Le Cameroun ne se « Wash » pas bien
Le Wash (« Water, Sanitation and Hygiene ») est l’acronyme signifiant »Eau Hygiène et Assainissement ». Un domaine tranversal qui touche à la santé, l’éducation, la nutrition, autant de domaines concernés par la 3ème étude sur la Traçabilité des dépenses publiques au Cameroun. Le domaine du WASH montre des signes alarmants.
Regardez ces toilettes ! C’est un dans un édifice public dans une ville camerounaise. Les ministères, les mairies, les administrations publiques et privées ont un véritable souci avec les latrines et les toilettes. D’abord c’est rare, et quand ça existe, la propreté et l’entretien ne sont pas toujours de mise.
Pourtant, en tenant compte de ce que l’UNICEF appelle la dépense sensible à l’enfant, on se rend compte que les toilettes sont primordiales. Il faut de l’eau coulante pour laver les mains, se nettoyer après les épreuves physiques. Il faut de l’eau potable pour que les enfants puissent se désaltérer pendant les récréations, il faut de l’eau pour le lavage des mains.
Avec la pandémie du coronavirus, des seaux d’eau sont apparus partout. C’est devenu un effet de mode de se laver les mains devant les boutiques, les lieux publics, etc. On a appliqué ces règles spontanément pour éviter la Covid-19, mais on avait vite oublié que les mêmes règles s’appliquaient déjà contre le virus Ebola, contre les épidémies de Choléra, contre les maladies hydriques en général. La journée mondiale du Lavage des Mains, célébrée le 15 octobre, vient nous rappeler ce réflexe, surtout dans certaines régions du Cameroun où la défécation en plein air expose encore les familles, et particulièrement les enfants à plusieurs maladies. Il y a donc urgence à investir dans la construction des toilettes modernes et propres.
D’après l’enquête PETS III, 4% du budget d’investissement public global est consacré à la construction de latrines, des adductions d’eau potable et de forages. Mais sur le terrain, de nombreux manquements sont observés : Un peu plus de 77% des prestataires n’ont pas respecté la date de de fin des travaux des infrastructures de WASH au Cameroun en 2017. Pire, les Régions du Nord, de l’Extrême-Nord, de l’Est et de l’Adamaoua arrivent en tête des régions où on défèque le plus en plein air.
La Journée Mondiale des toilettes doit réveiller les consciences au Cameroun. Très souvent, les toilettes sont en panne, et ce n’est pas la priorité des administrations d’investir dans les réparations. Il y a plus de budget pour les séminaires, les pauses cafés, les fêtes du personnel, que d’investissement pour les toilettes. Or les employés de bureau, les élèves, les ouvriers et autres ménagèrent passent visitent les toilettes au moins une fois par jour.
297 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de diarrhée pour avoir bu de l’eau insalubre ou par manque de services d’assainissement ou d’hygiène des mains. Beaucoup d’enfants en effet reçoivent leur lait et leur bouillie dans des conditions sanitaires qui les plongent de facto dans la malnutrition. Les adolescents, et notamment les jeunes filles souffrent de plus en plus de cette hygiène intime difficile à gérer surtout dans des établissements scolaires qui n’ont pas de toilettes ni de vestiaires. Un changement de paradigme s’impose, car le Cameroun se « wash » mal.
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