Quand les radios transfrontalières militent pour la paix et le développement
Le souvenir de « Radio Mille Collines » est encore dans nos mémoires et on se souvient de ce que cela a engendré en 1994 comme blessures et séquelles au Rwanda. Or, depuis quelques temps, les frontières du Cameroun sont exposées aux conséquences des conflits en Centrafrique et des exactions de la secte islamiste Boko Haram. C’est dans cette situation vulnérable que l’Unicef organise à Bertoua au Cameroun, l’Atelier de renforcement des capacités des hommes et femmes des radios transfrontalières du Cameroun, de la République centrafricaine et du Tchad. Au programme : la lutte contre les maladies à potentiel épidémique, la vulgarisation des pratiques familiales essentielles et la promotion de la paix et le développement.
Pendant 6 jours, du 22 mai au 27 mai 2015, les délégations des trois pays se mobilisent pour qu’en fin de compte, les enfants et les femmes, les populations déplacées et les zones de frontières communes connaissent la paix, le goût du vivre ensemble et l’évitement de plusieurs fléaux.
Pour Félicité Tchibindat, Représentante de l’Unicef au Cameroun,
« Le rôle des radios communautaires n’est plus à démontrer ; elles participent à travers le monde au processus de diversité culturelle, d’information, d’éducation, de lutte contre la pauvreté et pour le développement, dans la construction pour le changement social au bénéfice des populations et en particulier des groupes marginalisés, et pour leur sécurité ».
C’est vrai que les 27 radios communautaires du Cameroun (essentiellement des régions de l’Est, du Nord, de l’Adamaoua et de l’Extrême-Nord), auxquelles on associe celles du Tchad (Radio Soleil de Pala, Radio Terre Nouvelle de Bongor, Radio Léré, Radio Kadai du Lac et Radion ONRTV Moundou) et celles de la RCA (Radio Siriri de Bouar, Radio Maigaro de Bouar, Radio Kuli Ndunga Nola et Radio Zokpana Berberati) sont entrées dès ce jour à l’école des droits de l’enfant, des droits des réfugiés, et surtout de la gestion de l’information en faveur de la cohésion sociale et la coexistence pacifique.
En ouvrant les travaux, le gouverneur de la région de l’Est, Ivaha Diboua Samuel a rappelé que dans ce contexte,
« les médias, et singulièrement les radios communautaires, sont appelés à être appelés à être au premier plan de tous les nombreux fronts de cette bataille. Je citerai notamment le front de la santé, celui de la protection et celui de la nutrition du jeune enfant, de l’incitation à l’adoption des pratiques familiales essentielles, de la consolidation et de la promotion de la paix ».
Les radios communautaires connues comme médias de proximité, qui utilisent les langues locales dans la production et dans la diffusion de leurs programmes informent, éduquent, animent et participent à la construction du vivre ensemble, qui plus est, lorsque ces radios sont écoutées au-delà des frontières nationales. La Représentante de l’Unicef ajoutera à ce propos que :
« Dans de nombreux cas, les médias communautaires peuvent combler le vide laissé par les grands médias privés, qui sont mus par d’autres impératifs excluant les couches sociales sous-représentées ou marginalisées ».
La présence des 223 730 réfugiés centrafricains dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua du Cameroun sont un exemple de l’impératif de la culture de la paix et de la tolérance, rôle dévolu aux professionnels du micro, afin que l’onde distille à la ronde, un monde dépourvu de la parole immonde.
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