Radio Bon Berger ou le pouvoir des IEC

Article : Radio Bon Berger ou le pouvoir des IEC
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10 juillet 2015

Radio Bon Berger ou le pouvoir des IEC

Ceux qui doutaient encore du pouvoir des IEC (Information-Education-Communication) auront un cas d’école pour revoir leur position. Il s’agit de Radio Bon Berger, située en plein cœur de la ville de Kaélé, chef-lieu du département du Mayo-Kani, région de l’Extrême-Nord au Cameroun.

Dagui Bakari
Dagui Bakari

En entrant dans les locaux de cette radio, on aperçoit Dagui Bakari, animateur de langue française dans la station. Ici, ce sont 5 langues : guizigua, toupouri, fufuldé, moudang et français qui sont parlées par les différents animateurs. Cette diversité linguistique permet d’avoir un large auditoire du Mayo Danay, au Mayo Kani, sans oublier le Mayo Louti, et même quelques localités du Tchad voisin. En plus d’être une radio communautaire, Radio Bon Berger est une radio transfrontalière, ce qui lui confère un statut particulier auprès des agences du système des Nations unies. Il n’est donc pas étonnant que cette radio ait été choisie par l’UNFPA (l’agence onusienne chargée de la population) afin de mettre en œuvre le volet communication et sensibilisation des masses dans le cadre du projet SIDA/H4+, visant à accélérer les progrès en matière de santé maternelle, néonatale et infantile au Cameroun.

Yaya Pitcheme, Chef de Station de Radio Bon Berger
Yaya Pitcheme, chef de la station  Radio Bon Berger

Formés récemment à la diffusion des messages sur les Pratiques familiales essentielles, lors de l’Atelier des radios transfrontalières organisé par l’Unicef dans la ville de Bertoua, les personnels de Radio Bon Berger, et notamment son chef de station, Yaya Pitcheme, sont aguerris en ce qui concerne la production de microprogrammes pour le changement de comportement. L’un de ces microprogrammes est le magazine « Santé Plus » dont l’UNFPA finance la production depuis décembre 2014.

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Collaboration H4+ et Radio Bon Berger

Les cibles étaient des populations reculées, des comités d’écoute appelés brigade ont été mis en place pour s’assurer que les émissions diffusées ont un impact réel sur la vie des populations. Dagui Bakari se félicite du fait que chaque jeudi, pendant la diffusion de l’émission « Parole aux auditeurs », des témoignages fusent de partout pour saluer l’impulsion grâce à laquelle les messages de la radio ont permis aux familles de fréquenter les centres de santé, aux jeunes d’avoir une sexualité responsable,  et aux femmes de consulter, ainsi que d’accoucher dans les centres hospitaliers.

« Dans notre culture, ce n’était pas évident pour une femme d’accepter de consulter un médecin ou un infirmier homme »

nous dit Diabou Martine, animatrice en langue guizigua.

Ses propos en tant que femme ont levé plusieurs tabous et désormais, la fréquentation des maternités est une réalité dans la localité.

« Plusieurs femmes sont parties de leurs villages lointains, se sont arrêtées dans notre radio et nous ont demandé de les accompagner à l’hôpital. Vous voyez que la radio est devenue pratiquement un centre social »,

ajoute Martine, fière de cet acquis.

Dagui et Yaya en studio
Dagui et Yaya en studio

Emettant de manière autonome de 5 h 30 à 10 h 15, puis de 16 h à 21 h chaque jour sur la fréquence 99.0 FM, la radio marque quelque temps d’arrêt pour prendre en relais la station régionale de l’Extrême-Nord, ou encore le poste national de la CRTV, pour les éditions des journaux.

« Car une radio communautaire doit pouvoir aussi permettre à ses auditeurs de savoir ce qui se passe dans le pays et dans le monde. Et avec la crise sécuritaire liée à Boko Haram, les tranches d’information sont fondamentales »

nous confie Yaya Pitcheme, le chef de station. Créée au départ pour être une simple radio chrétienne, la radio Bon Berger, impulsée par le Conseil des églises protestantes du Cameroun (CEPCA) est devenue par la force des choses, une radio citoyenne, utilisant les outils IEC pour toucher les populations.

«  Nous restons des bergers pour autant. Nous ne faisons pas dans la propagande chrétienne, mais nous pensons qu’en sensibilisant les populations, en impulsant le changement de comportement dans la santé maternelle, dans la santé néonatale et infantile et dans la santé de reproduction, voilà le meilleur Evangile qu’il nous soit donné de prêcher ».

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