DANIA EBONGUE

Léonora Miano, la plume que j’ignorais

FRANCE-LITTERATURE-MIANO

J’ai honte de le dire, car je ne te connaissais pas avant ce 6 novembre 2013 où au pays, au lieu de fêter ton 7ème roman, on a passé la moitié du journal parlé à évoquer les 31 ans de pouvoir de qui tu sais. Je ne te connaissais pas avant ce 1er septembre 2013, jour où j’ai entendu ton nom pour la première fois. Et c’était par qui ? Ignace Atou Eloundou, un étudiant de lettres modernes françaises de nos universités d’Etat qui disait avoir lu un de tes romans. Je l’avais intrigué , car effectivement, je pensais qu’il bluffait. Il m’avait parlé de « L’intérieur de la nuit ». Un roman qui avait pourtant reçu 6 prix littéraires. Ignorance, quand tu nous tiens !

Aie, quelle claque ! Ton prix est une vraie claque pour moi. Mais ne m’en veux pas Léonora. Je te connais aussi mal que l’histoire de la Traite négrière que tu décris dans ton roman « La saison de l’ombre ». la-saison-de-l-ombre-de-leonora-miano

Il a fallu que je me rende à Ouidah en 2009, pour découvrir en compagnie de la famille Jah, la porte du non-retour des esclaves. Ce jour-là,  j’ai pleuré, car je me suis demandé si un jour, les générations futures prendront conscience de ce que la traite a coûté à ce continent. L’an dernier, c’est en compagnie du prince Kum’a  Ndumbe III, d’Hélène Faussart du groupe Les Nubians, que j’ai rencontré Lisa Aubry, cette chercheuse afro-américaine qui a découvert ses racines camerounaises, et qui a permis de retrouver aussi le site de Bimbia, comme étant un épicentre de l’esclavage en Afrique.

Miano

            Oui, Léonora, je ne peux que m’incliner devant le courage de ta thématique, car pour faire un roman historique comme le tien, la part de créativité est grande. Oui, Léonora, ce 6 novembre 2013, tu reçois le prestigieux prix littéraire Fémina. Comme un symbole, il est intervient l’année de tes 40 ans. La communauté Mulongo que tu évoques dans ton livre ressemble étrangement à ces patronymes du peuple sawa, des Batanga, et d’autres peuples de la côte du golfe de Guinée. C’est que, dans ce roman, je crois savoir que tu parles de cette Afrique magique, magnifique, mystique et lunatique. Le journal Libération du 10 octobre 2013, précise d’ailleurs que «  Parler d’Avant l’Histoire. Depuis l’assourdissant silence qui précède son écriture par le monde occidental ».

Ma chère Léonora, ton écriture osée, intrépide, téméraire, sait nous apporter cette part de fierté que seuls les sportifs, artistes et romanciers, savez nous procurer à nous, foules de profiteurs fanatiques, chauvins et récupérateurs d’un succès auquel nous n’avons nullement contribué.

Ce même 10 octobre, le journal l’Humanité ajoute que « En Afrique, la voix des disparus résonne encore ». Oui, les morts ne sont pas morts, et les ancêtres ont adoubé ta plume qui devient sacrée.

 

Tu as sans doute le mérite aussi de savoir toi-même décrire ta plume en ces termes : « Le projet était initialement de répondre à une question précise: comment peut-on raconter ce qui n’est jamais raconté en Afrique subsaharienne aujourd’hui. Comment parler d’un événement, en l’occurrence la traite négrière, qui n’est pas transmis. Le meilleur moyen c’était de m’intéresser au vécu des personnes ».

Tu y as répondu je crois, car une femme qui s’attaque de front à l’histoire galvaudée de son peuple, c’est la femme du peuple.  Je retiens donc ton nom : Léonora Miano. Je retiens que le 4 novembre 2013, tu as remporté Le Grand Prix du roman métis attribué dans la ville de Saint-Denis de la Réunion et que le 6 novembre 2013, Le prix Femina 2013 a été attribué à une…Camerounaise…

A suivre sur  https://www.leonoramiano.com

 

 

 


Bûche ou Biche ?

C’est supposé être mon meilleur Noel aujourd’hui. Mon sacré pote Serge m’a invité pour la première fois de sa vie. Serge c’est un bon bamiléké du quartier Ngousso, c’est-à-dire un vrai gars chiche et radin. Et, Alléluia ! Voilà que mon téléphone sonne ce 24 Décembre.

Bûche de Noel 2

 

Serge me passe un coup de fil :

–          Salut Frangin, passe à la maison ce soir, il y’aura une vraie bûche de Noel. Viens avec ta copine si tu veux.

Alors j’appelle ma copine, je lui vante les mérites de la famille de Serge. Je lui dis comment on va se gaver, et surtout je lui assure à quel point chez les Serge, malgré leur chicheté, on sera servis comme des princes.

Alors la soirée débute. Il y’a un monde fou à cette soirée. Quoi ? 60 personnes ? Pas moins. Ma copine et moi, attendons simplement le grand moment. Ce grand moment qui se fait de plus en plus attendre. C’est d’abord un défilé de mode, ensuite un ballet de danse traditionnelle, puis des enfants qui récitent des poèmes. Cela fait plus de deux heures qu’on est là. Ma copine et moi on est affamé grave. Avant de sortir, elle a proposé de faire un repas rapide. Je lui ai répondu : « chérie, ne te dérange pas, chez les Serge on va manger ».  Sauf que là, çà fait déjà trois  heures, et il y’a encore rien. Viens donc heureusement le moment où Serge annonce la bûche de Noel. Un arbre décoré avec des guirlandes traditionnelles. Ma copine et moi nous nous disons que l’heure de délivrance a sonné. Et pourtant, toujours rien à manger. Alors, je prends mon courage à deux mains. Je me dis que derrière ce spectacle, il devrait quand même avoir une collation. Je m’avance vers Serge et lui demande :

–          Frangin, mais ton histoire là, c’est pour quand ?

–          Quelle histoire ?

–          Mais la biche !

–          La biche ? Mais quelle biche ?

–          Mais, tu m’as parlé d’une biche de Noel. Ma copine et moi on a faim, on se demande à quel moment tu vas enfin servir cette biche.

Alors Serge éclate de rire. Il rit tellement fort qu’il attire le regard des autres et comme il sait se vanter, il me répond ainsi :

–          Toi alors, tu ne sais pas faire la différence entre une bûche et une biche ?

–          Comment çà ? Tu m’as bien dit qu’on aurait une biche de Noel non ? La biche, tu vois, la chèvre sauvage, la femelle du cerf.

–          Abruti ! La bûche de Noel est comme un sapin, c’est un arbre de Noel.

Un des invités, un français qui vient de suivre la conversation s’exclame :

–          Bande de cons. La bûche c’est un gâteau simplement, moi je venais en manger un ici, pas de voir un arbre.

Finalement qui a raison alors ?

Bûche de Noel 1


Changement de trajectoire pour Bams

Bams-Dérèglement Climatique

Ce 21 octobre 2013, Bams nous délivre son 4ème album intitulé Dérèglement Climatique. Comment entrevoir ce nouvel album ? Bams nous y plonge par une ballade à la française. La lauréate du Printemps de Bourges 1999, le plus grand festival de France, nous dévoile sa maturité vocale et une nouvelle direction artistique qui se confirme par le 2ème single, un véritable Changement de Trajectoire, par rapport aux trois précédents albums (Vivre ou Mourir en 1999, De ce Monde en 2005, On partira en 2010). Parlant de ce dernier album, son biographe actuel, Virginie Despentes, précise que : « On Partira » est un pur bijou, mais il n’entre dans aucune case. Bams ne fait pas de la musique estampillée banlieue, ni du rock de jeune, ni du r’n’b variétoche, ni de la chanson française pour radio d’État – son public reste fidèle, mais l’album reçoit l’essentiel de ses louanges à l’étranger, où les journalistes musicaux se réjouissent de pouvoir par­ler d’une artiste musicale française, qui, justement, se méfie des petites cases. ».

C’est donc cette Bams, anticonformiste qui se pose la question  Qu’est-ce qui se passe ici ? dans la 3ème plage où on reconnaît la présence artistique du Dj Junkaz Lou, celui qui était son compagnon de la première heure, une couleur rythmique qui n’a pas échappé encore une fois à Virginie Despentes : «  Bams retrouve Dj JunKaz Lou, son acolyte de composition depuis le premier disque, et Feel Good, pour travailler sur « Dérèglement Climatique ». L’élaboration de l’album se déroule sur un peu moins de deux ans… jusqu’à l’enregistrement à Midi Live, Villetaneuse, avec Timour Cardenas aux consoles. Et Gordon Cyrus mixe l’album, avec génie, il confère au disque un son cohérent, rond chaud et souple sans être jamais ronronnant, il en fait une bulle qui aurait des aspérités, des reliefs et des creux. Un univers, entier. Les compos sont à la fois classiques, qui n’égra­tignent jamais l’oreille, à la fois une explosion d’inventivité et d’audaces. Les guitares sont électriques, la wah wah ondule, les riffs reggae caressent l’âme et s’intègrent à l’électro afro punk, aux mélodies orientales, aussi bien qu’aux violons… Une musique qui refuse les genres. Obstinément. ». C’est un album à écouter, où on se laisse porter par les courants, un album qu’on écoute ici ou ailleurs, mais ici, dit-elle « on ne coupe pas les arbres ».

Bams devient défenseur de la Nature, quoi de plus normal donc que cet album s’intitule Dérèglement Climatique. Le titre éponyme de l’album fait étalage de toute la classe de Bams. Elle y mêle des sonorités entraînantes, mais aussi un message poignant, où elle fustige ces inégalités sociales, raciales, sociétales au nom de la « money, money ». Elle hurle aussi au nom de toutes ces femmes à qui on coupe le « clito ». Bams est en avance sur le monde de demain. Peut-être rêveuse ? Utopiste ? Pas tant que çà, puisque son réalisme l’emmène à reconnaître la bêtise humaine là où les enfants sont sodomisés, les étrangers expulsés, dans ce monde contemporain qui recherche sa boussole. C’est l’Hémisphère Nord qui nous plonge dans ce monde chaotique.  Alors, on implore Chaque Jour le Soleil, avant de se dire Adieu sur le dernier titre Radio Bams. A écouter et à réécouter !


Les filles, vous prenez le pouvoir quand ?

Les filles, vous voulez être quoi demain ? ministres ? journalistes ? Quoi donc ? Dites-moi quels sont vos rêves de demain ? Je pose la question parce que le 21 Octobre dernier, j’étais dans deux établissements scolaires de Yaoundé.Le Lycée Général Leclerc et le Collège de la Gaieté, deux écoles choisies par le système des Nations Unies pour la semaine des Nations Unies et l’opération UN4U.

Siège des Nations Unies

 

J’ai vu vos yeux pétiller de bonheur et d’admiration, surtout de savoir que la plupart des Chefs d’agences onusiennes sont des femmes…  A quand donc une femme Premier Ministre au Cameroun? A quand une femme Président du Sénat et de l’Assemblée Nationale ?

Dolorès, toi qui es une femme, dis-moi ! Pourquoi dans les femmes de chez moi ont du mal à prendre le leadership? Regarde cette beauté européenne comment elle gère le stand de l’OMS ( Organisation Mondiale de la Santé).

Stand OMS

 

Mais tu sais, ici j’ai peur. Les filles, même en master et doctorat te disent que c’est l’homme le chef de famille, c’est lui qui doit tout assumer à la maison, et elles se font entretenir. Pourquoi Dolorès les filles de chez moi ne sont pas plus ambitieuses que cela ? Pourquoi je dois entendre dans les conversations des filles toujours le nom d’un monsieur escroqué ou floué ? Dis-moi Dolorès, pourquoi tes filles du pays-ci ne rêvent pas ? Pourquoi quand tu leur offre des fleurs elles se fâchent ? Pourquoi quand tu leur offres un livre le jour de leur anniversaire, elles courent dire à leur copine que tu es ringard ?  Dis-moi Dolorès, que dois-je faire ?

Lors de ces journées portes ouvertes des Nations Unies à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun, j’ai interrogé les étudiantes de l’ENAM, celles de l’Université Protestante et celles de l’IRIC. Beaucoup m’ont dit ne pas connaitre les Nations Unies. Beaucoup ignorent qu’ils existent une journée de la jeune fille. Beaucoup ignorent qu’il existe une organisation qui s’appelle ONU FEMMES. Je leur ai alors demandé: « Et le 8 Mars ? ». Elles m’ont répondu que c’est un jour de fête où les femmes camerounaises doivent porter un pagne acheté par leurs hommes, puis elles iront danser dans un bar, se saouler, mettre en exergue leurs formes, et pour finir, attendre le 8 mars de l’année suivante. J’étais tellement sidéré par leurs réponses Dolorès, que je me suis rabattu vers les filles du lycée: Le Collège Atangana-Essomba et le Collège Enfants d’Afrique. Elles au moins rêvent à quelque chose. Je te prie de les écouter.

Rêves de filles


Un Café amer au journalisme partisan du Cameroun.

tasse de café

 

Le journalisme doit être militant et non partisan. Sont naïfs, ceux qui croiront que RFI, BBC, VOA et d’autres médias comme CNN ou AL JAZEERA sont neutres. Non, ils ne sont pas neutres. Ils sont dans une logique de propagande ou de défense des intérêts stratégiques de leurs nations. Mais le traitement reste pour autant professionnel.

Au Cameroun, la tendance est celle du journalisme des règlements de comptes. La semaine dernière, de nombreux médias avaient pris position pour la candidature de Roméo DIKA aux élections de la Société Camerounaise de l’Art Musical. Certains  journalistes et animateurs ont même déclaré leur flamme en direct dans leurs émissions. C’est une pratique qui manque d’éthique et de déontologie. L’artiste MANGO qui est l’épouse de Roméo DIKA est mon amie d’enfance. Est-ce pour autant que je suis allé défendre la candidature de son mari aux antennes ? Non ! Ce n’est pas le rôle d’un journaliste que de choisir un camp surtout dans une histoire qui ne regardait que les artistes. On aurait juste dit : « Que le meilleur gagne ! ». La question du droit d’auteur regarde les auteurs, c’est-à-dire les artistes, producteurs, et auteurs compositeurs.

Par ailleurs, le journalisme sportif au Cameroun est devenu tendancieux. Il y’a des pro et des anti Eto’o. A chaque émission de sport, il y’a des « spécialistes » des listes. Chacun y va de son commentaire à lui. Chacun croit savoir mieux que le coach quel joueur aligner ou pas. Si au moins, ces commentaires s’appuyaient sur des considérations techniques. Non ! Les journalistes mettent en avant leur proximité avec un joueur pour crier qu’on doit l’aligner. L’équipe nationale n’est pourtant pas une tontine du quartier. Là encore, je dois dire qu’Edzimbi Christine Mireille, qui a été ma voisine de banc au lycée, et épouse d’Idriss Carlos KAMENI, sait que je n’ai jamais défendu son mari. Au contraire, j’ai toujours estimé que depuis un moment, il ne méritait plus d’être appelé en équipe nationale, simplement par objectivité, je n’ai rien contre l’homme.

La question des gardiens de buts justement.

itandje

Le Cameroun a une tradition de grands gardiens de buts. Donc, personne ne doit nous faire croire que depuis Sydney 2000 avec la médaille olympique, le seul gardien de buts du Cameroun est Idriss Carlos KAMENI. On en vient même à oublier ALIOUM BOUKAR et ses deux CAN (2000 et 2002). On oublie les deux ballons d’or africains (BELL et NKONO). On oublie celui qui a été meilleur gardien du championnat espagnol (Jacques Songo’o). Car, là encore, certains pensent que depuis 2000, c’est-à-dire il y’a 13 ans, le Cameroun  n’a que Carlos KAMENI comme gardien. Il a fallu le match Tunisie-Cameroun du 13 Octobre dernier pour se rendre compte que Charles ITANDJE était bien un gardien de classe mondiale. Est-ce par hasard s’il a été gardien de l’équipe nationale Espoirs de France ?  Est-ce par hasard si Charles ITANDJE est titulaire dans son club ?

Pourtant de son côté, Idriss KAMENI, le sociétaire de Malaga n’a disputé que 19 matches depuis le début de l’année 2012. Ailleurs, Guy Roland Ndy Assembe Le gardien de Guingamp brille de mille feux après un début de saison délicat où il était un abonné du banc de touche de son club. Depuis il a récupéré la place de titulaire et les bons résultats pour le club Breton sont là pour le témoigner. Loïc Feudjou gardien de  Coton Sport de Garoua est le meilleur gardien local du moment. Il a même l’expérience internationale puisqu’il a disputé la demi-finale de la Ligue des Champions d’Afrique en 2013. Que dire d’AMOUR PATRICK TINGNYEMB qui est meilleur gardien en Afrique du Sud depuis plusieurs années? Tout cela est simplement la preuve qu’il existe de bons gardiens de buts au Cameroun, et qu’il faut accepter à un moment donné que les jeunes arrivent et qu’ils méritent aussi d’être titularisés. Le rôle des journalistes est de mettre en lumière les talents nationaux, car l’équipe nationale est celle des meilleurs du moment. Si on alignait des joueurs par simple nostalgie, je suis certain que Roger Milla, Patrick Mboma, Omam Biyick ou en encore Thomas Nkono seraient encore là aujourd’hui. Mais il s’agit bien d’une autre époque.

 


Rfidèle à ces soldats du journalisme !

RFI en deuil

Je n’aime pas cet air de musique : « On est en finale… On est en finale ! On est, on est, on est en finale ». Car en 2008, mon petit-frère et ses jeunes voisins du quartier étaient venus hurler devant ma porte : « On est en finale », lorsque le Cameroun avait battu le Ghana en demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations organisée par le Ghana. La suite était catastrophique puisque le Cameroun perdait la finale face à l’Egypte. En 2013 sur Radio France Internationale, en maltraitant l’actualité, Mamane avait crié un jour : « On est à Kidal… On est à Kidal ! On est, on est, on est à Kidal ».

Kidal était devenue le symbole de cette France conquérante, à l’assaut des groupes islamiques du nord du Mali. Cette chanson de Mamane était malheureusement un mauvais présage, car aujourd’hui le monde du journalisme est en pleurs. Ghislaine Dupont et Claude Verlon ne sont plus. Pourquoi ? Parce qu’ils voulaient nous informer. Informer est-il déjà devenu un métier à haut risque ? N’est-ce pas le paradoxe du plus beau métier du monde ?

Sacrés mois de d’octobre et de novembre. Une période qui semble fatale à la radio du monde qui change du monde de la radio. Ces mois sont devenus meurtriers pour nos journalistes de RFI, car, je me souviens la mort tragique de Johanne Sutton, à la veille de la libération de Kaboul, en route pour Mazar-e-Charif, la grande ville du Nord, c’était le 11 novembre 2001. C’était une dame que j’écoutais, elle donnait envie d’être reporter de guerre, mais tout comme le fameux « on est en finale », juste la veille de la libération de Kaboul, Johanne m’a fait comprendre que le journalisme de guerre est dangereux.

johanne sutton

Christophe Deloire, directeur général de l’ONG Reporters sans frontières nous a relu sur la chaîne Canal +, l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme en ce qui concerne le droit d’informer. Il précise aussi que « 2012 a été l’année la plus meurtrière » en ce qui concerne les reporters de guerre, soit 88 exactement. Peut-on et doit-on informer au péril de notre vie ?  La question mérite d’être posée, d’autant plus que la situation des journalistes en zone dangereuse a déjà préoccupé les Nations unies à travers la résolution 1738 de 2006 qui précise que « les journalistes sont des civils », mais force est de constater que les belligérants utilisent les journalistes comme des victimes.

Que dire aussi de ce journaliste qui aimait l’Afrique. Il me réveillait chaque matin avec des reportages poignants et sa signature unique : « Jean Hélène, Yamoussoukro, RFI ». « Jean Hélène, Monrovia, RFI ». Jean Hélène était le reporter des guerres, des conflits et des situations chaudes en Afrique. C’était l’exemple même du reporter de guerre. J’étais intrigué par son nom qui me rappelle un prénom féminin, mais j’étais admiratif de ses prises de risque : le Soudan, la Somalie, et le Burundi, il y était !

Jean Hélène

 

Mais aussi, les conflits au Rwanda, au Liberia, en Côte-d’Ivoire. La Côte-d’Ivoire qui le verra mourir. En effet, Le 21 octobre 2003, Christian Baldensperger, alias Jean Hélène, était abattu d’une balle dans la tête à Abidjan par le sergent Théodore Seri Dago. Ce journaliste aussi m’avait marqué. C’était un journaliste, c’était le journaliste !

Mais décidément, RFI n’aura pas de répit en ces mois d’octobre et de novembre. Voilà que Claude Verlon et Ghislaine Dupont ont été arrachés à la vie le 2 novembre 2013, à cause de ce journalisme de guerre. Entre sauver sa vie, et sauver l’information qu’auraient-ils dû choisir ? Certainement sauver l’info, car c’est elle qui sauve des vies au prix lourd de celles que nous perdons aujourd’hui. Celles de deux personnes qui se sont livrées avec force et courage pour donner à ces millions d’auditeurs de la radio mondiale, l’information qui elle, n’a pas de prix. RFI me berce depuis l’enfance. Elle agrémente mes journées, ses infos passent en boucle dans mes oreilles, et je suis donc devenu rfidèle et forcément, rfidèle aussi aux noms de ces journalistes qui en 30 et 40 secondes parfois, nous résument souvent la situation du monde tel qu’il va, en finale ou à Kidal.


Ce football africain qui ne lui appartient plus.

le roy

Il était une fois, Claude Leroy, un sorcier blanc qui vint au Cameroun dans les années 1980 pour entrainer l’équipe nationale de football. Ce sorcier blanc là se rendit à Pouma, une localité, un district même de la Sanaga Maritime pour regarder un match de football d’un championnat de vacances. Ce jour-là, il découvrit les frères Biyick (Omam et Kana), qui furent de 1985 à 1998, des joueurs incontournables de notre équipe nationale de football. Aujourd’hui, il est impensable, voire impossible de voir un sélectionneur s’encombrer de recruter un joueur dans un village. Ce serait un scandale. Un vrai, car dans le football contemporain, les équipes nationales subsahariennes sont des conglomérats de produits de joueurs évoluant hors du continent, c’est donc une équipe nationale de joueurs de France, Angleterre, Belgique, Suisse, Ecosse, Russie, Espagne, Portugal, Allemagne, etc.

Voilà donc que la CAF a cru devoir résoudre ce problème en créant Le Championnat d’Afrique des Nations des joueurs locaux (CHAN), qui n’a aucune valeur populaire et médiatique. Pire, les joueurs issus de ce CHAN sont supposés intégrer les équipes premières, que non ! Les regroupements des équipes nationales sont des regroupements des équipes en une semaine, ou trois jours avant une rencontre. Est-ce cela, travailler les automatismes ? Est-ce évoluer de manière collective ?

Voyons le cas camerounais.

LIONS

25 joueurs sont convoqués dont 25 professionnels, pas même le gardien n’est du championnat national. Comment expliquer cela ? Sauf à croire que nos championnats nationaux sont devenus tellement exécrables qu’il n’existe aucun milieu offensif dans tout le championnat camerounais, personne ne peut comprendre pourquoi on aligne Landry NGUEMO et Alexandre SONG, comme milieux offensifs par défaut. Personne ne peut comprendre pourquoi on aligne Dany NOUKEU, défenseur central, comme arrière droit par défaut. C’est que dans cette équipe nationale camerounaise, la notion de cadre est de plus en plus criarde. Un match gagné rapporte 6 millions de FCFA à chaque joueur. Comment expliquer qu’on ne puisse pas permettre aux joueurs locaux de bénéficier de cette prime qui représenterait leur paie en un an ? Comment expliquer qu’on ne puisse même pas injecter 4 à 5 joueurs afin qu’ils puissent gagner en expérience et en maturité ? Rigobert SONG était-il professionnel au mondial 1994 ? Marc Vivien FOE l’était-il à sa première sélection ? Roger MILLA l’était-il aussi ? Il nous semble que le football africain n’a pas commencé dans les stades européens, asiatiques ou américains. Où est donc passée cette âme footballistique africaine « du continent » ? On vous répondra que les stades africains sont vides, que les championnats n’attirent plus les foules.

Mais comment un championnat peut-il attirer des foules si tous les joueurs de l’équipe dite « nationale » jouent hors de la nation ? Comment peut-il attirer des foules si on n’a pas de star nationale à l’Union de Douala, à l’Asec Mimosa, à l’As Léopard ? Comment peut-on aller dans un stade alors qu’on sait pertinemment que ces joueurs locaux resteront des anonymes ?

La logique de la corruption des entraîneurs.

Les sélectionneurs nationaux africains subissent de nombreuses pressions de la part des fédérations et des ministères, du coup, les listes des sélectionnés ressemblent plus à des pactes sociaux et politiques ! Au Cameroun par exemple, la logique de l’équilibre des ethnies s’est invitée dans la feuille du coach. Seulement, le problème est plus grave, car le vrai souci des joueurs locaux c’est que ceux-ci ne peuvent pas :

–          offrir une voiture au coach ;

–          reverser 10% de leur prime de match à l’entraîneur des gardiens ;

–          envoyer un western union chaque mois au coach.

Ils ne peuvent pas monnayer leur place. Ils n’ont pas les moyens de leur plaidoyer, et surtout, ils n’ont pas d’avocats, même pas la Direction Technique Nationale supposée mettre en place des politiques de relais entre les catégories inférieures et la sélection fanion.

Si seulement il y’a une politique obligatoire de quotas de joueurs locaux en sélection fanion ! Si seulement l’entraîneur adjoint de l’équipe A était l’entraîneur de l’équipe A’, et que l’adjoint des A’ était entraîneur des Espoirs, l’adjoint des Espoirs entraînerait les juniors, son adjoint entraînerait les cadets et l’adjoint des cadets serait l’entraîneur des minimes. C’est cela travailler en synergie. C’est cela avoir des équipes nationales qui se relaient. C’est cela aussi avoir un football qui va de la base au sommet et non du sommet à la base. C’est cela qu’on observe en Europe où toutes les catégories se regroupent pratiquement aux mêmes moments : Moins de 17, moins de 19, moins de 21 sont activités au même moment que les A, en même temps, on intègre dans les A, les plus promoteurs des moins de 19 ou des moins de 20. Paul POGBA, le milieu de terrain de la France était le capitaine de l’équipe de France championne du monde junior en 2013, en même temps qu’il était régulièrement appelé chez les A.

Que les sélections nationales africaines en prennent de la graine. Qu’elles sachent qu’une équipe nationale est le reflet du football national et non des autres championnats. Que les professionnels viennent pour intégrer une ossature « nationale » et non une ossature de diaspora. Car, avec cette dernière, les stades africains, quand ils existent seront de plus en plus désertés. Les droits TV des télévisions africaines paieront de plus en plus les Droits de La Ligue Européenne des Champions, ou des champions nationaux européens. Pendant ce temps, quels droits TV financeront le football africain qui est si boudé ? Maintenant que la FIFA a demandé aux fédérations nationales de professionnaliser leur football, comment peut-on le professionnaliser quand tous les sponsors retirent leur participation comme c’est le cas avec la firme MTN au Cameroun ?

Quel est ce football qui se veut professionnel sans championnat junior et cadet ? Sans infrastructures adéquates ? Sans sponsor local ? Sans joueur local dans la sélection nationale ? S’agit-il vraiment encore du football africain ?

Il nous faut donc un visionnaire, quelqu’un qui peut oser comme Claude Leroy d’aller piocher dans nos lointains villages. Quelqu’un qui peut comprendre que le talent se trouve aussi à Biyemassi, Cocody, Yopougon ou Cotonou. Oui, le football africain a ses racines dans nos racines urbaines, rurales, mystiques et même insolites. Qu’il en soit ainsi !


4 MILLIARDS DE FRANCS CFA POUR LES FIANÇAILLES DE KANYE WEST.

Kim Kardashian and musician Kanye West watch the Los Angeles Lakers play the Denver Nuggets during Game 7 of their NBA Western Conference basketball playoff series in Los Angeles

Selon Le Petit Journal de Canal + qui lui-même reprend le magazine Vanity Fair, la star américaine du hip hop, monsieur KANYE WEST s’est fiancé. Tant pis pour vos mes sœurs Burkinabés, Gabonaises et Camerounaises qui rêviez d’être élues. Non, le rappeur ne se mariera pas avec vous. Il a choisi une autre, Kim Kardashian une star de la téléréalité. Et ce n’est pas çà qui m’effraie. Notre star a prévu un budget exorbitant à vous donner le tournis. Il ne s’agissait encore que de fiançailles, et voilà ce qui a été fait :

–          Location d’un stade de Baseball de 42000 places, l’AT&T Park de San Francisco

–          Invitation d’un orchestre.

–          Un jet privé qui fera l’aller-retour San Francisco-Los Angeles.

–          Une bague de Fiançailles qui coûte 6 millions d’Euros.

Kim et Kanye 2

Soit un total de 6.250.000 Euros pour les fiançailles seulement. D’accord, pas de quoi pavoiser au vu des mariages extravagants vécus ici et là, surtout chez les couples princiers. Ce qui est étrange, c’est la publicité qui tourne autour de cette demande en mariage bling-bling. Les strass et les paillettes autour d’une union qui finalement ne fera le bonheur que du showbiz, des médias et surtout de la presse people, sans compter quelques groupies africaines qui en parleront chaque jour à la cour de récré pour se croire branchées à la une de l’info. Elles oublieront le temps de ces commentaires enflammés que Cendrillon n’existe pas dans nos contes de fées africains, ni dans les légendes de nos griots, encore moins dans la vraie vie. Elles se demanderont peut-être pourquoi KANYE WEST n’achèterait simplement pas une bague de 150 Euros (100.000francs CFA), tant il est vrai qu’avec cette somme, on obtient de nombreux carats avec l’or du Tchad ou du Mali. Le budget de KANYE WEST pour demander la main de sa femme fait en tout 4.062.500.000 FCFA. Plus de 4 milliards et demi pour des fiançailles, cela suppose :

–          10 millions de boites de sardines pour les internats scolaires  du Cameroun ;

–          2709 salles de classes à l’Est de la RDC ;

–          4 stades de football de 15000 places pour organiser la Coupe d’Afrique des Nations 2019 ;

–          4.062.500 repas scolaires dans les cantines du Niger ;

–          4.062.500 puits et forages dans le Nord-Mali ;

–          1.354.168 moustiquaires gratuites pour lutter contre le paludisme au Congo ;

–          Des bourses d’études pour 203 étudiants africains au Canada ;

–          Des bourses d’études pour 1355 étudiants africains en France ;

–          10 élections municipales et législatives au Cameroun ;

–          Le salaire mensuel de 40.625 fonctionnaires camerounais ;

–          812.500 régimes de plantains au Gabon ;

–          162.500.000 préservatifs en République Sud-Africaine ;

–          2.389.706 kg de cacao en Côte d’ivoire ;

–          20.312.500 tas de manioc en République Centrafricaine ;

–          10.156.250 kg de riz au Sénégal, etc.

D’accord, ce ne sont pas mes fiançailles, d’accord, KANYE WEST a le droit de faire ce qu’il veut de son argent, mais si un instant il s’arrêtait seulement pour regarder les chiffres que j’ai mentionné plus haut, aurait-il eu autant envie de se fiancer avec tant de faste ?


Vol à cri de chat !

Chat

Villa d’un riche et chiche du quartier Omnisports à Yaoundé. Son gardien de nuit est aussi bête que ses pieds, et tous les voleurs du quartier voisin Elig Edzoa l’ont bien compris. S’il y’a une maison à cambrioler, c’est bel et bien celle-là. Du coup, lorsqu’une bande de trois voleurs projette d’aller cambrioler dans cette villa, pas besoin d’une grosse stratégie. Le gardien est un gros béta, alors ca va être un jeu d’enfants, se disent les trois voleurs. Quelle sera donc la stratégie ? Imiter le miaulement du chat. Ca va être très simple, pardi !

Alors, nos trois voleurs réussissent à intégrer la villa en l’escaladant. Ils infiltrent le domicile, se servent chacun d’un appareil électronique avant d’entreprendre de sauter la barrière. Le premier voleur réussit à sauter et se retrouve de l’autre côté de la barrière, sauf que la chute est bruyante et fait sortir le gardien de nuits de sa planque. Ce dernier se place devant le mur et demande :

–          Qui est là ? Qui a sauté de l’autre côté ?

Pas de réponse. Le gardien, le gourdin en main insiste :

–          Je demande qui est là ?

Pour le distraire, le voleur qui vient de sauter, entreprend donc de mettre en œuvre sa stratégie. Alors il répond :

–          Miaou…

Le gardien, se sentant rassuré, retourne à sa planque. Pendant ce temps, les deux autres voleurs restés dans la villa s’apprêtent aussi à franchir la barrière. Le premier saute et se retrouve de l’autre côté. Le gardien revient devant le mur et demande :

–          Qui est là ? Qui a sauté de l’autre côté ?

–          Miaou…

–          Ah, le chat, c’est toujours toi ?

–          Miaou…

Le dernier voleur resté surplace comprend que la réputation du gardien n’est pas volée. Il est vraiment bête comme ses pieds. Alors, il saute à son tour et de manière plus bruyante que ses deux compères.

–          Qui est là ? Qui a sauté de l’autre côté ?

Le 3ème voleur, devinant que le gardien allait encore tomber dans le panneau, décide de lui répondre tout net :

–          C’est moi !

–          Toi qui ?

–          Ne me dérange pas, c’est toujours le chat…

Alors, entre le gardien et le voleur, dites-moi, qui est le plus idiot ?


Un Café pour les Elus Municipaux du RDPC.

Logo RDPC

Chers conseillers municipaux du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, Parti qui exerce le pouvoir dans ce beau Cameroun. Voilà que vous venez de remporter partiellement ou totalement 305 communes sur 360. Cela veut dire que vous obtenez la majorité des gouvernements locaux au Cameroun. C’est cela qui m’intéresse, chers conseillers municipaux. D’autant plus que votre Secrétaire Général vient de signer une circulaire qui vous donne la latitude de choisir : Vos groupes communaux, vos maires et adjoints, et tout cela librement, puisque votre parti a décidé de vous laisser élire librement vos exécutifs communaux, bien que vous serez surveillez dans cette opération de très près par  un mandataire (facilitateur)  et un chargé de mission.

En attendant donc la  session de plein droit, des conseillers municipaux élus le 30 Septembre dernier, je voudrais vous rappeler cette disposition de la loi : Loi N° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation, Article 15 : « L’Etat transfère aux collectivités territoriales, dans les conditions fixées par la loi, des compétences nécessaires à leur développement économique, sanitaire, éducatif, culturel et sportif ».  Tout cela est précisé dans la loi Loi N° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes que vous connaissez sans doute mieux que moi. Alors, chers élus, pour mériter mon café, appliquez simplement la loi qui vous demande :

–          l’appui aux micros-projets générateurs de revenus et d’emplois ;

–          l’alimentation en eau potable ;

–          l’éclairage des voies publiques ;

–          la création, la gestion et l’entretien des cimetières publics ;

–          la création et la gestion des stades municipaux ;

–          la création et la gestion de centres socioculturels et de bibliothèques de lecture publique.

Vous voyez je n’ai cité que 6 points parmi les nombreux définis par la loi. Oui, chers conseillers du RDPC, votre tasse de café vous attend. Elle vous attend, à court, moyen et long terme de votre nouveau mandat. Élisez  les maires et maires adjoints que vous voudrez, cela m’importe peu. Je veux que vous financiez les jeunes de mon quartier, qu’ils cessent d’errer dans les bars et à discuter de sujets qu’ils ne maîtrisent.

Je veux de l’eau potable dans mon quartier, car on est fatigués d’attraper les dysenteries, les typhoïdes et autres maladies de l’eau. Oui, mes chers conseillers municipaux du RDPC, pour une fois, laissez un bel héritage à vos enfants. Entrez dans l’histoire pour toujours, afin que vous quittiez ces histoires par la Grande Porte. Je veux de l’éclairage public pour qu’on agresse plus et ne viole plus les jeunes filles de mon quartier juste parce qu’elles sont sorties acheter du pain. Je veux un cimetière digne de ce nom pour que je n’enterre plus mes morts dans ma cour. Je veux un vrai stade de football comme dans toutes les communes de France, pour que je ne passe pas mon temps à admirer les stades des autres à la télé. Enfin, je veux lire, je veux des loisirs pour les petits-frères, des manèges pour nos enfants, et des sorties le dimanche, comme pour toute famille normale… Mon café vous attend.