Regardez-les, elles ont oublié la guerre
Le soleil brille de nouveau dans le visage des jeunes filles des sites de réfugiés de Borgop (région de l’Adamaoua au Cameroun) et Gado (région de l’Est au Cameroun). Meurtries par la guerre, les atrocités et la perte des êtres chers en Centrafrique, elles font désormais face au défi d’une nouvelle lueur d’espoir.
Regardez-les, elles s’intègrent
L’accueil par l’État du Cameroun, et la mobilisation des sites est le premier salut. L’UNHCR (Agence des Nations unies pour les réfugiés) a offert aux 15 000 réfugiés de Borgop, aux 12 633 de Gado 1, et aux 6 115 de Gado 2, des abris et des tentes. Pour le cas de Gado par exemple, 2 550 abris sont disponibles ainsi que 400 tentes. Une nouvelle vie peut désormais commencer pour eux. Fuir la guerre, trouver une terre d’accueil, pouvoir se soigner gratuitement dans un centre de santé, et la vie peut reprendre son cours normal.
Regardez-les, elles s’activent
Hier encore, essentiellement nomades, elles goûtent maintenant au parfum d’une vie stable dans laquelle les activités agropastorales sont de mises. Cuisiner un mets de pistache pour Mimouna, ou sa voisine Shedah qui fait frire des galettes à côté, oui, il y a aussi de la vie dans un site de réfugiés. Plus loin, c’est Assetou qui s’occupe de la récolte de ses céréales. Un bon couscous passera par là.
Regardez-les, elles savent lire et écrire
Ne les confinez donc pas à la cuisine ! A Gado comme à Borgop, les jeunes filles fréquentent désormais les Etapes (Espaces temporaires d’apprentissage) financés par l’Union européenne et l’Unicef, deux organisations prix Nobel de la Paix, qui ont mis sur pied ici, le projet « Enfants de la Paix ». Grâce aux enseignants volontaires, aux agents mobilisateurs et aux instituteurs psychosociaux formés dans ce projet, nos jeunes filles apprennent à lire et à écrire. Dans certains ateliers, les activités de création sont au menu. Pour les 2 000 adolescentes de Gado, les après-midi leur permettent d’acquérir des savoirs en couture, coiffure, etc. Elles sont éduquées, elles s’autonomisent et la réticence des parents conservateurs s’effrite chaque jour un peu plus.
Regardez-les, elles ont de l’eau potable et des toilettes
Oui, boire de l’eau potable n’était pas évident dans leur univers il y’a quelques temps. Aujourd’hui, grâce à l’Unicef et un partenaire technique sur les sites, l’eau coule à volonté. Par exemple, 50 m3 d’eau coulent en quantité et en qualité (chloration, décantation et clarification de l’eau) chaque jour sur le site de Gado 1, nous confie Mbankeng Imefack Gael, ingénieur chargé du WASH ( Water Sanitation and Hygiene) dans le site. Il nous révèle que les heures de pointe c’est de 6 h à 20 h et de 15 h à 19 h. Pour ce faire, trois stations de pompages motorisés et quelques forages manuels font couler le liquide précieux en direction des cuisines, des activités agropastorales et des latrines.
Oui, l’Unicef a offert sur ce site 100 blocs sanitaires. La défécation en plein air de leur ancienne vie de nomade a cessé. Nettoyage quotidien, abri confortable et sûr, et les voilà à l’abri du choléra et des autres maladies de la saleté.
Elles ont désormais oublié la guerre. Pour cela, il a fallu se donner un peu de mal pour prévenir beaucoup de mal. Un espace, des aires de santé, des vaccins réguliers, de l’eau potable, des activités d’éducation, d’apprentissage et d’éveil et voilà les « enfants de la paix » de Centrafrique sont une réalité dans des sites de réfugiés au Cameroun.
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