A l’Est du Cameroun, l’ennemie s’appelle encore malnutrition.
Au cœur de la lutte contre la malnutrition, de nombreux enfants des réfugiés centrafricains et des autochtones de la région de l’Est bénéficient d’appuis divers pour lutter contre le fléau. Immersion dans quelques sites de réfugiés.
Au Centre Nutritionnel Thérapeutique Interne (CNTI) de Garoua-Boulaï à l’Est du Cameroun, on retrouve ce jeudi matin, 6 cas d’enfants victimes de malnutrition en phase aigüe. Le Major du CNTI, Jérémie DISIA, se souvient qu’il y’a deux ans, les victimes étaient plus nombreuses que cela : « Par mois, on comptait 40 à 60 cas d’enfants malnutris. La plupart étaient des réfugiés centrafricains ».
Les réfugiés, une forte population fuyant la guerre du pays voisin pour se retrouver dans plusieurs localités de la région de l’Est. Et sur les 14 districts de santé que compte la région, 8 se sont retrouvés impactés par l’urgence (Bertoua, Garoua-Boulai, Bétaré Oya, Batouri, Kette, Ndelele, Yokadouma et Moloundou) des enfants malnutris par défaut.
Il fallait donc réagir, notamment dans les sites des réfugiés. A l’école Salam de Nganko par exemple, quatre agents de santé communautaires sillonnent la cour de l’école. Dahirou Adamou, Mouhamadou Hassan, Youssoupha Adamou et Rhana Abdoulahi, font partie des 68 agents de santé communautaires, appuyés par la KFW et l’Unicef pour le suivi et la prise en charge des cas d’enfants malnutris. Hassan raconte que son propre enfant en a été victime et du coup, il s’est porté volontaire pour recevoir la formation qui lui permet désormais de dépister les cas, sensibiliser les communautés et référer les cas critiques au CNTI de Garoua-Boulaï. La communauté s’organise ainsi pour barrer la route à la malnutrition et sur les 24 504 réfugiés centrafricains enregistrés au site de Gado-Badzeré en septembre 2017, seulement 17 nouveaux cas de malnutrition ont été enregistrés.
« Entre l’arrivée massive des réfugiés en 2015 et actuellement, beaucoup de choses ont changé », nous avoue Jérémie DISIA du CNTI de Garoua-Boulaï. C’est vrai que depuis février 2016, l’urgence a été levée, et ceci grâce aux apports des intervenants comme l’Unicef et son partenaire KFW. Ce dernier a notamment appuyé le programme de fortification à domicile, ainsi que la distribution des kits WASH pour la prise en charge de la malnutrition.
« La malnutrition a plusieurs composantes : ANJE (Alimentation et Nutrition du Jeune Enfant), PCIMAS (Prise en Charge Interne de la Malnutrition Aigüe Sévère), Micronutriments (supplémentation en vitamine A), WASH ( Water and Sanitation Hygiene), la Gouvernance ( Supervision, renforcement des capacités, et le suivi-évaluation) » déclare le Docteur Mintop Anicet Désiré, Chef de Brigade de contrôle des activités et des soins de santé à la Délégation Régionale de la Santé Publique de l’Est. Il rappelle ainsi, les propos de Sehou Pascal, agent de santé communautaire à Adoumri dans la région du Nord, qui déclarait en 2016 que le Wash « est indissociable de la lutte contre la malnutrition ».
La malnutrition c’est une question d’ « hygiène d’abord » et c’est ce que les communautés commencent à comprendre au CNTI de Garoua-Boulaï, au poste de santé du site des réfugiés de Gado-Badzéré, ainsi que dans les autres formations sanitaires de l’Est. Autour de cette question de lutte contre la malnutrition, c’est l’image agréable, de ces élèves, et notamment des filles qui fréquentent des salles de classes, là où leur scolarisation n’est plus un interdit, ni un tabou.
- 5279 enfants ont bénéficié de la prise en charge de la malnutrition aigüe sévère dans la région parmi lesquels 1358 réfugiés.
Des enfants qui reçoivent des intrants, des packs et des kits, portant les promesses d’une meilleure santé et la garantie de leur survie et de leur avenir, à condition que la lutte se poursuive, car l’ennemie rôde, sournoise et téméraire.
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