Les sirènes d’Istanbul

Article : Les sirènes d’Istanbul
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8 décembre 2016

Les sirènes d’Istanbul

Un pays qui se place entre l’Europe et l’Asie. Un pays qui a pour voisins l’Iran, l’Iraq et la Syrie, n’a pas forcément le sommeil facile. Déjà, à votre arrivée à l’aéroport d’Istanbul, il existe un contrôle de police spécialement pour les irakiens. Allez comprendre pourquoi.

Heureusement, à mon arrivée devant l’officier de police qui contrôle mon passeport, les premiers mots qui sortent de sa bouche sont : « Samuel Eto’o, Vincent Aboubakar ».  Pendant que je réfléchis au nom du club de Vincent Aboubakar (Besiktas), le policier ajoute : «  Je suis un supporter d’Antalya Sports ».  Ah, il a repéré que je suis camerounais et ces deux joueurs évoquent en lui le symbole du Cameroun qui gagne.  Grâce à Eto’o et Aboubakar, il ne s’est pas attardé sur les motifs de ma venue ici. Il faut dire que depuis que la Turquie a connu de nombreux attentats ces derniers mois, la sécurité a été renforcée sur ses frontières. Et la montée des extrémistes de l’Etat Islamique n’a pas rendu les choses faciles.

Pourtant, la Turquie qui s’offre à mes yeux ne me laisse aucune différence avec les autres capitales européennes. D’abord l’accueil chaleureux du réceptionniste de l’hôtel « Realstar » qui vous offre du thé turc en guise de bienvenue. Dans un anglais audible et surtout dans un chauvinisme exceptionnel qui commence par saluer la compagnie aérienne nationale Turkish Airlines dont le succès est de plus en plus évoqué. C’est vrai que les quatre heures de vol qui nous séparaient de Zurich ont été agrémentées de loisirs et de distractions que seule cette compagnie peut offrir. Le cadre de l’hôtel s’avérera lui aussi être un délice. Je suis dans un univers féerique,  là où la chambre est garnie par un coffre-fort, un réfrigérateur à la disposition du client, et un téléviseur qui diffuse 1400 chaînes de radio et même de télévision. Le zapping ici est une épreuve de combattant. Je n’ai d’ailleurs pas pu retenir les canaux de RFI, France 24 ou encore Medi1, les quelques chaînes francophones que j’ai repérées. Il y a dans ce bouquet exceptionnel de la Turquie, une Fox, une CNN et une BBC turques. Oui, tout est nationalisé ici. Les turcs ont emprunté le meilleur de l’occident pour le localiser chez eux.

Istanbul offre la beauté d’un soleil matinal qui cache bien la température (5°C). Car l’hiver frappe aussi aux portes de la Turquie, malgré la beauté du temps et la présence de la mer autour d’Istanbul. Il y a même un air de Noël dans les magasins pour ce pays à 90% musulman. Istanbul, c’est un bus toutes les 5 minutes et une ligne de tram qui donnent juste à la fenêtre de ma chambre. Ici au No:47, Findikzade, Fatih, Istanbul, on a le plaisir de tous les commerces et de toutes les saveurs. Le petit déjeuner turc est riche et diversifié, mais son goût laisse à désirer. Il y a un véritable problème d’assaisonnement dans la gastronomie turque.

En trois jours ici, j’ai essayé les saucisses, le poulet, le poisson, le riz méditerranéen, et surtout la pâtisserie, rien, mais alors rien n’a pu flatter mon auguste palais. La nourriture d’Istanbul est le seul côté qui donne envie de mal noter cette ville qui pourtant est d’un éclat remarquable. La langue aussi est une barrière brutale. Heureusement, beaucoup s’essayent à la langue de Shakespeare. Cela me rappelle bien Amity International School, basée à Yaoundé au Cameroun. Cette institution éducative turque a formé plusieurs camerounais qui sont devenus imbattables dans leurs domaines respectifs. La Turquie et le Cameroun ont noué des relations bilatérales qui permettent aujourd’hui que plusieurs de mes compatriotes découvrent ce paradis terrestre.

Un paradis qui offre néanmoins un réveil matinal glacial chaque fois que les sirènes de la police retentissent. Ces sirènes rappellent l’heure du suspens des polars américains, comme une course poursuite contre un brigand et un gang. Il y a derrière ces sirènes comme une alerte que tout n’est pas rose à Istanbul. On n’est pas forcément à l’abri d’une mauvaise surprise. Mais l’autre sirène forte d’Istanbul ce sont ces mots prononcés jadis par Napoléon : « Si la Terre était une Nation, Istanbul en serait la capitale ».

Il avait raison. Istanbul montre à l’Union Européenne qu’elle a peut-être tort de retarder son admission depuis des années. Istanbul montre au monde du Football qu’ici, le professionnalisme a déjà pris tout son éclat. Istanbul montre à la face du monde que le développement n’est pas édicté par une philosophie et par une religion particulières, mais juste une humanité travailleuse.

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