DANIA EBONGUE

Le Cameroun de 2019 ?

cameroun-drapeau

J’ai tendu l’oreille attentivement ce samedi après-midi du côté d’Addis-Abeba. Ca y est ! Le Cameroun sera organisateur de la Coupe d’Afrique des Nations de Football Senior en 2019. Du coup je constate : 2019 ? C’est si loin, et si proche.

Si loin parce qu’on aura chacun 5 ans de plus, si loin parce qu’on ignore même l’environnement qui sera de mise. Si loin, parce que ce sera un an théoriquement après la fin du septennat actuel de Paul Biya. Si loin parce qu’on ignore ce que deviendra alors en ce moment là Boko Haram. Personne, non personne, ne peut se projeter avec exactitude en 2019. Si loin parce que personne ne sait de quoi demain sera fait simplement.

Mais hélas, on est aussi si proche. On est si proche de cette CAN 2019. Comptez bien : 1, 2, 3, ….47 ans après que le Cameroun aura organisé son unique CAN en 1972.  47 ans ! C’est une vie, 47 ans, c’est même une éternité, et voilà donc le Cameroun qui se réveille de son long sommeil structurel et infrastructurel pour organiser la grande messe du football africain. On a ciblé 5 grandes villes pour ce faire : Yaoundé, Douala, Bafoussam, Garoua et Limbé (Grand Sud, Grand Littoral, Grand Ouest et Grand Anglophone, toute la symbolique de l’unité nationale s’y trouve).

Ces nouveaux stades devront donc être effectifs pour 2019. Quand on sait que le Cameroun est le pays de la réunionite et des lenteurs administratives, on se demande si on va tenir les délais. Mais je voudrais voir bien au-delà du football : il faudra des routes, des hôpitaux, des hôtels, des aéroports, des terrains d’entrainement, des unités de sécurité, des volontaires, un plan de Communication,  des infrastructures de télécommunication, etc. En 5 ans ? Certes tout est possible dans le pays de Paul Biya, mais je suis inquiet quand je vois comment le PNDIS (Programme National de Développement des Infrastructures Sportives) stagne depuis 2008. On me dira que la CAN 2019 sera l’occasion ou jamais pour réveiller ce programme de ses cendres et de sa léthargie. La garantie nous viendrait du sommet de l’Etat qui a porté cette candidature et semble déterminé à la voir se réaliser. Si on veut être rêveurs et optimistes, disons-nous que ces infrastructures germeront en effet. Seulement comment parvenir au respect du cahier des charges ? Quelles sont les garanties que cette fois les détournements ne seront plus au rendez-vous ? Quelles sont les garanties que les marchés qui seront attribués le seront de manière judicieuse et transparente ? Quelles sont les garanties que les travaux seront de qualité ? Comment aura-t-on la certitude d’être aux normes internationales pour un pays qui n’a plus de norme internationale depuis longtemps ? Va-t-on encore créer un comité de pilotage des travaux qui coûtera plus cher à l’Etat que les travaux eux-mêmes ? Va-t-on reconduire les mêmes dinosaures du régime pour piloter le comité d’organisation ? Ou alors, pour une fois, on va nous surprendre et enfin nommer un jeune comme moi dans ce comité ? Va-t-on pencher pour les conservateurs et les barons que la population décrie tant ? Va-t-on toujours désigner ces gérontocrates qui ne savent même pas ouvre une boite email ? Ou, va-t-on oser responsabiliser des cervelles fraîches, innovantes, révolutionnaires ? Autant d’interrogations mais avec une lueur d’espoir peut-être : Et si 2019 était le vrai prétexte pour développer (enfin) le Cameroun ou du moins les 5 villes désignées pour cette CAN ? Cela impliquerait un nouveau plan d’urbanisme (obligatoire) pour réussir une telle organisation. Des infrastructures qui resteront pour la prospérité…Du moins, je l’espère.


Malaria, Ebola, Choléra, Sida…Africa !

Carte de l'Afrique

Oui Dolorès, faisons la danse funéraire, entre espoir et désespoir. J’ai posé des questions, personne ne m’a répondu. On m’a dit, c’est ça la vie. J’ai donc vu cette Afrique crier encore une fois au secours d’une pandémie nommée Ebola, mais entre-temps, la lettre A reste le suffixe obligatoire des maladies (tropicales ou tropicalisées). Malaria, Ebola, Choléra, Sida… Africa ! Mot de passe, la lettre A.

A comme Armées : Armées qui détruisent, qui pourchassent des ennemis connus ou inconnus, identifiés ou supposés, mais au final, c’est le sang qui coule, au nom d’un territoire à préserver, au nom d’un dictateur qui s’éternise au pouvoir, au nom d’intérêts cachés qui au lieu d’apporter la « démocratie » ont créé des rebellions, des mouvements fondamentalistes, et des révoltes de toutes sortes. Les armées qui tirent sur les jeunes parce que ceux-ci ont dit : « Assez ». Les armées qui violent les femmes parce qu’elles détiennent le pouvoir de la gâchette, le pouvoir de… TUER. Les armées qui ont enrôlé les enfants, car la violence engendre la violence.

A comme Alimentation : C’est la fin qui est supposée justifier les moyens en Afrique, mais malheureusement dans plusieurs pays, c’est la faim qui justifie les moyens. A la recherche des aliments en zone rurale comme en zone urbaine, une expression en a d’ailleurs germé : « Les émeutes de la faim ». Ventre affamé n’ayant point d’oreille, que voudrions-nous que ces affamés entendent ? Le gazouillis de leur ventre vide ou le sac de riz versé au nom de « l’aide alimentaire » à partir d’un hélicoptère ? La faim justifie les moyens, et parce que le kilo de viande est cher au marché, on se rabat sur la chauve-souris, la carcasse de singe ou la biche déjà en décomposition… Ebola passe par là. Ebola porte les lettres d’Ebolowa, une ville au Sud-Cameroun là où la viande de brousse est encore étalée en plein centre urbain, parce que là-bas, on a faim, donc on n’a pas le choix et Ebola peut bien attendre.

A comme Argent : C’est le nerf de la guerre, dit-on ! Mais c’est le nerf de la vie, hélas ! C’est l’argent qui manque le moins en Afrique, du moins, dans la poche de la majorité des Africains. Argent du pétrole, du diamant, du bois, de la bauxite, où vas-tu ? Peut-être partout, sauf dans la poche du peuple dit souverain. Philippe Douste-Blazy, homme politique français (actuellement secrétaire général adjoint de l’ONU), déclarait sur TV5MONDE dimanche dernier : « La grande majorité de l’argent pour le vaccin contre le paludisme est donné par un privé (la Fondation Gates), pourquoi ? Parce que cela ne touche pas les pays occidentaux .  Et pourtant, poursuit-il, il faut  juste 30 centimes d’euros pour se soigner contre le paludisme en RDC. C’est d’autant plus choquant quand on voit combien coûte un repas en France ». On a besoin d’argent pour les écoles, pour les hôpitaux surtout, car n’oublions pas, c’est dans les hôpitaux que toutes ces maladies doivent se soigner.

 A comme Académie : Académie comme système éducatif. Les systèmes sont inefficaces quand ils existent et quand les enfants sont scolarisés. Désertion des enseignants, mauvais traitement salarial, mais encore plus, l’école forme de futurs chômeurs. Elle ne forme plus des acteurs de l’économie, mais simplement des jeunes au savoir accumulé et non productif. Les académies sont les niches inférieures d’un système global de tricherie et de corruption, et comme le dit l’adage : « Les choses qui sont égales à la même chose sont égales entre elles ». Conclusion : les mêmes causes produisent les mêmes effets. Un enseignant mal formé est lui-même un mauvais formateur, et le produit de cette académie est la médiocrité. Que peut-on attendre d’un médecin qui a été mal formé ?

 A comme Action : Il est peut-être temps d’agir non ? Trop de discours. Trop de promesses, peu d’action. Le vrai mot de passe pour l’Afrique, c’est le A de l’action.  Agir pour sauver des vies, agir pour enfin trouver un vaccin définitif contre la malaria, un autre contre le choléra, un autre contre le sida, et un autre contre Ebola. Seul ce grand A soignera les autres A. Des vies en dépendent, des générations sont compromises, des économies sont au ralenti, un continent est en péril. C’est le temps de l’Action, juste…de l’Action !


L’Union (Jack) ne fait plus la Force !

Union Jack

Jusque là, l’appellation officielle du pays de Sa Majesté est Royaume Uni de Grande Bretagne (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles) et d’Irlande du Nord.  Depuis quelques jours pourtant, pour certains écossais, (notamment le chef de file des indépendantistes, Alex Salmond), l’Ecosse sera plus forte toute seule, loin des décisions de Westminster.

Alors le 18 septembre a semblé être une date cruciale pour l’avenir de cette « famille de nations », de la propre expression du Premier Ministre David Cameron qui joue également sa carrière et l’histoire du Royaume Uni. C’est une crise à la fois institutionnelle, économique, sociale, et même internationale qui se joue en ce moment. En 1997 déjà, le Pays de Galles et l’Ecosse se sont vus accorder une plus grande autonomie, pas assez suffisante visiblement par les indépendantistes qui ne souhaitent plus voir décider leur avenir à partir de Londres.C’est le troisième référendum sur le statut de l’Écosse au sein du Royaume-Uni (Un de trop ?)Je ne comprends pas ces velléités d’indépendance. Qu’est-ce que c’est être indépendant au juste ? Voilà un pays, un Etat (une Nation aussi ?) qui souhaite soumettre son peuple à un référendum parce qu’à l’intérieur, beaucoup ne croient plus à l’Union et beaucoup se sont souvenus qu’ils ont une identité (propre). Soit ! Mais alors, je me demande ce que deviendrait les 300 ans d’histoire commune entre l’Ecosse et l’Angleterre ? Que deviendrait donc l’Union Jack ? Que deviendrait surtout la monarchie quand on sait qu’Elisabeth II est la Reine d’ Angleterre, son mari est le Duc d’Edimbourg (Ecosse) et le Prince Charles est le Prince de Galles ? Vous me répondriez que la Reine règne aisément (quoique symboliquement) sur 16 pays du Commonwealth dont le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, et ce n’est pas de si tôt que la monarchie périra. Mais quand même !

Le sursaut indépendantiste à la mode !

Comment comprendre qu’un géant aussi puissant que le Royaume Uni puisse se diviser pour des questions de repli identitaire ? Du coup, en Irlande du Nord, quelques indépendantistes se réveillent également et se rappellent qu’en 1921, leurs cousins du Sud avaient préféré quitter l’Union. Tout cela fait bien désordre, car voilà que les québécois, des souverainistes précisément, sont arrivés à Édimbourg le 10 septembre et parcourent la capitale écossaise en quête d’inspiration pour faire de même au Québec.  Par ailleurs, les catalans aussi se soulèvent en Espagne et lancent un bras de fer contre le pouvoir de Madrid. Indépendance quand tu nous tiens ! Par ailleurs, en Belgique, on n’est pas loin d’exploser également. On y voit arriver de plus en plus, l’émergence d’un Etat Flamand souverain. A y regarder de près, on est en droit de se demander pourquoi ces régionalismes naissent dans des royaumes (Angleterre, Espagne, Belgique) ? Le problème serait-il celui de la monarchie ? Dans un billet précédent, je vous parlais des abdications record de l’année 2013. Ajoutez à celles-là, l’abdication récente du Roi Juan Carlos d’Espagne qui a justifié sa démission pour un besoin de « renouveau » dans son pays. C’est un peu les mêmes raisons qui avaient justifié le choix du Roi Albert II de quitter son trône belge. Quoiqu’il en soit, les monarchies européennes sont en péril, elles qui ont été construites sur la base de compromissions et d’accords ethniques entre plusieurs peuples et la fusion de plusieurs régions. Cette course à l’indépendance des régions me laisse circonspect quand on sait qu’un seul charbon ne suffit pas pour faire un feu, et que l’union fait la force. Visiblement, ce n’est plus le cas en Europe.


Moi, Ministre des Arts et de la Culture au Cameroun.

Moi, ministre des arts et de la culture, je démissionnerais après tant de scandales. Je quitterais mes fonctions lorsque je perdrais un procès et surtout quand la décision est confirmée par la cour suprême, la plus haute juridiction de mon pays. Je ne saurais être le ministre de la musique uniquement, je ne saurais être le ministre de la répartition du droit d’auteur et du droit voisin surtout.  Moi, ministre des arts et de la culture, j’éviterais de me mêler des guerres de clans entre artistes, j’éviterais de créer des comités et des commissions pour «normaliser » , contrôler ou manipuler les fonds des créateurs, parce que je ne suis pas créateur, et je n’ai pas à me nourrir de la créativité des autres.

Moi, ministre des arts et de la culture, je ne réduirais pas mon responsable de la communication en simple coursier et distributeur de chèques selon mon bon vouloir. Non, non ! Je ne serais pas ce ministre là. Je serais un ministre républicain, légalitaire, et respectueux de la simple éthique. Une éthique qui veut que je respecte mon rang et ma profession. Une éthique qui veut que j’encourage la créativité. Moi, ministre des arts et de la culture, j’encouragerais la production cinématographique, je militerais pour la réouverture des salles de cinéma au Cameroun, et je travaillerais à faire éclore tous les autres domaines des arts.

Moi, ministre de la culture, je n’attendrais d’être invité par une chaîne de télévision pour récompenser les meilleurs artistes de l’année. Ce serait une honte si je ne connaissais pas les chiffres des ventes d’albums dans mon pays.  Je ne me grefferais pas derrière les projets privés pour tirer mon épingle du jeu. Non, je ne serais pas un tel ministre. Je rendrais lisible le Compte d’Affectation Spéciale pour le Soutien de la Politique Culturelle. J’éviterais surtout de tripatouiller ce compte avec mes collaborateurs et autres rapaces de mon ministère. Je ne ferais plus du salon du livre, un vrai scandale budgétaire. Je ne me laisserais pas impressionner par l’argent que l’UNESCO verse chaque année à mon ministère. Non, je ne salirais pas ma réputation de ministre pour me quereller avec les artistes que je suis supposé encadrer.

Moi, ministre des arts et de la culture, j’aurais un peu, mais un peu de dignité. Je comprendrais qu’être musicien c’est être habité par les muses. Alors, je respecterais les œuvres de l’esprit. Une œuvre spirituelle n’a pas de prix, alors, je ferais attention à ne pas mépriser ces gens qui ont des familles, et des enfants à nourrir. Non ! Jamais je ne serais ce ministre qui n’a aucune espèce de compassion pour ces hommes et femmes clochardisés.

Moi, ministre de la culture, je ferais en sorte que le droit d’auteur soit l’affaire de toutes les sociétés exploitant les œuvres des créateurs. Je bâtirais des musées. J’organiserais des journées du patrimoine. J’encouragerais la création littéraire. Je protégerais les artisans, les artistes plasticiens, les dessinateurs, les graphistes, etc. Je ferais un répertoire objectif des artistes camerounais, et je ne les laisserais plus crever, abandonnés à eux-mêmes. Oui, je ferais de ce ministère, le ministère de la mémoire vive de la nation, le ministère de l’inculturation religieuse, le ministère des métiers artistiques. Je créerais des écoles professionnelles. J’organiserais régulièrement des colloques de renforcement des capacités. Oui, je serais du côté des artistes, je serais du côté des créateurs et non du côté de leur argent. Ils vivront de leur art et de leur culture. C’est cela la vocation de ce ministère. Moi, ministre des arts et de la culture, je serais donc un vrai ministre des arts et de la culture.


Moi, Ministre des Enseignements Secondaires au Cameroun.

Collège F.X Vogt,Yaoundé
Collège F.X Vogt,Yaoundé

Moi, ministre des enseignements secondaires au Cameroun, je ferais en sorte que la rentrée scolaire ne soit plus la rentrée des galères.

Je ferais d’abord cette mise au point fondamentale : Un collège va jusqu’en 3ème et un lycée va jusqu’en Terminale. Pour le moment, s’appelle lycée un établissement public, s’appelle collège, un institut privé.

Moi, ministre des enseignements secondaires, je réviserais le programme scolaire avec mes inspecteurs pédagogiques afin que l’école du Cameroun s’adapte au monde ambiant, à la mondialisation, aux TIC, et aux enjeux de l’actualité. Moi, ministre des enseignements secondaires, je ferais en sorte que les lycées que je crée dans le Cameroun profond aient des salles  de classe, et des enseignants effectifs. Moi, ministre des lycées et des collèges, je changerais les rythmes scolaires en équilibrant les enseignements fondamentaux avec des activités périscolaires coordonnées et notées. Moi, ministre des enseignements secondaires, je discuterais avec mes collègues de la Culture et du Tourisme afin de créer les journées nationales du Patrimoine pour que les élèves du Cameroun visitent les musées, les chefferies, les palais, les ministères, les grandes entreprises et les grands monuments. Moi, ministre des camerounais de demain, je ferais en sorte que les cours d’histoire et de géographie soient accompagnés de projection vidéo, mais aussi de voyages d’études dans les villes historiques du Cameroun.

Moi, ministre des enseignements secondaires, je redonnerais du poids aux bibliothèques scolaires, et je redonnerais de l’importance à la lecture dans tout le cycle collégial. Moi, ministre des enseignements secondaires, je veillerais à ce que les directeurs des collègues et les proviseurs de lycées soient nommés sur la base d’un plan de carrière efficient, et non sur la base de la cooptation des réseaux et des petits copains du parti au pouvoir. Moi, ministre des collégiens et des lycéens, je m’associerais avec les anthropologues et les ethnologues pour dresser la carte ethnique, culinaire, culturelle et tribale du pays pour enseigner à chaque région sa spécificité, et son héritage ancestral. Moi, ministre des enseignements secondaires, je militerais pour que les PLEG (Professeurs de Lycées d’Enseignement Général), ne soient plus reversés et affectés dans d’autres ministères et administrations. Moi, ministre des enseignements secondaires, je commencerais par codifier la sélection des futurs enseignants, et je leur imposerais la maîtrise des sciences de l’éducation et la preuve de leur vocation d’enseignants.

Moi, ministre des enseignements secondaires, je serais humble pour aller découvrir le secret du succès de l’enseignement catholique au Cameroun. J’irais même jusqu’à imiter le système éducatif finlandais et je pratiquerais l’’éducation qui y est gratuite pour les étudiants à temps plein et cette gratuité s’étendrait  aux cantines pour les écoles primaires et secondaires. Je veillerais à ce toutes les fournitures scolaires sont gratuites et fournies par les établissements scolaires. Je ferais en sorte de comprendre pourquoi selon le Programme International d’Évaluation des Compétences (PISA en anglais), les quatre premiers pays au monde nous viennent de l’Asie (Singapour, Hong Kong, Taiwan, Corée du Sud).  Moi, ministre des enseignements secondaires au Cameroun, je revaloriserais le Bac technique et le Bac professionnel. Je ne classerais plus ces filières dans la catégorie des « enfants ratés » ou « enfants difficiles ». Je gratifierais les écoles de laboratoires scientifiques, de salles multimédias, d’aires de jeux dignes de ce nom. Je ferais de mes collèges et lycées, des hauts lieux de l’épanouissement physique, moral, intellectuel et humain de mes élèves. Moi, ministre des enseignements secondaires, j’instaurerais des cours sur l’éducation environnementale, la culture générale de la 6ème en Terminale, les questions d’actualités, et je renforcerais les cours de citoyenneté par un coefficient uniquement dédié à la morale et au savoir-vivre. A ce propos, j’insisterais pour que les élèves soient également notés sur la discipline (propreté, assiduité, participation, respect des enseignants). Car, comme au Cameroun, on aime la note, alors la discipline aura coefficient 3. Moi, ministre des enseignements secondaires, j’ai encore plein de projets, mais…J’attends d’abord ma nomination.

 


Désolé Eto’o, mais je ne supporterai pas Everton.

Samuel Eto'o jubile

69ème minute, le 30 Août 2014. Eto’o fait sa rentrée à Everton, face à son ancien club, le remuant Chelsea de José Mourhino. Et pourtant, mon cœur battait pour Chelsea et non pour Everton. Pourquoi ?

 

Parce que cher Eto’o, grâce à toi, j’ai supporté beaucoup de clubs Européens : Majorque, Barcelone, Inter, Anzhi, et Chelsea. Avec toi, j’ai voyagé en 14 ans en Espagne, en Italie, en Russie et en Angleterre. Avec toi, les camerounais supportaient à chaque fois l’équipe dans laquelle tu évoluais. J’ai encore ce mémorable souvenir de tes années barcelonaises, ces soirées enflammées durant lesquelles le cœur du pays s’arrêtait de battre pour t’insuffler ses énergies, celles de Bali, Nkomondo, New Bell, Ngambé, Edéa, Douala, Yaoundé, Nkongsamba, etc.

Tout le pays était si fier de te voir dompter ce football européen, obtenir la ligue des champions avec trois clubs différents, devenir quatre fois ballon d’or africain. Oui, Samuel, pendant plus d’une décennie, tu as été le Dieu du football africain. Tu as surtout été le meilleur butteur de la sélection nationale, le « sauveur » depuis 2000. Tu nous as fait vibrer, sauter, crier devant nos petits écrans. Tu as surtout permis aux sociétés brassicoles de faire recette les mercredis, samedis et dimanches, lorsque l’un de tes clubs évoluait. Même quand tu t’es rendu en Russie, alors que personne ici ne portait le moindre intérêt à ce championnat, voilà que tous les câblodistributeurs ont  mis dans leur bouquet, MCS (Ma Chaîne Sport) qui retransmettait tes rencontres. Oui, tu as intéressé les camerounais aux divers championnats européens.

Grâce à toi, les sociétés de paris sportifs n’ont eu aucun mal à s’implanter au Cameroun, parce que la nouvelle religion mondiale était le football « made in Samuel Eto’o ». Alors quand tu es allé à Chelsea, nous nous sommes dit que tu allais rééditer les exploits de tes années passées. C’était sans compter avec ta « vieillesse » qui a fait polémique à partir de la bouche même de ton coach José Mourhino. Visiblement, il regrettait déjà de t’avoir fait venir à Londres. Comme nous, il avait en mémoire l’année du sacre avec l’Inter de Milan, où, tu avais même dû te convertir en latéral lors de certaines rencontres. Tu étais fort, très fort, Samuel Eto’o. Tu as même failli frôler le ballon d’or mondial en 2006, mais, mais…

 

Mais il y’a des mais. Il y’a que tu es devenu incontournable à l’équipe nationale de football du Cameroun, tellement qu’on t’a offert le capitanat dans des conditions contestées en 2009. La suite, on la connait : des interminables querelles de vestiaires, un égo surdimensionné de tes coéquipiers, complexés devant ta carrière, ton palmarès et ta fortune. Autant d’acquis que tu ne te privais pas de leur rappeler ou de clamer dans tes interviews. Avant toi, il n’existait pas ces fans clubs de joueurs. Il n’existait pas cette tendance de journalistes pro ou anti un tel joueur. Il y’a eu aussi les polémiques : tes propos acerbes contre Roger Milla en 2010, ta suspension par la fédération camerounaise de football pour indiscipline, mais aussi et surtout la grève des primes en 2014. Personne n’oubliera que tu as boudé le drapeau camerounais à quelques jours de la coupe du monde. Personne n’oubliera que tu étais non seulement le capitaine des joueurs, mais aussi le capitaine de plusieurs journalistes et officiels qui se sont érigés volontairement en chargés de la communication de Samuel Eto’o. Personne d’eux n’osait te faire le moindre reproche sur tes excès, tes écarts de langage ou sur ton comportement hautain. Alors tu as oublié que la République a des institutions, parmi lesquelles un Premier Ministre que tu as boudé dans un stade qui était supposé te donner les bénédictions pour la coupe du monde. Tu as été maladroit sur ce coup Sammy, très maladroit.

Evidemment, quand Stéphane Mbia est devenu depuis quelques jours le nouveau capitaine de l’équipe à ta place, les gens ont vite crié au règlement de comptes. Non, Samuel, tu sais très bien que l’air de cette équipe était devenu irrespirable. Tu sais très bien qu’autour de toi, plusieurs joueurs s’étaient autoproclamés cadres et même au plus profond de leur méforme, se refusaient de quitter le groupe. Cela ne pouvait plus durer. J’entends d’ici les uns et les autres se demander que serons-nous sans toi. Je  leur réponds qu’il y’a eu un avant, et il y’aura un après Eto’o. Tu es talentueux, personne ne le réfutera. Tu es un joueur de classe mondiale, c’est incontestable, alors je salue le fait que tu aies annoncé ta retraite internationale. Pour une fois, ne reviens pas sur ta décision, malgré ton but inscrit à la 75ème minute face à Chelsea. Certains diront que tu as encore beaucoup à apporter aux lions indomptables, que dans cette équipe, il n’y a pas encore un sérial buteur comme toi. Mais malheureusement, ils oublient que tu fais partie de cette génération maudite de footballeurs dont je parlais pendant cette triste coupe du monde 2014.

Alors, malgré ce but fabuleux lors de ton premier match à Everton, malgré cette forme apparente que tu nous montreras encore sans doute, je voudrais te dire que je ne supporterai pas Everton. Je supporterai Chelsea en souvenir de toi, Barcelone, en souvenir de toi, Inter, en souvenir de toi, Anzhi, en souvenir de toi, et surtout, les lions indomptables, pour encourager les jeunes, les nouveaux venus, les buteurs promoteurs. Car, souviens-toi qu’un jour aussi, tu as été jeune, et ta place te fut donnée. Salut l’artiste !


Si tu as peur des francs-maçons, fuis l’église catholique !

Elle vit le symbole par excellence de la franc-maçonnerie et me demanda :

–          Es-tu franc-maçon ?

Je souris.

–          Es-tu franc-maçon ? Je t’en prie, réponds-moi !

Comme je ne répondais pas, elle laissa son verre sur la table, et prit ses jambes à son coup. Le lendemain, je reçus des SMS anonymes : « sectaire », « homosexuel »,  « buveur de sang », et autres attributs plutôt rocambolesques. Je remarquai que même dans mon quartier, la méfiance se faisait jour. J’entendais même chuchoter dans mon sommeil. Dolorès avait annoncé à toute la République que j’étais franc-maçon, tout ça à cause d’une stupide image : l’équerre sur le compas.

FM 2

Pourtant, tout le monde sait que j’aime décoder et déchiffrer les symboles. L’équerre et le compas qu’on utilise en géométrie ont fait fuir ma meilleure amie, mais pourquoi ? Parce que ces symboles utilisés par les loges maçonniques sont synonymes pour elle et pour beaucoup d’Africains de magie noire, mysticisme, et affairisme. On a attribué aux francs-maçons africains tous les vices possibles : trafic d’influence, détournements de mineurs, crimes rituels, et surtout, mauvaise gestion du pouvoir dans les palais de la Françafrique. J’ai essayé d’expliquer à Dolores que toutes ces accusations étaient infondées, alors elle s’est mise en tête que je suis franc-maçon. Car, qui peut être suffisamment stupide de nos jours pour défendre la franc-maçonnerie ? Même en France, cette organisation et ses diverses obédiences s’accompagne de tous genres de scandales. « Et alors ? » lui-ai-je demandé ! « Est-ce que les agissements des individus ont quelque chose à voir avec les valeurs d’une organisation ? » Pour Dolorès, tout maçon est homosexuel, criminel, cannibale, et …beurk !

Il a suffi que je lui dise : « Si tu as peur des francs-maçons, fuis l’église catholique ! » pour qu’elle m’interroge :

–          L’église catholique n’a rien de terrifiant, elle est sainte, apostolique, émanant de Dieu.

–          Oui, peut-être ! Elle a aussi orchestré les croisades qui ont décimé des millions de gens. Elle a participé au projet de la Traite négrière en Afrique. Elle a accompagné la colonisation en Afrique.

–          Tu racontes n’importe quoi !

–          D’accord, Dolores, je raconte n’importe quoi. C’est aussi moi qui ai déclaré ceci ? : « Le but de votre mission n’est point d’apprendre aux Noirs à connaître Dieu ; ils le connaissent déjà depuis leurs ancêtres. Ils parlent et se soumettent à Nzambi-Mpungu ; Mvidi Mukulu ; Mungu, etc… et que sais-je encore. Ils savent que tuer, voler, coucher la femme d’autrui, calomnier, insulter sont des mauvais actes. Ayons le courage de l’avouer. Vous venez non pas pour leur apprendre ce qu’ils savent déjà. Votre rôle est l’enseignement, de faciliter les tâches aux administratifs et industriels. »

–          C’est de qui cette citation ?

–          C’est un extrait du discours du Roi Léopold II  à l’arrivée des premiers missionnaires au Congo. Cela veut dire que l’Eglise s’est implantée en Afrique juste pour des raisons économiques et commerciales.

–          Il me semble que cette version de son discours est historiquement réfutée par des historiens, qui pensent c’est une vue de l’esprit purement africaine.

–          Très bien Dolores, très bien ! nous voilà donc dans l’éternel débat sur les vérités historiques. L’histoire étant toujours écrite par les bourreaux et les vainqueurs.

–          Tu n’as donc aucune preuve et tes affirmations sont bidons.

Oui, Dolorès avait le sens de la répartie. Elle savait contredire, contrecarrer, contre-attaquer. Alors, je décidai d’aborder le sujet sous l’angle symbolique. Je pris donc une équerre. Je lui expliquai que l’équerre permet en géométrie de tracer des angles droits, mais dans l’ancien compagnonnage,  l’équerre associée au compas est le symbole du compagnon accompli, dans sa rectitude et son ancienneté. Ce que la franc-maçonnerie a récupéré, car elle rappelle à l’initié que toutes ses actions doivent être dictées par la droiture et la justice. Alors, elle commença à me suivre un peu, juste un peu, mais parée pour m’interrompre à chaque instant. Je poursuivis quand même…

–          Tracer une équerre te donne quelle figure géométrique ?

–          Un triangle,  répondit-elle.

–          Très bien. Je vais donc te parler des triangles.

J’y allais tant bien que mal avec une certaine méthodologie : « Toi qui es donc catholique convaincue, sache que le signe de croix, Père-Fils-Saint Esprit est le symbole de la Trinité, derrière laquelle se cache un symbole plus vaste, celui de du Triangle, ou plus exactement, des Triades. Par exemple, dans la mythologie égyptienne, les triades de de Memphis (PtahSekhmetNefertoum) ou d’Héliopolis (KhépriAtoum). Ailleurs, BēlÉa et Anu, les dieux de la terre, de la mer et du ciel sont la triade Babylonienne, une vraie ressemblance avec la « Grande Triade » du Taôisme qui se réfère au Ciel (Tien), à la Terre (Ti) et à l’Homme, l’être humain (Jen), sans oublier les trois divinités JupiterJunonMinerve  dans la mythologie Romaine. Le Christianisme n’a donc pas inventé la trinité, il l’a récupérée dans les religions et les mythologies anciennes ».

Elle m’interrompit tout net !

–          C’est faux ! Le Père, le fils et le Saint Esprit sont des réalités dans la foi chrétienne, ça n’a rien à voir avec des soi-disant triades.

–          Okay Dolorès. Admettons ! Mais prends la peine de regarder un peu les autres traditions religieuses : Dans l’hindouisme, la Trimūrti se compose des dieux BrahmâVichnou et Shiva cette Trimūrti succède à la trinité  védique formée d’AgniVâyu et Sûrya, les trois aspects du Feu sacrificiel. Partout dans les religions orientales, tu verras trois aspects, trois formes ou trois divinités.

–          Et qu’est-ce que ça prouve ?

–          Ca prouve que le principe trinitaire est la base des religions. Il faut un Père et une Mère, pour qu’il y’ait un Fils. Le Père, premier aspect, s’allie à la mère ou Saint Esprit, et des deux émane le Fils, deuxième aspect.

–          Tu veux dire que la Vierge Marie symbolise l’Esprit Saint ?

–          Non seulement je le dis, mais je l’affirme !

–          Pas d’accord avec toi.

–          Dans ce cas, visite la cathédrale Notre Dame de Paris.

–          Oui et alors ?

–          La cathédrale Notre Dame de Paris est l’emplacement de l’ancien temple d’Isis. Paris veut dire Bar-ISIS, la barque d’Isis. Observe aussi la pyramide du Louvre, l’Arche Royal du quartier de la défense, la croix égyptienne ANKH en plein cœur de Paris, et d’autres symboles.

–          Mais, tu me parles là de l’Egypte antique, rien à voir avec la trinité.

–          Dis-tu ! Osiris et Isis ont donné naissance à Horus. Comme je disais : Père-Mère-Fils. Lis l’histoire d’Horus, elle ressemble bizarrement à celle de Jésus. Lis l’histoire de Krishna, dans la mythologie hindoue, et tu constateras que lui aussi est né d’une vierge, et lui aussi a été crucifié, comme par hasard. Bouddha fut préservé du péché en naissant de la Vierge Maya.Prométhée descendit du ciel comme un Dieu pour s’incarner en homme afin de sauver l’humanité. Il fut crucifié, souffrit et fut ressuscité. Il fut appelé le Verbe ou le Mot.Mithra a les caractéristiques suivantes en commun avec le Christ: Mithra est né dans une grotte d’une vierge un 25 décembre. Il était considéré comme un grand sage et un maître qui voyageait beaucoup. Il était appelé « le bon berger » comme…

–          Jésus !

–          Exact. Je pourrais te prendre plusieurs exemples : Odin (Scandinavie); Quetzalcóatl (Mexique); Tammuz (Syrie), Thor (Gaules) le Monarque universel des Sibylles; Tous ou presque sont né le 24 Décembre à minuit.

–          Quoi ?

–          Oui Dolorès, le 25 Décembre est le symbole de la naissance des dieux-solaires, symboles de sauveurs de l’Humanité. Noel n’est pas la propriété du christianisme, c’est juste une fable qui se perpétue depuis des millénaires.

–          Pourquoi veux-tu détruire ma foi ?

–          Je ne veux pas la détruire, mais je veux la renforcer. Je veux te montrer que le message est universel, que la légende est la même selon les âges, les traditions et les religions. L’église catholique a juste récupéré cet héritage.

–          Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas ce que dit la Bible.

–          Oh, la Bible ! c’est une belle bibliothèque de mythes, c’est tout.

–          Non ! la Bible me dit que Jésus est mort pour moi sur la croix.

–          Ah la croix ! cette fameuse croix. Encore un symbole que le christianisme a voulu récupérer à tort. Observe ces croix !

Les Croix

–          Tu vois, elles sont nombreuses Dolorès, mais elles symbolisent la même réalité. C’est-à-dire, la fusion entre la vie horizontale et la vie verticale. Ce n’est qu’à ce moment là que « Tout est accompli ! », comme le Christ le proclame sur la croix. Pour que l’Homme soit accompli, son corps et son esprit doivent fusionner pour devenir une réalité alignée, une âme. On revient donc au symbole de la trinité et des triades.

–          Je ne vois pas où tu veux en venir.

–          C’est simple ! la naissance se fait dans la douleur. L’accomplissement se fait dans la croix, c’est-à-dire au prix des épreuves. Voilà le sens de la vie.

–          Et pourtant, ce n’est pas cela que m’enseigne ma religion.

–          Ah bon ? Soit tu ne la comprends pas, soit le message est biaisé. Toutes les religions du monde nous enseignent le pèlerinage sur terre. Elles nous enseignent toutes aussi l’amour du prochain. C’est donc une honte que ces mêmes religions fassent couler le sang après avoir dit : « Tu ne tueras point ! ». Celui qui tue, même au nom de Dieu, n’est pas de Dieu. La stupidité a envahi le cœur des centrafricains qui s’entre-tuent au nom des religions. Comme protestants et catholiques en Irlande, comme hindous et musulmans en Inde, comme musulmans et chrétiens en Iraq. C’est juste la preuve que la religion a échoué dans sa mission. Ce qu’on doit enseigner à l’Humanité c’est qu’elle est Indivisible et Une. Au lieu de continuer à nourrir les divisions basées sur les ethnies, les races et les religions. Voilà le problème des religions Dolorès.

–          Et pourtant, tu vois bien que les différents papes prônent l’amour et la paix.

–          Oui. Mais le message est bon, est-il seulement appliqué ? As-tu oublié les scandales des prêtres pédophiles ? As-tu oublié les exactions de l’église ? Tout cela est la preuve que nous sommes tous humains, faibles, donc perfectibles.

–          Je répète donc ma question : Es-tu franc-maçon ?

–          Crois-moi Dolorès, les vrais francs-maçons sont rares ou n’existent pas encore.

Sur cette phrase, quelqu’un vint à passer devant la table de notre fast-food. Dolorès décida alors de coder la conversation :

–          Bon, dis-moi, es-tu de la FM ?

–          Bien sûr, répondis-je en souriant. Je suis de la FM, la radio FM 94 et si tu veux la suite de notre discussion, écoute-moi tous les vendredis de 22h à Minuit sur cette station FM à Yaoundé.

Dolorès fut désemparée. Et je la comprends.


Depuis que la loge noire a envahi le Cameroun…

Chat Maléfique au dessus du Cameroun. Copyrights:https://entre-bretagne-et-roussillon.eklablog.com
Chat maléfique au-dessus du Cameroun.
Copyrights:https://entre-bretagne-et-roussillon.eklablog.com

Depuis que la loge noire a envahi le Cameroun, un nuage épais a couvert le ciel du berceau de nos ancêtres. Ce nuage épais a fait tomber une pluie éthérique qui arrose les consciences et les mentalités. Ce nuage est guidé par des Forces noires qui ont corrompu nos dirigeants, écervelé la jeunesse, tué la créativité, éclipsé le mérite.

Oui, depuis que la loge noire a envahi le Cameroun, dès le sein de l’enfant, on lui apprend la concurrence acharnée. On lui demande pourquoi il n’a pas eu 18/20 comme l’enfant de la voisine. On lui fout des complexes parce qu’on ne peut pas lui offrir la vie de rêve de tous ses camarades de classe. On lui arrache sa dignité, on le formate à être un être cupide, avide,  envieux et bien évidemment tricheur. Il triche pour être premier, il triche pour obtenir une place dans un concours administratif. Il triche même pour changer son âge ou son identité. Il triche parce qu’il sait que son oncle est assis dans un bureau, que cet oncle validera sa candidature, que cet oncle le placera devant des gens qui sont eux, plus méritants.

Depuis que la loge noire a envahi le Cameroun, le mal devient normal et le mal devient morale. On a  écarté la norme et normalisé l’écart. Même les concours militaires sont devenus une véritable saga de la mafia. Les diplômés issus des grandes écoles sont un agrégat de gens cooptés, pistonnés, et imposés. Alors, le pays va en vrille. Le pays est dirigé par des hommes et des femmes conscients de la faiblesse de leur mérite, et surtout de la précarité de leur soi-disant posture.

Depuis que la loge noire a envahi le Cameroun, même le football ne se joue plus comme il faut. Guerres, intrigues, coups bas, et tant de maux qui sont le reflet et le miroir du pays. On y observe tant de choses : méprise des textes,  gestion calamiteuse, et par-dessus tout, des joueurs tout puissants qui achètent les ministres, les dirigeants et les journalistes. Oh, les journalistes, oh les journalistes ! Chacun a un parti pris. Chacun tire en fonction de son financier. Des journalistes à la solde d’un clan, d’autres à la solde d’un autre camp. C’est le vrai camping-car du journalisme mercantile. C’est aujourd’hui la cacophonie dans ce noble métier, où ceux qui sont supposés nous informer nous désinforment. Aie, la loge noire a donc aussi envahi le milieu de la presse, et plus loin, encore, le milieu de la communication, infesté par des gens venus défendre les intérêts bestiaux de la loge noire.

Les artisans des notes sexuellement transmissibles

Depuis que la loge noire a envahi notre pays, les mœurs ont foutu le camp. La musique est devenue le centre d’appel de toutes les obscénités. Tout se passe comme si personne n’a conscience de cette trajectoire que prend le Cameroun, un pays qui coule, un pays qui s’écroule. Le nuage brumeux a même investi le cerveau des intellectuels. Ils ont oublié que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Ils sont bardés de diplômes, ils ont des titres universitaires pompeux, mais ils n’ont pas encore été délivrés de la bestialité et des désirs les plus primaires. Ce sont eux, les artisans des notes sexuellement transmissibles, ce sont eux qui encouragent le monnayage des notes, ce sont eux qui luttent pour intégrer le système politique qu’ils sont supposés critiquer et théoriser.

La loge noire a envahi les campus, elle suce l’énergie vitale des étudiants et étudiantes, les soumet à une réflexion limitée, les rend vulnérables et les conduit à observer le silence de leur impuissance. La loge noire a même fait démissionner les parents. Ceux-ci ont oublié d’éduquer leurs enfants. Les mamans ont un seul espoir : celui de voir débarquer un beau-fils qui roule carrosse et qui finance toute la famille au détriment de l’argent public. Voilà pourquoi tout le monde veut devenir haut fonctionnaire, surtout haut fonctionnaire issu de cette école appelée Enam (Ecole nationale d’administration et de magistrature). Cette école  qui apprend aux administrateurs à consommer les crédits et les budgets. Elle apprend aux inspecteurs des impôts à se servir dans les ressources de l’Etat, car ici, depuis l’apparition de la loge noire, personne ne sert le pays, mais tout le monde se sert du pays, et tout le monde se sert dans le pays.

Des milliards détournés

Depuis que la loge noire est au Cameroun, on n’a jamais entendu parler d’autant de milliards détournés, de tant de ministres emprisonnés, de tant de gestionnaires corrompus. La loge noire a pris le contrôle du pays. Elle a des segments partout : dans l’économie, la religion, la politique, les associations, le sport, les organisations diverses. La loge noire a même construit des églises, partout. Une dans chaque quartier. Dans ces églises, on hurle du matin au soir et du soir au matin. Dans ces églises, on chasse les démons tous les jours, et tous les jours, ces démons reviennent. Dans ces églises, on parle de rédemption, prospérité, bénédiction, voyages, mariages, et …vie meilleure.

Mais, ceux qui ont toutes ces choses sont les promoteurs de ces officines qui concurrencent sérieusement les églises de la chrétienté. Alors la guerre du marketing religieux atteint son paroxysme. Des panneaux publicitaires, des émissions radio et télés, des campagnes d’évangélisation pour « réveiller » la population qui, étrangement est endormie de plus en plus. Elle dort quand il n’y a pas d’eau ni électricité. Elle dort quand son gouvernement valse avec des décisions et des contre-décisions. Elle dort quand elle s’appauvrit de plus en plus, elle dort quand les prix flambent sur le marché, elle dort parce que la musique douillette de la religion est un opium qu’on lui injecte chaque jour.

La loge noire a couvert nos têtes de son nuage brumeux. Elle a même permis à plusieurs imposteurs de se placer devant les caméras et de devenir des personnes respectables et respectées. Elle a placé tous ses lieutenants dans les sociétés publiques, parapubliques et privées. Tous se connaissent, tous se côtoient, tous fonctionnent de la même manière. Il n’y a de cohérence que dans leur façon d’opérer, il n’y a de cohérence que lorsque leurs intérêts sont menacés.

La loge noire a tué le patriotisme camerounais

La loge noire a même sali le drapeau national. Elle a fait en sorte que ce drapeau ne flotte plus dans nos écoles, nos administrations, nos sociétés. Elle a fait en sorte que des joueurs de football ont boudé ce drapeau devant un premier ministre, qui lui-même est dépassé par sa propre administration. La loge noire a tué le patriotisme camerounais. Elle a enlevé ce sentiment dans le cœur des jeunes. Elle a même donné l’impression à ces jeunes qu’être camerounais est une fatalité. Pendant ce temps, la loge noire pille, s’enrichit, s’achète de nouvelles voitures, nargue les démunis, fait tout pour se maintenir, et réduit au silence toute option d’un rayonnement lumineux.

La loge noire a oublié un fait : QUELQUE SOIT LA DUREE DE LA NUIT, LE JOUR FINIRA TOUJOURS PAR ARRIVER. Nous vivons la nuit noire du Cameroun en ce moment. Nous vivons les ténèbres. Nous sommes dans la caverne, « la caverne de Platon ». Creusons un trou, cherchons une issue, car il nous faut à tout prix une petite lueur de soleil. Car un seul rayon lumineux suffit à combattre beaucoup de ténèbres. Il faut donc se donner un peu de mal, pour prévenir beaucoup de mal.


Monsieur le Président, cela ne suffit plus !

Paul Biya, agissez!
Paul Biya, agissez!

Excellence, Monsieur le Président de la République, 

Vous venez de prescrire au Premier Ministre, chef du gouvernement, de vous apporter toute la lumière sur la campagne « peu glorieuse » des Lions indomptables à la Coupe du monde de football 2014 et surtout « avec des propositions, en vue d’une restructuration profonde et urgente du football ».

 

Excellence,

En vous remerciant pour cette mesure salutaire, qu’il me soit permis de vous dire que cette mesure ne suffira pas. Elle ne suffira pas pour guérir le football camerounais. Cette mesure a juste le mérite de calmer les ardeurs de vos concitoyens qui sont mécontents. Croyez-moi Excellence, ce mécontentement ne se limite pas à la honte ressentie par les Camerounais, devant ce spectacle pathétique des Lions indomptables, mais la douleur est beaucoup plus profonde. Elle leur rappelle le mal-être et la malaise des Camerounais, frustrés par le manque d’emplois, frustrés par l’absence de perspectives, et par dessus tout, étonnés de voir tant d’argent gaspillés d’abord pour ces 23 joueurs ayant boudé le drapeau national, ensuite, pour ces nombreux fonctionnaires mis en mission au Brésil pour des raisons que le contribuable ne saurait comprendre.

Excellence, cette mesure ne compensera pas les milliards de francs dépensés à chaque sortie des Lions indomptables. Celle de 2014 avoisine les 5 milliards de francs CFA que le contribuable camerounais a mis à la disposition de l’équipe qui s’est classée 32ème sur 32. Et pourtant, Monsieur le Président, nous sommes conscients que les choses qui sont égales à la même chose sont égales entre elles. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le problème du football camerounais ne se trouve pas dans le changement des hommes, mais plutôt dans le changement de système. L’équipe nationale est devenue un prétexte pour tous les actes budgétivores d’un pays qui a d’autres priorités comme la santé et l’éducation à pourvoir. Avec cet argent, des enseignants, des cadres et des techniciens auraient pu accéder à la fonction publique. Avec cet argent, de nombreux crédits auraient pu être accordés à des projets innovants ou des initiatives de jeunes.

Monsieur le Président de la République,

Cela ne suffit plus !

Le Premier ministre va sans doute vous adresser un document, un de plus…

Un de plus après la Loi N°96/09 du 5 Août 1996 fixant la Charte des Activités Physiques et Sportives ;

Un de plus après la Loi N°2011/018 du 15 Juillet 2011 relative à l’organisation et à la promotion des activités physiques et sportives ;

Un de plus après le Programme National de Développement des Infrastructures Sportives (PNDIS) ;

Un de plus après le Décret N°2012/0881/PM du 27 Mars 2012 fixant les modalités d’exercice de certaines compétences transférées par l’Etat aux Communes en matière de sport et d’éducation physique ;

Un de plus après le rapport général des Etats Généraux du Sport et de l’Education Physique du 18 au 20 Novembre 2010 ;

Un de plus après le forum national du football camerounais ;

Un de plus après le projet de politique technique nationale du football camerounais.

Un de trop peut-être…

Car Excellence, les instruments cités plus haut ont déjà le mérite de fixer le cape de notre sport en général et de notre football en particulier. C’est un cadrage lucide pour la réorganisation de notre fleuron national qu’est le football, mais force est de constater que ces divers instruments sont peu ou pas du tout invoqués et appliqués. L’administration agit toujours dans l’urgence et ne se donne pas des moyens de planification. Or, la planification, c’est exactement ce dont notre football a besoin. Il a surtout besoin des gens qui l’aiment, le comprennent et le vivent avec passion et raison, et non pas des administrateurs plus soucieux des frais de mission qu’autre chose. Excellence, je vous demande humblement de regarder cet aspect des choses afin de comprendre que les raisons véritables de l’échec de notre football se retrouvent plus loin, dans une gestion calamiteuse, cacophonique et amatrice de la question du sport au Cameroun. C’est le reflet de gestionnaires peu avisés, peu patriotiques, peu soucieux du bien collectif. Je vous implore de faire cesser cette haute insulte au Berceau de nos ancêtres. Je vous implore,  de faire en sorte que pour une fois, les décisions soient prises et appliquées. Je vous implore pour qu’à travers le football, les Camerounais retrouvent leur sourire et leur fierté nationale.


Génération maudite de footballeurs.

Eto'o et Drogba, tristes capitaines.
Eto’o et Drogba, tristes capitaines.

On les appelle les générations maudites. Les générations des ballons d’or africains : Yaya Touré, Didier Drogba et Samuel Eto’o.

 

Si ce dernier, capitaine des lions indomptables peut se targuer d’avoir gagné deux CAN (Coupe d’Afrique des Nations) avec le Cameroun en 2000 et 2002, plus une médaille d’or olympique la même année, les deux illustres ivoiriens quant à eux sont dans la « malédiction » perpétuelle. Malédiction un soir de 2006, face à l’Egypte, en finale de la CAN. Malédiction un soir de 2012, toujours en finale, et face à la Zambie, malgré la présence galvanisante du président Alassane Ouattara au stade.  Les éléphants sont maudits. Ils sont la meilleure équipe africaine sur le papier, ils raflent sur tout, marchent sur tout et échouent toujours au moment crucial. Deux finales ratées, mais aussi trois coupes du monde dans l’eau : 2006, 2010 et 2014, les éléphants sortent encore du premier tour. Et pourtant, leur première victoire contre le Japon (2-1) avait réveillé l’espoir d’une nouvelle donne.  Si la défaite contre la Colombie (1-2) était acceptable, celle du mardi 24 Juin 2014 face à la Grèce était tout simplement cruelle. Un nul suffisait aux éléphants pour passer au second tour, mais il a fallu cette 94ème minute, cette ultime minute d’horreur, pendant que Drogba et ses partenaires priaient tous les dieux, ceux-ci n’ont pas entendu la détresse de tout un peuple. Encore une fois, le malheur s’abattra sur les éléphants : un pénalty de dernière minute, et une crucifixion venue du panthéon grec. Oui, la coupe du monde a une saveur bien amère pour cette génération  de ballons d’or. Des joueurs qui gagnent tout avec leurs clubs respectifs mais qui n’arrivent pas à s’en sortir en équipe nationale. Qu’on se le dise, Eto’o, Drogba, Gervinho, et Yaya ont quelque chose de lourd, une pesanteur terrible qui les pétrifie sur le terrain. Un complexe d’infériorité qui les stagne dans une sphère de jeu impitoyable et qui dessine une autre trajectoire, en humiliant au passage le talent de ces joueurs pourtant reconnus dans leurs clubs respectifs. C’est que la coupe du monde a du mal à accepter cette génération. Comme a dit un supporter ivoirien au soir de cette défaite face à la Grèce : « Merci, mais il est temps de laisser la place aux jeunes générations ».

Oui, les gars, Cantona était un grand joueur, il n’a pas été champion du monde, ni Jean Pierre Papin d’ailleurs. Cela signifie que dans la loi du football, il existe une irrationalité qui s’appelle baraka, chance, aura, autant de notions qui refusent de vous accompagner sur le terrain. Samuel Eto’o le sait, depuis le départ de Patrick Mboma, et surtout depuis la mort de Marc-Vivien FOE, sa présence au sein de l’équipe nationale du Cameroun a toujours été infructueuse. Une finale perdue en 2008 lors de la coupe d’Afrique des Nations, et c’est presque tout, si on enlève ses deux buts marqués en 2010 en Afrique. Il y’ aura eu aussi deux CAN manquées par le Cameroun en 2012 et 2013, et bien entendu, cette autre coupe du monde de la honte, celle de 2014 qui s’achève avec un sentiment horrible de gâchis et d’injustice. Malheureusement, c’est cela la  cruelle loi du football, il y’a des vainqueurs et des vaincus, des premiers et des derniers. Les derniers peuvent être des anciens ballons d’or africains, et cela aussi mérite une petite méditation de notre part.