Allô, Fokou ? Ton vin est-il un poison ?

Article : Allô, Fokou ? Ton vin est-il un poison ?
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10 octobre 2022

Allô, Fokou ? Ton vin est-il un poison ?

Les consommateurs s’indignent et dénoncent. Il y a quelques jours, la fondation camerounaise des consommateurs (FOCACO) a indiqué que les marques de liqueurs et vins appartenant aux sociétés SOFAVINC et SAFVIS ne sont pas des vins rouges de table, ni des vins blancs. À en croire cette dénonciation, les Camerounais consommeraient du « poison », car au lieu que ce soit du « vin de table », ce serait plutôt une sorte d’alcool brut et nocif proposé aux camerounais.

La FOCACO interpelle l’Agence des Normes (ANOR) afin de demander à ce fabricant de  « cesser de duper les consommateurs à travers un étiquetage passible de poursuites judiciaires ». C’est donc un véritable coup de tonnerre au Cameroun. Les vins les moins chers, et donc les plus exposés dans les veillées, mariages, anniversaires et dots au Cameroun, proviennent de SOFAVINC et SAFVIS, deux sociétés de distribution de vins appartenant au Groupe Fokou.  

Une des marques dénoncées au Cameroun-Crédit Photos SOFAVINC

Les marques sont pourtant célèbres :

Et bien d’autres, qui sont souvent indexées comme des vins de qualité dans les cérémonies officielles et surtout très prisées pour le coût à la portée du citoyen moyen. Le seul hic que «  Ces boissons sont un mélange d’alcool éthylique (distillation) avec des arômes artificiels et de l’eau. Or seule la vinification est le processus de fabrication du vin : norme Nc 209 » nous dit la FOCAFO dans son interpellation.

Le vin ou du faux vin ?

Il est vrai que depuis un moment, cette agence est accusée de légèreté face à plusieurs produits de consommation au Cameroun, notamment les produits décapants, les cheveux artificiels et d’autres produits vendus au Cameroun avec des conséquences néfastes sur la santé. Une interpellation relayée par Cesarotti EKWE EKAMBI, administrateur des établissements du tourisme au Cameroun, et dépité par la présence de ces produits sur le marché camerounais. « Il m’a été donné de comprendre ce que c’est que le vin, à travers les thèmes de la Viticulture qui est la culture du raisin, La Vinification qui est l’ensemble des procédés d’obtention des différents types de vins et L’œnologie qui est l’accord des mets et des vins, ainsi que leurs services. Partant de cela, on observe qu’il s’agit ici  du déchet de moût qui est recueilli par certains pour être séché et obtenir du nectar ensuite distillé par alliage d’alcool et sucre pour obtenir ces pseudos vins dont il est question » nous dit EKWE EKAMBI.

En clair, ce n’est pas du vin que produit SOFAVINC mais un produit alcoolique proche du brut. Plus loin, Monsieur EKWE EKAMBI affirme que « dans le contexte économique actuel, et serait impossible de consommer au Cameroun, un vin ayant respecté les normes de production à moins de 10 euros même s’il est embouteillé ». C’est donc une question de faible pouvoir d’achat qui justifie la ruée des Camerounais vers ce « vin » bon marché. Car il n’y a aucun vin produit au Cameroun mais certains faussement embouteillés. Il faudrait donc, poursuit EKWE EKAMBI, « Ôter de sa tête en achetant une brique qu’il s’agit du vin ».

En matière d’importation de vin, cinq pays sont les plus grands fournisseurs de vin au Cameroun :

Etude menée par la Douane Camerounaise. Crédits Photos-DANIA EBONGUE

Et maintenant alors ?

Pourtant, la Guinée équatoriale voisine propose des vins d’origine espagnole au Cameroun, à travers les villes frontalières que sont Ambam et Kye-Ossi. Il reste quand même que malgré ces prix compétitifs et des tarifs douaniers moins forts en Guinée équatoriale, les tracasseries policières n’encouragent pas les Camerounais à adopter systématiquement la filière équato-guinéenne, car le vin en brique de SOFAVINC a toujours du succès et est même exigé dans certaines cérémonies de dot. Le seul moyen de sortir de ce guêpier est l’interpellation de l’ANOR et des ministères de la santé et du commerce afin que le produit de la vigne soit consommé à la place de l’alcool distillé. Selon un communiqué de l’OMS en mai 2022 : « Dans le monde, trois millions de personnes meurent chaque année des suites d’un usage nocif de l’alcool – une toutes les 10 secondes – ce qui représente environ 5 % de tous les décès. Un nombre disproportionné de ces décès liés à l’alcool surviennent chez les jeunes, 13,5 % de tous les décès chez les 20 à 39 ans lui étant liés ».

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