« Mon Père m’a mariée de force à 15 ans ».

Article : « Mon Père m’a mariée de force à 15 ans ».
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10 décembre 2015

« Mon Père m’a mariée de force à 15 ans ».

Les indicateurs des mariages précoces, mariages forcés et mariages des enfants au Cameroun indexaient principalement les régions de l’Est, l’Extrême-Nord et le Sud-ouest. Il a fallu rencontrer Philomène pour découvrir que le phénomène est national et touche même la région du Centre.

Il y’a un monsieur assis là bas au salon, c’est ton futur mari 

Ce sont les phrases du Père de Philomène. Elle s’en souvient comme si c’était hier.

Et pourquoi vous ne donnez-vous pas aussi une femme à mon frère 

, demanda t-elle à son père qui répondit :

Les hommes doivent aller à l’école, pas les femmes 

C’était le jour où sa vie avait basculé. Donnée de force à un prétendant avec pour unique argument parental :

Dans notre culture, les femmes vont en mariage tôt 

Philomène Fouda, avec son aimable autorisation et celle de ses tuteurs légaux.
Philomène Fouda, avec son aimable autorisation et celle de ses tuteurs légaux.

Philomène est originaire du village Ezan-Medom, situé après le dispensaire de Messassi, une banlieue de la ville de Yaoundé. C’est dans ce village qu’un jour, alors qu’elle est au CM2, elle est victime d’un mariage forcé par son père. Elle avait alors 15 ans.  A la suite de plusieurs refus, elle finit par céder à la pression de son père et accepte de se marier à un menuisier de 24 ans. Ce dernier refusera de lui payer les études, malgré le vœu insistant de Philomène de les poursuivre. Il la fera chanter, et exigera d’elle de lui faire des enfants avant de payer ses études. Il honorera sa parole à la suite du premier enfant, mais refusera de payer après la seconde grossesse. Philomène raconte qu’elle sera victime de maltraitance, de violence et de menaces régulières de la part de son mari, qui, une fois que la dot a été versée à la famille de Philomène, en fera un véritable objet. Philomène décide alors de se lancer dans l’agriculture et de vendre des produits vivriers au marché. Entre-temps, sa mère qui n’a pas approuvé cette union forcée, désertera le domicile familial et s’enfuira vers une destination inconnue. C’est après plusieurs années d’investigations que Philomène retrouvera la trace de sa mère qui vit désormais à Bertoua dans un nouveau foyer. Philomène raconte que même sa mère avait été mariée de force à son père. Une fois à Bertoua, Philomène retrouve le chemin des bancs et est inscrite au Collège Adventiste de Bertoua réussissant même à se classer première de sa classe lors du deuxième trimestre cette année, en classe de quatrième. Avec l’aide de sa mère et de l’époux de sa mère, elle élève ses deux enfants et rêve désormais de devenir greffière dans l’avenir.

L’éducation de la jeune fille la préserve des mariages précoces, des grossesses précoces et lui confèrent une émancipation pour sa vie future. Cette situation, très alarmante en Afrique, a suscité la mise sur agenda de cette question, lors de la Journée de l’Enfant Africain en 2015. De même, le 26 et le 27 novembre 2015 à Lusaka, en Zambie, l’Union africaine a consacré  son tout premier sommet à la lutte contre le mariage précoce. A cette occasion, l’Unicef a publié un rapport alarmant : le nombre de filles mariées à moins de 18 ans pourrait plus que doubler en Afrique d’ici 2050, atteignant les 310 millions. Les Pratiques Familiales Essentielles sont donc les seules réponses adéquates aux Pratiques Culturelles Néfastes.

Pour écouter Philomène, cliquez sur le lien suivant:

 

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