaque jour qui passe est un jour qui lasse.
De choléra en malaria, de malaria en tuberculose, il ne manque plus qu’Ebola pour afficher complet. Mais entre temps, dans cette zone semi-désertique, la céréale de mil se consomme au superlatif tous les jours de l’année. La faute à pas de chance, à la rareté des récoltes agricoles, mais surtout à la pauvreté criarde de ce coin, lisible et visible dans le regard hagard de ces femmes assises sur leurs nattes, portant des enfants de 3 à 4 ans, tellement chétifs qu’on dirait des nouveaux nés. Le diagnostic est clair, il s’agit d’enfants victimes de MAS (Malnutrition Aigue Sévère).
Il y’a encore deux ans, 14 enfants souffrant de cette maladie étaient transportés dans ce district de santé chaque semaine, soit 10% des enfants recensés dans la zone, selon le Docteur Kemekong. Alors, pour faciliter la prise en charge de ces enfants âgés de 0 à 5 ans, le Gouvernement du Japon a offert une subvention conséquente à l’Unicef-Cameroun pour offrir un kit WASH (Water and Sanitation Hygiene), c’est-à-dire Eau Assainissement et Hygiène, contre le choléra et toutes les maladies de l’eau comme les diarrhées et les typhoïdes qui sévissent en ce moment. Le kit se compose d’un seau, cinq morceaux de savon, une bouilloire, deux gobelets et une plaquette de 50 comprimés pour traiter l’eau.
C’est bien connu, l’eau c’est la vie. Mais ici, l’eau cause la mort. Elle est sale quand elle existe, et elle est insuffisante si elle est potable. La course à la montre est désormais lancée. En langues Foufouldé et Toupouri, les 34 personnels de santé des neuf formations sanitaires de l’agglomération s’attèlent à offrir ces kits de sauvetage à ces enfants qui, osons le dire, sont entre deux mondes. Une dose de vitamine A, et des aliments thérapeutiques ont déjà permis de régler 97% des cas de MAS dans tout l’Extrême Nord.
Dans ce combat, UNICEF nous annonce la mise en place de 60 forages dans 60 écoles primaires, et 180 latrines dans ces écoles. Cela peut prêter à sourire, mais jusqu’ici, déféquer dans un WC était un luxe pour la plupart des enfants de la région qui partagent encore pour beaucoup leur toilette et leur beuverie avec le bétail du coin. Conséquence immédiate, le choléra cause à l’Extrême Nord, 52% des décès nationaux, et 5680 enfants souffrent de MAS dans cette région. Pour le moment, seulement 26,9% des écoles de la région ont de l’eau potable, une aubaine pour ces enfants, futurs leaders de demain, qui ont faim et qui ont soif. Eau secours !
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