J’ai honte, Afrique Centrale.

30 mars 2016

J’ai honte, Afrique Centrale.

La situation sociale de notre pays, le Cameroun est des plus préoccupantes en ce moment.

Voyez-vous, je suis un journaliste du service public au Cameroun. En apparence, je devrais me réjouir de mon « bon salaire » comparé à la plupart de mes collègues du privé. Cela devrait donc m’emmener à me taire et à ne rien revendiquer. Ceux et celles qui me font cette remarque chaque jour ne comprennent pas mon engagement dans mon blog, mon adhésion aux activités culturelles, humanitaires, et mon implication citoyenne dans toutes les initiatives qui peuvent faire bouger les lignes au Cameroun. Comment devrais-je me réjouir si mon robinet d’eau est coupé 6 jours sur 7 ? Comment devrais-je me réjouir si l’électricité est devenue un luxe pour ma maison ? Voilà simplement deux secteurs dans lesquels le Cameroun a mal dans sa gestion et dans sa gouvernance. Et le problème est que, les décideurs ne perçoivent pas encore la pertinence de la grogne sociale qui émerge de tous ces manquements, et de tous ces slogans à répétition qui ne changent aucunement le quotidien des populations. Je ne vous parle pas du secteur de la santé qui laisse vraiment à désirer. J’ai failli perdre mon épouse il y’a quelques semaines,  simplement parce qu’après un séjour à l’hôpital Gynéco Obstétrique, elle a été victime d’un faux diagnostic qui lui a plutôt provoqué des complications. Il a fallu l’interner pendant deux semaines dans une clinique privée afin qu’elle ait la vie sauve. Combien de camerounais ont cette alternative ? Combien ont même le minimum syndical pour payer un billet de cession de 500frs ? Les soulèvements qu’il y’a eu à la suite de l’affaire Koumatéké à Douala sont le reflet de la frustration de la majorité des camerounais, tous plus ou moins victimes au moins une fois, d’une négligence dans nos formations sanitaires publiques. Si vous ajoutez à cela, le secteur de l’éducation qui souffre de l’insuffisance des enseignants, de ceux qui sont mal formés et d’un système de promotion et de résultats douteux, vous avez entre vos mains, un Cameroun malade dans son éducation, sa santé, son eau, son énergie, et je n’ose même pas citer les infrastructures routières, etc. Pendant longtemps, le Football a été longtemps l’arbre qui cachait la forêt de la misère et du mal-être camerounais, aujourd’hui donc la gestion calamiteuse du bien public nous crache au visage ce qu’est réellement le Cameroun d’aujourd’hui. Pendant qu’on est unanime que le minimum n’est pas visible au Cameroun, ceux qui profitent du régime n’ont qu’un seul slogan de nos jours : que le président Biya se représente et que des élections présidentielles soient anticipées. Je suis sûr que beaucoup de camerounais ne se soucient même plus de qui doit siéger au trône présidentiel, tellement on leur a mis dans la tête que la politique est réservée, qu’elle est mauvaise et qu’elle est malsaine. La preuve encore, un regroupement de militants hier à Yaoundé, a fait sortir l’artillerie lourde de la police anti-émeute pour disperser la tenue d’une conférence de presse de ces partis de l’opposition. Tout cela est bien triste pour ce pays remplit de gens ouverts, sincères, plein de vie et d’énergie, mais confinés comme moi à attendre que les choses changent un jour. Car, quoiqu’on dise, il y’aura bien un après-Biya. Mais malheureusement,  je ne suis pas certain que l’après-Biya va résoudre les problèmes de notre chère République. Le mal camerounais se trouve désormais dans la racine et dans les gênes des mentalités anti patriotiques, anti citoyennes, et anti civiques. Tellement le Cameroun est devenu une jungle que chacun veut tirer son épingle du jeu, et la notion de bien public et de bien commun a foutu le camp, y compris auprès des décideurs de demain, les jeunes générations actuelles. C’est la raison pour laquelle je suis dans le bloging. Il est impératif que les blogs et les réseaux sociaux jouent le rôle de NOUVEAUX EDUCATEURS DE LA SOCIETE. Il s’agit pour moi, et pour ces nombreux blogueurs et bloggeuses pertinents du Cameroun, de bâtir par « Le Pouvoir des Mots », thème de la Francophonie 2016, une société que nous voulons plus juste, plus égalitaire, et plus développée. Parlant de la Francophonie, je suis attristé de constater que l’espace francophone africain s’illustre toujours par ces  Chefs d’Etats qui veulent se maintenir au pouvoir, par ces batailles interminables comme en RDC, ou en RCA, au nom de richesses du sous-sol qui provoquent tant de convoitises. Heureusement, le Mali, le Sénégal et le Bénin nous donnent l’espoir que des transitions pacifiques sont possibles dans notre espace francophone. L’Afrique Centrale a un peu du mal à suivre le bon exemple. Au contraire, ce sont des petits royaumes qui se forment çà et là, et c’est peut-être là que nous nous posons la question de savoir pourquoi la communauté internationale laisse-t-elle faire ? On me répondra sans doute que les dirigeants actuels pérennisent les intérêts des occidentaux en Afrique ! A tort ou à raison, l’Afrique a besoin de leaders plus charismatiques, plus consensuels, et cela n’empêchera en rien une coopération gagnante-gagnante avec nos partenaires. Sauvez cette Afrique Centrale! Donnez-lui de nouvelles couleurs, changez-la!

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