L’Education, quel cadeau aux enfants de Borgop !
Site des réfugiés de Borgop, Région de l’Adamaoua au Cameroun, précisément dans l’arrondissement de Djohong, qui se trouve à 20km. Il faut parcourir 110km depuis la ville de Meiganga pour arriver jusqu’ici. La route en terre embrasse volontairement tout usager, à pied ou en voiture, d’un nuage de poussière généreuse, avant d’échouer dans ce site de réfugiés. Ils sont en effet 15000 âmes ayant fui le conflit centrafricain pour se retrouver ici à Borgop. Partout, autour des tentes de l’UNHCR (Agence des Réfugiés des Nations Unies), le fulfulde et le sango sont les deux langues du camp. Ali Dan Juma, président du COGES (Comité de Gestion Scolaire) des ETAPEs (Espaces Temporaires d’Apprentissage) nous explique que ce sont essentiellement des populations Peulh qui ont traversé la frontière pour se retrouver dans cette partie du monde. Jusque là, seulement 112 enfants sur les 5000 que compte le site, étaient régulièrement inscrits dans une école centrafricaine. « Ils ont été reversés dans les écoles camerounaises ». Pour la majorité restée dans le camp, il fallait une réponse immédiate en faveur de ces enfants.
La réponse intégrée Education-Protection de l’Unicef s’est rapidement ébranlée : détection des besoins en soutien psycho-social, renforcement de la cohésion sociale, formation des encadreurs pédagogiques, etc. C’est ainsi que 68 ETAPEs pour l’éducation primaire formelle sont fonctionnels. Ici à Borgop, 4 sites accueillent 2100 élèves réguliers et assidus. Sous financement de l’Union Européenne, dans le cadre du projet « Enfants de la Paix », l’Unicef se déploie pleinement sur ce site. Dans les salles, les gestes sanitaires sont obligatoires : Eau potable, Propreté, Hygiène.
L’enseignant Mboum Bruno, volontaire dans ce projet, estime que les mentalités ont évolué. Ces enfants qui au départ, ont été exposés à des atrocités et à la violence, sont arrivés ici traumatisés, violents et turbulents. Aujourd’hui, une nouvelle donne s’observe sur le site de Borgop.
Ces modules éducatifs leur enseignent désormais le vivre-ensemble, la tolérance, la politesse et la propreté. De 8h à 14h, du lundi au vendredi (sauf le mercredi où ils terminent à 12h), les enfants de la paix de Borgop chantent, récitent, apprennent à lire et à écrire, y compris les jeunes filles. Une des maîtresses de l’ETAPE, Madame Aïssatou Ousmanou, a dû délivrer une de ses élèves d’à peine 14 ans, que son père voulait marier de force à un cousin, moyennant quelques noix de cola. Son plaidoyer est allé jusqu’au Patriarche du camp, afin que ce mariage forcé et précoce soit annulé. Elle obtiendra gain de cause, et son élève poursuit sereinement son apprentissage.
« Si moi je n’étais pas allée à l’école, je n’aurais probablement pas été là ce jour à enseigner ces enfants. Aucune fille ne doit aller en mariage contre son gré et avant l’âge de sa maturité » nous dit fermement Aïssatou, qui, bien que camerounaise, voit en ce combat de l’éducation de la jeune centrafricaine, d’abord une question de l’égalité et de l’autonomisation de la femme de demain.
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