DANIA EBONGUE

Il y’a aussi de la vie à NGUILA.

Vue de Nguila

Nous sommes dans le village NGUILA, arrondissement de NTUI, département du Mbam et Kim, région du Centre au Cameroun. Le Mbam et Kim c’est la rencontre de deux fleuves qui portent le même nom. C’est surtout le Cameroun en miniature, véritable brassage des peuples Bantous, semi-bantous et soudanais. Un peu de forêt et un peu de savane, et une grosse cohabitation entre musulmans et chrétiens. Le département du Mbam et Kim a la taille d’une région entière du Cameroun. Il s’étend sur 25 906 Km2 alors que toute la région du Littoral est 20 239km2, tout le sud-ouest à 24 571km2 et tout l’Ouest à 13 872km2.

Préfet du Mbam et Kim 2

Le préfet de ce département vaste a donc des allures de Gouverneur de région lorsqu’il préside la cérémonie de lancement de la 48ème fête nationale de la jeunesse, combinée avec la semaine nationale du bilinguisme. Le chef de terre, comme on l’appelle ici est l’hôte du proviseur du lycée bilingue de NGUILA, Alphonse MVENG qui accueille l’évènement.

Proviseur Alphonse Mveng

Tous les sous-préfets, et tous les chefs d’établissements scolaires sont présents à cette cérémonie, notamment les proviseurs du lycée bilingue de NTUI et du lycée classique de NTUI qui eux, accompagnent aussi leurs élèves venus participer à la finale départementale du Challenge interscolaire de l’émission LES COPS D’ABORD à NTUI.

Elèves de NGUILA

 

Les 5 arrondissements que sont NTUI, NGAMBE-TIKAR, NGORO, YOKO et MBANGASSINA sont présents dans cette enceinte du lycée, célébrant ainsi en danses, chants et en mets traditionnels, la culture des peuples Baveck, Sanaga, Babouté, Tikar, et Mvuté entre-autres. Des peuples qui vivent en cohabitation et qui subissent les migrations des populations des départements voisins ( Mbam et Inoubou, Haute-Sanaga, Lékié) sans parler des peuples musulmans venus de l’Adamaoua.

Populations de Nguila 2

Dans ce grand Mbam et Kim cosmopolite, une grande surprise gagne les esprits des autorités, celle de la victoire du Lycée de NGUILA, sur les deux lycées de la ville de NTUI, pourtant chef lieu d’arrondissement et de département. Le proviseur Alphonse MVENG déclarait pourtant que « Le niveau est très bas à NGUILA. Depuis 8 ans que je suis à la tête de cet établissement, je vous assure que nous sommes obligés d’accepter des élèves qui ont 2 et 3 de moyenne au concours d’entrée en 6ème. Notre zone rurale ne favorise pas la motivation des enseignants qui restent basés à Yaoundé et préfèrent venir ici une à deux fois par semaine pour enseigner. Nos résultats aux examens officiels ne sont donc pas reluisants ».

Ambiance

Alors quand ce fameux lycée, mésestimé par son propre proviseur remporte le challenge de culture générale, une joie hystérique envahit le peuple de NGUILA qui, l’espace d’une fête de la jeunesse, se dit fièrement qu’il y’a aussi de la vie là-bas.


Mireille, Miss Météo!

« La Météo sur la CRTV à 21h00…ne manquez pas ça! » Vu de France, cette annonce pourrait sembler banale, voire inutile, mais vu du Cameroun, la météo avait disparu des chaînes de télévision depuis 1993. C’est donc un évènement depuis mai 2013 : Le retour  du bulletin météo à la CRTV, chaîne de télévision publique nationale. Évelyne DHELIAT, Catherine LABORDE, Nathalie RIHOUET sont des icônes en France, de vraies miss météo qui ont collé à leur image, celle de la prévision du temps. Le temps qu’il fera physiquement, et même le temps qu’il fera politiquement, socialement, économiquement, etc. Cette météo new-look dont les porte-étendards sont Doria TILLIER et Pauline LEFEVRE sur Canal +. Regarder Doria, sur Canal +

Au Cameroun donc,  Miss Météo c’est Mireille Gracia Ahmadou, animatrice sur la CRTV. Elle a conçu elle-même sa météo, y a cru, a foncé et a proposé le projet à sa hiérarchie.

meteo 2

Mais, la CRTV n’ayant pas la technologie adéquate, surtout en termes de montages et d’effets spéciaux, c’est la société de production privée DRIMP FONDATION qui réalise le projet, de l’édition à la réalisation. La CRTV ne sert que de support, de lundi à vendredi à 21h.

14h, elle se positionne déjà au quartier Jouvence au 6ème arrondissement de Yaoundé. Malgré la perte récente de son époux, Mireille sait que la météo est importante en ces temps de changements climatiques à Yaoundé et elle sait garder le sourire. Le ministère des transports et Météo Cameroun lui ont déjà envoyé les prévisions météo dans sa boite électronique. La script de DRIMP se charge ensuite de mettre le texte sur le téléprompteur.

meteo

15h, le caméraman est positionné. Il s’est assuré que la bande verte derrière Mireille fait bien défiler le décor virtuel qui est composé de la carte triangulaire du Cameroun, les croquis des 10 régions, et les graphismes du soleil, des précipitations et des nuages. La météo camerounaise est désormais aussi belle, aussi vraie que celle que nous voyons sur les chaînes hexagonales.

prévisions

Désormais, le public camerounais n’a plus besoin de se référer à TV5 Monde ou aux sites Yahoo et Google pour avoir le temps qu’il fait. Le beau temps ou le mauvais temps, qu’importe, notre miss s’active, elle est l’espace de 5 minutes, la reine de la télé. Alors, vive la reine !

 


Quelques camerounismes

Ekiéé ! (Exclamation de surprise). Cela se dit même dans les conseils ministériels du pays qu’on appelle le Cameroun. Là-bas, le français a ses codes, un mélange de pidgin english, de langues vernaculaires et même de camfranglais, ce nouveau langage qui vous perd si vous n’êtes pas initié. Mais les camerounismes vont bien au-delà de simples néologismes. Tenez :

Une dame converse avec une autre passagère dans un taxi à Yaoundé. Elle se plaint de maux d’estomac. Mais pour saisir la conversation, il faut vraiment être initié quoi.

Taxi

–          Ma sœur je te dis, j’ai l’estomac. S’exclame la malade.

–          Wèèèèèèèèèèèèè (Exclamation de dépit) rétorque l’autre. Tu as fait comment pour avoir l’estomac ?

–          Je ne sais pas. J’avais d’abord le sciatique, maintenant c’est l’estomac. Je vais faire sauf que comment ?

–          Tu ne vois pas que tu dois aller à l’hôpital ?

–          J’étais là-bas non ?

–          Et on t’a dit quoi ?

–          On m’a dit que c’est parce que j’étais grosse.

–          Mais moi-même j’ai été grosse, pourquoi je n’ai pas eu l’estomac et le sciatique ?

–          Aka (Exclamation de rejet). Je ne sais pas oh. Tu as ton corps, j’ai mon corps.

–          Mais tu as quand même pris des médicaments ?

–          Sans prendre ? Hum, sinon c’est seulement mon cadavre que tu allais voir maintenant.

–          Va alors voir la femme de mon quartier qui fait les produits là.

–          Quelle femme ?

–          La femme-là qui fait l’indigène. Ses produits soignent jusqu’à.

–          Il y’a pas faute, je vais sauf que partir.

Vous avez compris quelque chose ?

Essayons donc de transcrire :

–          Ma sœur je te dis, j’ai mal à l’estomac, s’exclame la malade.

–          Dis donc ! rétorque l’autre. Comment est-ce possible ?

–          Je l’ignore. J’avais tout d’abord des douleurs au niveau du nerf sciatique maintenant c’est l’estomac. Je n’y peux rien.

–          Tu ne vois pas que tu dois aller à l’hôpital ?

–          J’y étais effectivement.

–          Et on t’a dit quoi ?

–          On m’a dit que c’est le résultat de ma grossesse.

–          Mais moi-même j’ai été enceinte, je n’ai pourtant pas eu ces maux.

–          Laisse tomber !  Je n’en sais rien. A chacun son organisme.

–          Mais tu as quand même pris des médicaments ?

–          Bien sûr que si !  Sinon je serais morte aujourd’hui.

–          Je te suggère la dame de mon quartier qui fait la médecine traditionnelle.

–          Quelle femme ?

–          La femme-là qui soigne à l’indigène. Ses produits sont très efficaces.

–          Sans faute ! J’y vais de ce pas.

 

Vive la langue française ! Vive le Cameroun !


Je suis Duala et je n’aime pas Douala.

Je m’appelle DANIA EBONGUE, j’appartiens à deux familles royales : Le canton BELL et le canton BELE BELE. Je suis un sang pur sang Duala. Mes grands parents, mes arrières grands-parents et mes aïeux ont flirté avec les colons et les explorateurs de cette ville. Ma famille de Bonabéri comme ma famille de Bali sont au cœur de l’histoire administrative de la ville de Douala. C’est donc un vrai prince Duala qui vous parle, et pourtant, je n’aime pas la ville de Douala, malgré l’amour que René Jackson Nkowa porte à cette ville.

Douala

Je suis né à l’hôpital Laquintinie de Douala. En 1978, c’était l’hôpital de référence de la capitale économique du pays. Aujourd’hui, l’hôpital Laquintinie est réputé pour son trafic des organes et la manipulation des corps à la morgue.

Douala pue, Douala sue, Douala se pollue.

Qu’ont-ils fait à ma ville ? Qu’ont-ils fait de ma ville ?

Douala sent mauvais. Elle sent l’odeur des usines, des eaux souillées, des rigoles bouchées. Elle sent l’odeur de l’insécurité, des meurtres dans les quartiers. Elle sent l’odeur des villes mortes de 1990 et des émeutes de la faim de 2008. Et From Douala with love nous rappelle qu’à Douala, l’eau de caniveau est à boire.

Qu’ont-ils fait à mon pont sur le Wouri ? Aujourd’hui, ce pont n’est plus que l’ombre de lui-même. Il a fallu que le grand Tara de la République vienne lui-même poser la première pierre du deuxième pont, car le premier est bouché, impraticable, sclérosé.

Qu’ont-ils fait de mon fleuve ? Ils l’ont démythifié, démystifié. Ils ont banalisé le rite de mes ancêtres (Le Ngondo). Ils ont transformé mon fleuve en plate-forme pour cimenteries. Ils ont souillé mon fleuve, et tous les poissons sont morts ou partis. La rivière des crevettes n’est plus (Rio dos Camaroes en Portugais, fleuve qui baptisa le Cameroun). Cette  Rio dos Camaroes n’a plus des crevettes, mais un ensablement critique.

Qu’ont-ils fait du Port de Douala ?  Ce port où ma grand-mère a travaillé. C’était la véritable porte d’entrée du Cameroun et de l’Afrique Centrale. Aujourd’hui, le port de Douala brille par ses trafics les plus souterrains, et des échanges les plus occultes.

Qu’ont-ils fait de l’Aéroport de Douala ?  Demandez à ma sœur Tjatbass ! Elle nous révèle que L’aéroport de Douala, c’est vraiment une grande connerie. Douala n’est plus un aéroport digne de l’adjectif international. C’est un grand marché à la sauce désordonnée. C’est surtout un haut lieu de stress pour les arrivants et les partants. Mais un vrai calvaire, pardi !

 Douala 2

Qu’ont-ils fait de mes lieux de sorties ? Avant Douala avait des firmes comme Monoprix, Aux Bonnes Courses, etc. Douala avait des salles de cinéma : Le Fohato, Le Wouri, Le Concorde, Le Paradis, etc. Aujourd’hui Douala est prise en otage par des discothèques d’un autre genre, avec une clientèle particulièrement bizarre.

Qu’ont-ils fait des hôtels de ma ville ? Oui, il a fallu que France 2 et l’émission Envoyé Spécial viennent ici pour que je sache que la pédophilie et le trafic des jeunes filles existent dans ma ville. Que dire des crimes dans les hôtels ?

Qu’ont-ils fait de mes équipes de football ? Oryx premier champion d’Afrique des clubs ? La Dynamo du Canton Bassa ? Léopards du canton Deido ? Stade de Bonaberi ? Caïman du canton Akwa ? Où sont passés ces clubs qui ont pourtant fourni des Roger Milla, Joseph Antoine Bell, Mbappé Léppé, etc.

Qu’ont-ils fait de ma jeunesse ? Elle se déscolarise, se drogue, se pervertit, s’immigre, se radicalise, se marginalise. Elle se dégrade ma jeunesse. Heureusement au moins, il y’a une autre jeunesse qui elle, est présente dans la communauté Twitter du Cameroun. Oui, ma chère Danielle IBOHN, « ba pè nà tilà »( moi aussi j’écris comme toi).

Qu’ont-ils fait des mœurs de ma ville ? Elle a foutu le camp, la politesse. Bonjour, Bonsoir, Merci, Pardon, sont des mots inexistants. Douala est agressive, violente, insultante, désagréable.

Qu’ont-ils fait de la spiritualité de ma ville ? Ils l’ont spoliée au profit de pratiques magico-mystiques, de pactes, de rites de magie noire et d’incantations quotidiennes dans les quartiers de Douala. Ma ville sent l’ambiance de sorcellerie. Les églises remplacent leurs chapelets par des amulettes. Les pasteurs sont devenus des féticheurs, et les chapelles sont devenues des autels de pratiques vaudou. Ils ont réduit le pouvoir de mes Chefs traditionnels. Ceux-ci se sont érigés en Chef de clans secrets. Le pouvoir ancestral est devenu pouvoir de musée. Douala est à quelque chose près, en attente de cet Hercule qui nettoiera les écuries d’Augias.

En attendant, je vis à Yaoundé, et ici, tout n’est peut-être pas beau, mais j’aime cette ville et ses 7 collines protectrices. J’aime cette capitale et son air pur. J’aime cette ville administrative et son protocole. J’aime le siège des institutions et son ambiance frémissante de l’exercice du pouvoir central. Je suis Prince Duala, mais mes amis sont des patriarches Bétis (Tribu de la Région de Yaoundé). Je suis supposé être enfant des eaux (du Wouri), et pourtant les chefs de Yaoundé me livrent les secrets des montagnes et des forêts. Yaoundé, ma ville d’adoption me rappelle cette phrase célèbre du président Biya : « Tant que Yaoundé respire, le Cameroun vit ».

 


Un 1er février aux allures de 8 mars.

C’est la journée internationale de la femme ce 1er février 2014.  Oui, une journée internationale de la femme. En tout cas, une journée internationale au féminin. Une de plus peut-être ? Visiblement non, du point de vue du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel en France (CSA) qui inaugure ce 1er février, la première journée internationale des 24 heures du sport féminin dans les médias en association avec les ministères français de des sports, de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, ainsi que le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), et plusieurs fédérations sportives.

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Mais, alors, en quoi une activité franco-française devient-elle journée internationale, serions-nous tenté de nous demander ? C’est que, le caractère international de cette journée provient de deux facteurs : Premièrement, le regroupement de plusieurs chaînes de télévisions et de radios (dont la plupart sont diffusées au-delà du territoire français), et deuxièmement, le caractère international du sport et des sports n’est plus à démontrer.

Les deux facteurs mis ensemble épousent donc la philosophie de cette journée internationale des 24 heures du sport féminin. A en croire Olivier Schrameck, Président du CSA : « Je rappellerai le chiffre issu d’un mois d’observation de la programmation de douze chaînes nationales de télévisions, gratuites comme payantes, généralistes comme thématiques : il en est ressorti qu’à l’exclusion des évènements mixtes, le sport féminin ne représentait que 7% du volume global des retransmissions sportives ». Plus grave, « Près de 40 % des compétitions sportives masculines sont diffusées à la télévision, contre 25 % des compétitions féminines », précise Christine Kelly. Et la présidente de la mission sports du CSA, à l’origine de l’initiative, d’ajouter : « Il faut faire un constat général, la condition féminine est en souffrance. On le voit à l’Assemblée nationale, où, malgré une loi sur la parité, on a 23 % de femmes. On voit le salaire des femmes, leur condition dans les entreprises. Le sport féminin reflète un mal qui existe dans la sociétéAlors une cinquantaine de médias se sont mobilisés pour l’opération :  120px-Logo_TF1.svg France TV  RTL, beIn Sport, France Inter Eurosport,  ou encore TV5 pour le véritable rayonnement international de l’opération.

Les différentes télévisions opèrent à travers des reportages, des magazines, des retransmissions de compétitions ainsi que par la couverture des différentes manifestations organisées lors de cette journée. Au-delà du caractère événementiel de la journée, c’est carrément une politique publique internationale que Christine Kelly semble ainsi impulser : « Oui, les médias ont un rôle à jouer, mais les instances dirigeantes et les fédérations également. Pourquoi demander, par exemple, à une chaîne de diffuser un match de volleyball si la salle où les filles jouent n’est pas bien éclairée, s’il n’y a personne dans les gradins ? La collectivité locale peut aider à avoir la salle, la fédération peut aider à rassembler des spectateurs. Tout le monde a un rôle à jouer pour améliorer cette visibilité en souffrance », insiste la présidente de la mission sport du CSA.

Evidemment, ce qui est valable pour la France l’est un peu plus pour l’Afrique. A quand remonte la dernière compétition féminine diffusée au Cameroun ? C’était le tournoi féminin de football des jeux olympiques de Londres 2012. Depuis lors, absence totale du sport féminin à la télévision. Même les finales nationales ne sont pas retransmises à la télévision. Que dire de la chaîne de télévision Supersport, 100% de sport, et à peine du sport au féminin.  Pourtant, les athlètes en Afrique portent souvent le nom de femmes : Françoise MBANGO (deux fois médaillée d’or olympique au triple saut), ou encore Murielle AHOURE (vice-championne du monde du 100m et du 200m). Alors si le 1er février, le sport féminin s’invite (un peu) sur les chaînes de télévision, vivement que les chaînes de télévision s’invitent aussi plus souvent dans les stades…Au féminin !

 


Il y’a aussi de la vie à Mbankomo !

Rassemblement des élèves

Il existe un coin de la terre, non identifié par Google Maps qui s’appelle Mbankomo. Et pourtant, cet arrondissement est à 20 minutes de route de la capitale camerounaise, Yaoundé. Et alors ? Me demanderiez-vous. Et alors, il y’a aussi de la vie là-bas. Il y’a aussi des hommes, des femmes, des adultes, des enfants, qui ont des émotions, des envies, des loisirs, des joies, des peines, des craintes, des espoirs. Et alors, c’est une ville de passage. Le genre de ville qu’on traverse parce qu’elle est située dans un axe routier, un axe interurbain (en l’occurrence l’axe Douala-Yaoundé). Et alors, ces populations se mobilisent chaque jour pour arpenter  cet axe et siffler les voyageurs et les passagers.

Et alors, à Mbankomo, se trouve un poste de pesage, et non loin aussi, un poste de péage. Le seul cliché qu’on a de cette ville est le regroupement de ces hommes et femmes, et même ces adolescents qui n’ont que pour unique source de revenus que de crier après les autobus de transport avec leurs vivres frais, et leurs fruits. Oui, il existe aussi de la vie à Mbankomo. Là-bas, se trouve un lycée. Un lycée moderne d’ailleurs, avec une salle informatique, de l’électricité et même un point d’adduction d’eau.

Pompe à eau du lycée moderne de Mbankomo

Là-bas, les élèves sont enracinés dans leur culture départementale, celle de la Mefou et Akono (qui regroupe plusieurs familles de la Tribu Béti), mais aussi ouverts à la modernité, ouverts au monde. Là-bas, les enfants savent parler Ewondo, Eton ou Bassa, les dialectes du pays, mais savent aussi s’exprimer correctement en anglais et en Français.

Oui, à Mbankomo, un élève n’a rien à envier à celui de Yaoundé. Il va à Yaoundé quand il veut, il a aussi le câble et le satellite, un a aussi un téléphone dernier cri, mais il a surtout la force de l’ancestralité avec lui, car il vit dans sa ville qui est aussi son village. C’est ainsi que les élèves du Lycée Moderne de Mbankomo,

Elèves du Lycée Moderne

les élèves du Lycée de Mbalngong,

Elèves du lycée de Mbalngong

les élèves du Lycée d’Angongo,

Elèves du lycée d'Agongo

et les élèves du Lycée Technique de Mbankomo

Elèves du Lycée Technique

se sont affrontés le mercredi 29 Janvier 2014 dans la salle du Lycée Moderne de Mbankomo pour la finale départementale du Challenge Interscolaire de Culture Générale, cette compétition intellectuelle et culturelle qui fait le tour des régions du Cameroun. Au finish, le Lycée Moderne se qualifie pour la finale nationale, mais c’est tout l’arrondissement et le département qui en sortent vainqueurs.

Séquence d'Animation 4

Les villages voisins ( Mbalngong et Angongo) ont aussi donné cette double image de modernité et d’enracinement, au grand bonheur des membres de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés, profitant de cet évènement pour sensibiliser la jeunesse locale sur ses droits, notamment le droit de dénoncer un professeur qui harcèle sexuellement un élève. Oui, car on oublie souvent à Yaoundé que les campagnes ne doivent pas cibler que les grandes métropoles. Les multinationales, les Organisations Internationales et les ONG, sans parler du gouvernement lui-même, se limitent presque toujours à Yaoundé et à Douala pour leurs différentes journées et campagnes. Et pourtant, il y’a aussi de la vie à Mbankomo.


Amobé, le chantre de l’infomusement

Amobé Mévégué, c’est  un géant des médias. L’homme nous était apparu  sur les écrans de la chaîne MCM AFRICA au début des années 2000. Puis un jour, il est arrivé à Yaoundé pour l’inauguration de RFI en FM au Cameroun. « C’est ma première mission dans mon pays », avait-il déclaré. Il avait alors animé une série d’émissions en direct du palais des congrès de Yaoundé. C’était l’émission Plein Sud  dans laquelle les diversités africaines s’exprimaient régulièrement. Vous pouvez d’ailleurs réécouter les meilleurs moments de cette émission en cliquant ici.

Entre-temps, Amobé a lancé son journal AFRO BIZ, avec un motif toujours plus grand, dévoiler tous les talents de ce continent dont il est si fier. Une expérience à TV5, une autre à France 24, Amobé est simplement le producteur-animateur le plus vu des 10 dernières années sur les écrans africains, et sa voix, transportée dans plusieurs capitales africaines par les ondes de RFI a permis de garder de lui des expressions telles que : « La chocotologie » l’art de chicoter, ou encore « Tara », cette expression familière camerounaise, qui veut dire « mon gars » ou « mon type ».  Garder cette authenticité africaine n’est pas facile pour quelqu’un qui a longtemps vécu dans à l’Hexagone. Que dire alors de ses tenues qui sont toujours brodées à la sauce africaine.

Naissance de UBIZNEWS, la chaîne INFOMUSEMENT.

ubisnews

Mais Amobé ne s’arrête pas là. Pendant qu’il continue de nourrir l’actualité culturelle sur France 24 , le voici qui crée il y a quelques années, la chaîne de télévision UBIZNEWS. «  Je pense que tout est info et news dans la vie. Du fait divers à la culture, de la blague à la musique, on peut tout transformer en info. Voilà pourquoi notre slogan est l’infomusement. On peut s’amuser en écoutant de l’info, et on peut informer en amusant », me confiait-il au téléphone la semaine dernière. Amobé  est fier de cette réalisation et il y a de quoi. Ce projet d’abord initié en ligne sur Internet est présent depuis quelques mois sur le canal 161 de CanalSat Horizons. Amobé y étale toute sa classe et toute son expérience. De l’image au ton, du son, en passant par la couleur d’antenne, le pari de UBIZNEWS est réussi. Toutes les 30 minutes, des boucles nouvelles : l’actualité du continent,  mais aussi des magazines et de la musique originale. Un programme qui nous sort de la routine des autres chaînes musicales panafricaines.

 

Chez UBIZNEWS, on annonce pour bientôt l’arrivée de certains présentateurs avec des émissions clés. Par exemple, le meilleur animateur radio-télé du Cameroun, Ambroise Nkama (dit Wally) , qui fait partie de ce casting spécial .  « Tout est pensé, voulu et conçu soigneusement avant de passer à l’antenne » précise Amobé. C’est donc une vraie vision qui s’est concrétisée avec la création de cette chaîne. Une vision multiculturelle de l’Afrique, une vision multilinguistique aussi puisque les langues et les dialectes se mélangent et enrichissent le français, langue mère de UBIZNEWS.

UBIZNEWS, la chaîne qui se voit partout.

Ubiznews a le mérite de couvrir plus de 40 pays dans le monde en ce moment. Le dernier exploit étant de se rendre visible en France et accessible directement par les abonnés du réseau SFR. Cette prouesse d’Amobé montre bien que ce projet va bien au-delà d’une simple exposition de l’Afrique, mais d’une véritable chaîne internationale qui a pour but à moyen terme de délocaliser ses émissions et de créer des bureaux régionaux dans plusieurs pays africains. Cette visibilité nouvelle de la chaîne est le fruit des années de métier d’un homme qui sait amuser chaque fois qu’il informe, et qui sait informer chaque fois qu’il s’amuse. Bienvenue donc dans l’ère de l’Infomusement.


Un Café à cet Eto’onnant Chelsea !

Samuel Eto'o savourant sa prestation
Samuel Eto’o savourant sa prestation 

© ADRIAN DENNIS / AFP

Il y’a des jours comme çà, où une étincelle jaillit dans un stade de football et fait gémir de bonheur des millions de spectateurs et de téléspectateurs. Il y’a des gens nés pour briller, des fils d’Afrique dont l’unique talent est de jongler le ballon rond. Il existe un type de joueur  qui sait donner du plaisir à un club et décevoir l’autre en face. Oui, il existe sur terre des joueurs qui, même lorsqu’ils sont oubliés, parviennent à rappeler à la planète terre qu’ils sont les princes du sport-roi.

Dimanche 19 Janvier 2014, Eto’o a su marquer les esprits (au propre comme au figuré) face à Manchester United : Du gauche, du droit, de près et de loin : Samuel Eto’o a tout fait à la défense de Manchester United (3-1), dimanche. Le dernier triplé d’un joueur de Chelsea remonte à 60 ans plus tôt, et il fallu que Samuel Eto’o relève le défi, offrant ainsi en passant, une 100ème victoire sur le banc d’entraineur, à son coach José Mourhino dans ce championnat d’Angleterre de Premier League au spectacle garanti.

Le cœur des africains a encore vibré en voyant cet Eto’o virevoltant malgré sa surcharge pondérale héritée de ces saisons en Russie, et son âge avancé (33ans).  Oui, il existe des numéros 9 camerounais (comme ce fut le cas de Roger Milla) qui peuvent encore faire des merveilles quand ils sont inattendus.  Que dis-je ? Inattendu ? Rien n’est inattendu chez Samuel Eto’o qui mérite plus que jamais ce café. Oui, Samuel est le joueur africain le plus titré, et son palmarès est plutôt éloquent :

 

Palmarès de Samuel Eto’o

Copa del Rey 2003 (Majorque), 2009 (FC Barcelone)
Coppa Italia 2010, 2011 (Inter Milan)
Coupe d’Afrique des Nations 2000, 2002 (Cameroun)
Coupe du monde des clubs 1999 (Real Madrid)
Coupe du Monde des clubs 2010 (Inter Milan)
Coupe du monde des clubs 2011 (Inter Milan)
Jeux Olympiques 2000 (Cameroon (oly.))
Liga 2005, 2006, 2009 (FC Barcelone)
Ligue des champions 2000 (Real Madrid), 2006, 2009 (FC Barcelone), 2010 (Inter Milan)
Serie A 2010 (Inter Milan)
Super Coppa italienne 2010 (Inter Milan)
Supercoupe d’Espagne 2005, 2006 (FC Barcelone)

 

Qu’il y’a-t-il encore à rajouter ?

 

 


Pourquoi négliger nos CHANpions ?

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Voilà une semaine déjà que le CHAN (Championnat d’Afrique des Nations), la 3ème édition a débuté en Afrique du Sud. Cette compétition, comme on le sait, réunit les équipes nationales A’, c’est-à-dire celles qui n’évoluent que sur le continent africain. Cette raison est suffisante pour que l’intérêt même de cette compétition soit contesté. Parce que depuis longtemps, les stades africains sont vides. Le football local attire très peu de monde, et l’unique attrait que les spectateurs ont pour le football, c’est bien lorsque les Yaya Touré, Drogba ou Eto’o sont présents dans un stade. Faut-il donc en déduire que le football africain est meilleur lorsque les joueurs évoluant hors du continent se déploient sur nos pelouses ou ce qui en tient lieu. Veut-on nous faire croire que si un joueur n’évolue pas à Marseille, Chelsea, ou Manchester City, il n’a aucune chance d’être adulé par le public du continent parce que fort peu médiatisé, fort peu payé, fort peu connu.

Mais à qui la faute, si ce n’est aux journalistes africains eux-mêmes, qui dans leurs manchettes font d’abord l’apologie des joueurs africains évoluant en occident ? A l’exception peut-être de ce journaliste photographe mauritanien qui a tout fait pour se retrouver au CHAN 2014, très peu des professionnels de la plume et du micro s’en donnent à cœur joie pour cette compétition que même les antennes africaines de BBC, RFI et CANAL + couvrent au rabais. On est loin des grands directs et des grandes analyses des consultants comme Joseph Antoine BELL, on est loin des chroniques sur le CAN, on est en tout cas d’un show médiatique digne de ce nom. Nos CHANpions sont oubliés, négligés, laissés au maigre sursaut de quelques rares télévisions nationales  obligées de suivre leur équipe. Ajoutez à cela la phrase de Patrick MBOMA, consultant sur Canal + : « Le CHAN n’égalera jamais la CAN ».  Lorsqu’un ancien ballon d’or africain fait ce genre de déclaration, que faut-il attendre de la visibilité d’une telle compétition ? Lorsqu’une icône du football africain a une telle posture dans une émission qui s’intitule pourtant « Talents d’Afrique », doit-on donc conclure que les talents africains ne se trouvent pas en Afrique ? Dans ce cas, peut-être faut-il admettre que ce football africain ne lui appartient plus.

Et pourtant, j’ai regardé un excellent match opposant le Nigéria au Mozambique sur la chaîne nationale de RDC. Là bas au moins, le football local est mis en valeur par le TP MAZEMBE de renommée mondiale (tout de même vice-champion du monde des clubs dans son palmarès), et presque toute l’équipe A est constituée de joueurs locaux. En RDC donc, le CHAN a un réel goût de CAN. De plus, des équipes comme le Ghana et le Nigéria profitent de cette compétition pour en faire une répétition générale pour la coupe du monde au Brésil. Le fait que Stéphen KESHI soit également le sélectionneur des A’ n’est pas le fait du hasard, car une bonne partie de son ossature actuelle complétera celle des professionnels au mondial brésilien. Des équipes comme le Maroc, répètent déjà la CAN 2015 c’est tout l’intérêt des rencontres comme celle qui l’a opposé au Burkina Faso.

Le CHAN est beau, je puis vous assurer, c’est une fête du football africain aussi belle que les autres. Elle manque de visibilité certes, mais elle est la garantie de la relève du football continent. Pour preuve, pour donner un coup de pouce à la jeune compétition, la Fifa a décidé, à partir du 12 janvier, de prendre désormais en compte les rencontres du CAN comme l’un des critères de son classement mensuel des sélections africaines. Chers médias d’Afrique et d’ailleurs, avez-vous besoin d’une motivation nécessaire ?  En out cas, cliquez ici pour avoir le calendrier des rencontres et , pour découvrir les enjeux de ce CHAN 2014.



RCA : Biya demande que la Misca soit transformée en mission onusienne

Paul Biya

Ce n’est pas toujours que le président de la République du Cameroun se prononce aussi clairement sur les questions diplomatiques. Le Cameroun a en effet une réputation de non-aligné ou de pays neutre, parfois même indécis. On reproche très souvent à ce pays moteur économique de l’Afrique centrale, de pratiquer la politique de la chaise vide lors de différents sommets. Pour preuve, pendant que le sommet de la CEAC (Communauté des Etats Afrique centrale) s’ouvre à Ndjamena ce 9 janvier 2014 avec pour ordre du jour la situation préoccupante en République centrafricaine, Paul Biya lui, recevait au Palais de l’Unité de Yaoundé, les vœux du corps diplomatique accrédité à Yaoundé. Comme un paradoxe, le doyen du corps diplomatique qui a pris la parole à cette cérémonie de vœux était de nationalité tchadienne. Personne ne peut croire que le chef de l’exécutif camerounais ait choisi le 9 janvier par un simple hasard du calendrier pour donner clairement sa position au sujet de la RCA. Il demande que la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine) devienne une force de maintien de la paix de l’ONU.

A-t-il boudé ce énième sommet ou en a-t-il simplement assez de ces spéculations autour de la RCA ? Il est clair que Paul Biya n’est pas en phase avec son voisin, car on le sait, le Tchad s’accroche à la Misca alors que plusieurs pays du Conseil de sécurité ont demandé que la Misca se transforme en une mission des casques bleus de l’ONU. Peut-être alors que le Cameroun a bien compris que « les jours à venir sont pleins de surprises et d’événements pour la France tout comme pour le Tchad, nous saurons alors qui sera le gagnant dans cet imbroglio à plusieurs facettes et dimensions ».

Le paradoxe est que le Cameroun est pourtant l’un des contributeurs de la Misca. Paul Biya se félicitait d’ailleurs lors de son discours à la Nation du 31 décembre 2013 en ces termes : « C’était le devoir, et c’est l’honneur, des soldats camerounais, de participer aux opérations de la force internationale qui visent à restaurer la sécurité et à protéger les populations chez notre voisin immédiat ». Mais alors, que s’est-il passé dans la tête du président entre le 31 décembre 2013 et le 9 janvier 2014 pour qu’il soit aussi formel : « Chaque  jour qui passe nous montre combien est complexe la situation (…)  d’où la nécessité de la transformation de la Misca  en une opération de maintien de la paix, conformément à la  résolution 2127 du Conseil de sécurité ».

Le Cameroun est un des contributeurs de la Misca. Il est aussi partie prenante de la Fomac (Force multinationale de l’Afrique centrale) et de la Mission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (Micopax). Ces deux  forces d’interposition déployées depuis plusieurs années par les pays de la région se sont révélées incapables d’atteindre l’objectif d’un retour à la normalisation dans ce pays pauvre et enclavé. A ce jour, le Cameroun a déjà rapatrié près de 3 800 ressortissants à travers un pont aérien entre Bangui et Douala. Faut-il en déduire que le Cameroun craint de plus en plus pour la sécurité de ses frontières et interpelle l’ONU pour arbitrer au plus vite cette situation devenue incontrôlable ? Yaoundé a-t-il compris que dans Bangui à feu et à sang, « chaque avion qui le quitte, quelle que soit sa destination, délivre ses passagers de l’enfer ».