DANIA EBONGUE

Supprimez le mot « amitié » du dictionnaire !

Photo par Maman@home, blog de maman à la maison
Photo par Maman@home, blog de maman à la maison

Oh là, quelle douleur profonde ! Je saigne et je baigne dans une déprime mémorable, le genre de déprime qui est arrivée à son paroxysme ce matin.

 

Je reviens du mariage de NDO et de ma cousine Alice, enfin, désormais elle s’appelle madame NDO. Ce couple là est né devant moi, au quartier Cité verte, en 2006. Huit ans plus tard, les voilà signant pour le meilleur et le pire. A peine sorti de la mairie de Yaoundé 2, on a pris la direction de ce restaurant de la Communauté Urbaine à la Cité Verte. Ah, la cité verte, ce fameux quartier de mes 400 coups. J’y ai connu tous les accès et tous les excès. J’y ai connu la peur, l’amour, le sexe, mais aussi l’illusion et la trahison. C’étaient les années de gloire avec mon réveil matinal, « Ongola Café », la seule émission qui faisait de l’audience à 4 heures du matin. C’était l’époque de l’émission « A VENIR » aimée et détestée en même temps, entre vedettariat et jalousie des téléspectateurs. C’était cela, la télé, et il fallait l’accepter ainsi. C’était l’époque où mon téléphone sonnait, et sonnait encore. J’étais important, j’étais… incontournable. Oui, je ne passais pas inaperçu, même si cela n’était pas forcément voulu. C’était l’époque où je faisais salle comble au Centre Culturel Français avec les artistes Koppo, Krotal, Sultan Oshimihn, Kareyce Fotso, VBH, X Maléya, etc. (je ne peux et je ne veux pas tous les citer). Oui, tous là venaient me voir. Enfin, ils venaient voir celui que j’étais, c’est-à-dire une simple perche. J’avais alors la naïveté de croire que j’étais important, car j’avais des « amis » importants. Je croyais en nos discussions, nos débats, notre vision d’un Cameroun meilleur. Dix ans plus tard, où en sommes-nous ?

Nous en sommes à ce matin de mariage du couple NDO. Toute la « famille » de la cité verte était là, mais ce n’était plus du tout la même ambiance. J’ai honteusement quitté le restaurant avant l’ouverture du cocktail, car le protocole a cru devoir me mettre sur une table avec deux femmes enceintes. L’ennui et la tristesse étaient garantis. Même le nouvel humoriste Moustik Charismatik a refusé de se mettre à cette table. C’est là que j’ai prétexté une urgence pour m’éclipser. La vérité c’est que je ne suis plus à ma place dans ce monde là. Le monde des artistes et du show-biz, c’est fini pour moi. J’ai cru en la fraternité qui pourrait lier les journalistes-animateurs aux artistes. Là encore, c’est le jeu des intérêts qui prime. Filles comme garçons, à l’exception de quelques rares artistes, ton téléphone pour eux est synonyme d’opportunité. Mon cousin Pitou me disait à cette fameuse cité verte : « Tu es trop naïf et tu es aveugle. Tous ceux qui t’entourent ne te veulent pas forcément du bien ». J’ai botté tous ces propos en touche. Et pourtant, je n’ai pas vu un seul aux obsèques de mon père. J’en ai pas vu un seul lorsque mon ex fiancée m’a quitté (elle aussi parce que je ne brillais plus). Dure réalité qu’est ce monde. Alors ce matin, je me suis demandé ce que je faisais là ? J’avais personne à qui parler, puisque depuis un moment, quand je revois cette bande,  je les écoute tous se pavaner, et parler de leurs exploits, et exhiber leurs nouvelles trouvailles ou conquêtes, et rebelote… Non, je ne suis plus de cet univers. Je suis dans le monde sans être du monde, comme le Christ nous demande d’être dans la Bible. Sauf que le Christ avait sans doute oublié que tout cela rime avec solitude. Un ami, tu peux l’appeler à 2 heures du matin et il apparaît. Mais là, si j’appelle Dominique, elle est mariée. Son mari n’appréciera pas. Si j’appelle Viviane, pareil. Olivia est en Afrique du Sud, comme Christelle. Mon cousin Pitou est désormais à Liège en Belgique avec Patrick Ermano qui officie sur la FM RCF. L’aîné Heyndricks qui me donnait des conseils judicieux à ACMS (Association Camerounaise pour le Marketing Social) est hors du pays lui aussi. Tout ce qu’il trouve à me dire ces jours-ci via Facebook c’est : « marie-toi ! ».

Je repensais à cela ce matin, en admirant le bonheur du couple NDO, mais hélas Heyndricks, là encore ce n’est pas une mince affaire. J’ai cherché des filles, j’en ai connu à la pelle, mais la seule que j’ai aimée est partie. J’ai voulu en aimer une autre, mais l’Allemagne a eu raison d’elle. Elle me manque ! Car elle, c’était mon amie. Elle était la seule qui écoutait autre chose que mes émissions, mes spectacles ou mes histoires avec le show-biz. Même mon mentor à la radio, Wally n’est plus là. Tous ces gens enrichissent la diaspora et m’ont laissé ici, dans ce Cameroun qui est émergent aujourd’hui. Ils m’ont laissé orphelin et je n’ai que pour seul ami un écran d’ordinateur pour guetter chaque jour si Jean-Robert Chauvin m’enverra un mail depuis Villeurbanne ou si Lina Trabelsi me fera signe depuis Montpellier. Je me sens si seul, et pourtant, même entouré comme ce matin de mariage, je suis encore plus seul. On m’a dit : « Tu as cru que le monde se fondait sur la vérité et la sincérité. Tu as obtenu que la seule vérité palpable est que l’amitié est une notion éphémère ».  Même le jour de ma soutenance, ma voisine de lit m’a lâché. Les jours difficiles sont ainsi hein ? Personne sur qui compter. Seul, mais alors, seul au monde ! Je ne vois plus qu’en eux l’expression de plusieurs « moi » hypertrophiés. Là où l’égoïsme prime. L’amertume saveur d’une jungle urbaine qui ne parle que le langage du cynisme, de la calomnie, et même des coups bas. Bienvenue dans le monde merveilleux, mon enfer. Bienvenue surtout dans le coup de grâce, l’ultime déception de ma vie : L’émission LES COPS D’ABORD que j’ai servie pendant 15 ans, au détriment de mon argent, mon énergie, mon cerveau, mes nuits sans sommeil. Des années à draguer des proviseurs pour avoir une liste de 6 élèves compétiteurs en culture générale. Des années à supplier des autorités pour qu’elles nous payent le transport d’une ville à une autre. Des années à faire le pied de grue devant les entreprises pour obtenir des lots que ces mêmes écoles regardent avec dédain. Des années de galère où plusieurs jeunes du pays de Paul Biya ont appris la radio, l’écriture, mais aussi ma rigueur et ma passion. Il a suffit qu’ils aient une opportunité et les voilà déjà sur le toit du monde à penser qu’ils ont tout compris. Au-delà de l’ingratitude, c’est surtout leur indifférence qui me refroidit. On est vraiment dans la loi de la jungle. Comme un symbole, pour cette dernière émission au mois de mai dernier, seuls Eddy-Christian et Willy, les co-fondateurs de cette émission ont répondu à leur manière. Mais eux, je ne peux plus les embêter. C’est fini l’époque où je pouvais débarquer chez Eddy-Christian à Obogogo ou chez Willy à Olézoa. Ils sont mariés… Oui, le respect de leur intimité m’impose de la distance et c’est assez douloureux comme ça. Je les remercie d’avoir essayé de me comprendre (on dit que je suis incompréhensible). Mais, j’ai eu la larme à l’œil au soir du 17 mai 2014. J’étais dépité, dégoûté. J’étais mal pour toutes ces années de sacrifice qui n’ont accouché que de gens insensibles, indifférents, à la limite, ingrats. Quel jour sans, ce jour-là. J’ai vu défiler toutes les générations de cops, leurs trahisons, leurs coups bas, leurs mesquineries, et par-dessus tout, l’un d’entre-eux qui a délibérément décidé de ne pas venir alors qu’on l’attendait à la réalisation. Il a dû savourer en secret son « délice » de nous avoir fait faux bond. Il était ce matin au mariage de NDO. Avec son éternel faux sourire, je me suis souvenu de l’année 2004, quand son frère, ami, et Dieu d’artiste me l’a présenté. « C’est mon cousin, peux-tu prendre soin de lui ? ». Et moi, j’étais tout fier de rendre service à l’artiste. Comme toujours… Les gens ont vraiment la mémoire courte. Qu’importe ! Je suis heureux de savoir que nul n’est indispensable, surtout pas moi. Alors, LES COPS D’ABORD qui voulait dire les copains d’abord s’avère juste être un mensonge qui a duré 15 ans. J’y ai cru seul, et j’y ai crevé tout seul. Quelle claque ! La douleur est profonde Dolorès. Tu dois te dire que j’ai besoin d’un bon psy. Sans doute auras-tu raison. Mais relis-moi et tu comprendras depuis le début que je suis en train de me psychanalyser tout seul. Une automédication, fruit d’une prescription et d’un diagnostic tout aussi personnels. L’amitié est une illusion Dolorès. L’amitié n’existe pas. Imagine-moi demain, patron, directeur, décideur, ministre, les amis j’en aurais comme en 2004, 2005 et 2006. Imagine-moi devenir Team Press Officer des Lions indomptables, je serais sollicité de partout. Imagine-moi devenir responsable de la communication d’une multinationale, le regard va changer n’est-ce pas ? Je comprends maintenant pourquoi quand les gens changent de statut, ils deviennent arrogants, te regardent de haut et ne décrochent plus tes appels. C’est la rançon de la gloire, dit-on ! Mais, trop peu pour moi ! Je vais encore paraphraser le Christ biblique : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Parce que dans mon royaume, fut-il dans ma tête, ton oui est oui, ton non est non. Dans mon royaume la loyauté existe. Dans mon royaume on appelle un frère pour demander de ses nouvelles et non pour demander un service. Dans mon royaume l’émission LES COPS D’ABORD a son vrai sens. Mais hélas ! J’arrête tout. Ici chez vous, l’amitié n’existe pas, alors supprimez le mot « amitié » du dictionnaire !


Patrice Levang, l’homme du Sud qui venait du Nord.

Patrice Levang à l'Institut Français de Yaoundé, 23 Avril 2014
Patrice Levang à l’Institut Français de Yaoundé, 23 Avril 2014

Belle moustache, amoureux des chemisettes et un tantinet lunatique, voilà le personnage mythique qu’est Patrice Levang, l’homme du Sud qui venait du Nord. La soixantaine sonnée, l’homme a plutôt fière allure, comme tous ces scientifiques cristallisés par plusieurs années de recherches toujours aussi rajeunissantes. Cet ingénieur-agronome français, diplômé de l’Institut d’Agronomie de Paris-Crignon a soutenu sa thèse à l’ENSA de Montpellier, une thèse en agroéconomie dont le thème était : Transmigration en Indonésie. L’Indonésie est un pays qu’il connait bien, puisqu’il y a passé 30 ans de sa carrière après un court passage au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire.

 

Depuis 2010, Dr Patrice Levang est au Cameroun à l’IRD (Institut de Recherche Pour le Développement) et affecté au CIFOR (Le Centre International de Recherche Forestière). Le CIFOR qui publie d’ailleurs son ouvrage « la palme des controverses » en 3 langues (anglais, espagnol et indonésien).

Livre-La palme des controverses
Livre-La palme des controverses

Ce livre qui est sa référence bibliographique traite avec le co-auteur Alain Rival, la question de la controverse autour de l’huile de palme jugée mauvaise pour la santé et néfaste pour l’environnement, notamment les forêts. Mais Patrice Levang crie à la manipulation des lobbys. Il démontre dans son ouvrage que le Soja par exemple ne saurait être une alternative au palmier à huile puisqu’il faut 8 fois plus de terre pour faire du soja. Il rappelle aussi à tous les détracteurs de l’huile de palme au nord que cette dernière se trouve dans la plupart des produits étalés : savons, cosmétiques, dentifrices, chocolats, etc. Peut-on donc se passer de cette huile ? « On peut se passer de beaucoup de choses » se contente t-il simplement de dire, car au fonds, Patrice Levang, fort de ses nombreuses années dans les pays tropicaux sait très bien que cette huile profite aux planteurs et aux villageois, et que le problème ce n’est pas ces petits exploitants, mais bel et bien les multinationales et les industries qui exploitent le palmier à huile.

Patrice Levang

C’est ce monsieur téméraire, audacieux, qui ose proclamer les résultats de ses études devant un auditoire composé d’ONG et d’organismes de recherches qui justement ne financent pas des recherches dans cette filière, à cause de la contre publicité qu’il y’a au nord au sujet de cette filière. Un auteur engagé sans doute, mais un scientifique démontrant, tout le long de son ouvrage, que l’huile de palme est l’objet d’un mauvais procès. On croirait entendre un bassa du Cameroun ou un malaisien, pour lesquels l’huile de palme est exactement source d’alimentation, de santé et de développement économique. D’ailleurs à travers ses nombreuses publications d’articles scientifiques et ses deux autres livres La terre d’en face et Lexique des plantes utiles notre auteur revisite le sud, vu du nord avec une connaissance pointue des secrets de la nature, qui laisseraient pantois nos aïeux africains.


Mon séjour en enfer

Voici l'enfer dans lequel je suis
Voici l’enfer dans lequel je suis

Allo la terre ? Ici l’enfer. Je suis en enfer. Je vis en enfer. Je sais, vous êtes curieux de savoir où se situe cet endroit mythique, décrit avec terreur par les religions, les mythologies et les philosophies. Je suis en enfer. Oui, croyez-moi, je vous fais un témoignage vivant de mon séjour ici.

Souvenez-vous que les Grecs antiques parlaient des enfers au pluriel. Dans cette mythologie, les Grecs désignaient les enfers comme étant le royaume des morts, de même que les Akkadiens et les Sumériens et les Mésopotamiens. Chez les chrétiens et dans l’Evangile de Luc (Chapitre 16:19-31), on y parle d’un homme « tourmenté dans les flammes ». Dans les Livres des Chroniques et de Jérémie, on évoque la Géhenne, une décharge publique, le lieu des cadavres d’animaux, ainsi des corps des criminels exécutés. Et c’est le Livre des Apocalypses (chapitre 20 : 10 à 15) qui se veut le plus effrayant : « Et le diable […] fut jeté dans l’étang de glace et de soufre, où sont et la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles ». Ajoutez à cela, la définition de l’islam dans la sourate 78, versets 21 à 26 : « L’Enfer demeure aux aguets, refuge pour les transgresseurs. Ils y demeureront pendant des siècles successifs. Ils n’y goûteront ni fraîcheur ni breuvage, hormis une eau bouillante et un pus comme rétribution équitable ».  Aie, ça sent l’horreur et pourtant j’y suis, j’y vis.

Chaque matin, je vis la puanteur de la vie. Elle pue l’odeur nauséabonde d’une PPTE (Personne pauvre très endettée). Elle chante le stress de mon compte en banque, aussitôt crédité, aussitôt débité. Elle chante la peur du lendemain, la guerre en Centrafrique, les attaques de Boko Haram, ou encore la crainte d’une agression ou d’un braquage à domicile. Je suis en enfer. Je vis dans un enfermement perpétuel. Je suis prisonnier du système capitaliste, là où les pauvres s’appauvrissent et les riches s’enrichissent. Je suis prisonnier de la perte d’identité. J’ignore toute mon histoire, car elle est écrite par d’autres, les bourreaux de la civilisation, de la colonisation et des religions. Ils m’ont dit dans leurs religions que si je transgresse leur loi (religieuse), j’irai en enfer. Alors j’ai prié dans les temples, les synagogues et les mosquées. Partout, prêtres, imams, évêques et pasteurs m’ont dit : « Tu ne tueras point ».

Et pourtant, les religions tuent, elles tuent dans chaque phase de l’histoire : le jihad, les croisades, ou les deux guerres mondiales. Il y’a partout du sang versé. Ce monde est donc infernal. Il chante les louanges du feu, du soufre, du canon, des fusils, et des bombes.  Je suis enfermé dans un mode de pensée dicté par les autres, leurs codes, leurs écoles, leurs valeurs. Mais dans cet enfer, ils ont donné le pouvoir à l’argent, au sexe, au diamant, à la compétition entre peuples, ethnies, nations, couleurs, et continents. Dans cet enfer, la définition du bonheur est impossible, elle est une nébuleuse indéfinissable. Ailleurs, si le bonheur se résume à manger 3 fois par jour, à côté de moi, un seul repas suffit à décrocher le sourire d’un démuni. Mon séjour en enfer ressemble donc à cela : on meurt chaque jour, alors c’est le royaume des morts. On n’a pas de fraicheur, car les climats changent, les températures se dérèglent. Oui je souffre dans cet étang qu’on appelle la sphère terrestre, ou plutôt l’enfer terrestre. L’homme y est un loup pour l’homme. L’amitié n’existe pas, seuls les intérêts comptent. L’amour est une illusion, il se calcule au gré des humeurs, il engage la littérature de la  haine, il est donc tout sauf…Amour.

Mon séjour en enfer a le goût amer des jours qui se suivent et qui se ressemblent. Des jours qui sont l’éternel recommencement d’une âme en détresse qui cherche ses repères dans la course à l’argent, aux diplômes, à l’ascension sociale, à la carrière, au pouvoir politique, à la puissance économique. Mon séjour en enfer ressemble à une loi de la jungle où chacun essaie de se battre pour éviter d’être rapidement réduit en cendres. Mais le problème est que le feu devient de plus en plus ardent, les flammes s’élèvent de plus en plus haut et nous incinèrent de plus en plus. Il fait chaud ici, j’étouffe dans cette planète. C’est normal, c’est l’enfer !

 


Les mots de la Francophonie – Chapitre 9 : les mots 2015 du dictionnaire à Abidjan

On y était avant les dictionnaires Le Robert et Larousse. On le leur a imposé même, ces nouveaux modes, ces nouveaux modes d’expression. Pas moins de 150 nouveaux mots de la langue française qui épousent l’ère du temps. Dans l’avion qui nous conduisait à Abidjan, Ulrich a proposé : « Faisons-nous un selfie ».

Selfie de Dania, Ulrich et William dans l'avion
Selfie de Dania, Ulrich et William dans l’avion

Ah, il était loin d’imaginer que cette expression entrerait officiellement dans le dico de 2015. Sur place à Abidjan, un de nos responsables, dont le nom commence par Z a aussi enrichi notre vocabulaire. C’était un vapoteur, il faisait du vapotage, c’est-à-dire qu’il vapotait. Pendant ce temps-là, ma douce Danielle passait le temps à créer et à explorer des hashtag. On peut citer #‎mondoformation, ou encore  ‪#‎mondoteam, mais le plus célèbre de ceux-ci reste bien entendu #MondoblogAbidjan. Abidjan était vraiment dans la tête des 67 blogueurs. Personne, non personne n’avait envie de procrastiner (« avoir tendance à remettre au lendemain ») toutes les photos et tous billets relatifs à Abidjan ou au VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) que l’Office du tourisme ivoirien nous a alloué pendant notre merveilleux séjour. C’est vrai qu’on va regretter qu’au petit-déjeuner à Grand Bassam, il n’y avait pas de spécialiste de la préparation du café (barista), pas plus que de speck, « jambon cru légèrement fumé et séché ». Tans mieux, les nouveaux végétariens et végétaliens appelés véganes n’auraient sans doute pas apprécié.  Ils auraient aimé indubitablement la danse improvisée par une troupe ivoirienne au bord de la piscine, qui a poussé Ahlem B à montrer ses talents en matière de Zumba et de prequel, « épisode d’une œuvre dont l’action se situe avant celle des épisodes précédents » dont l’autre spécialiste reconnu est Aphtal. A Abidjan, il y’avait parmi nous des superhéros comme Wonk, qui m’a parlé longtemps de cette vraie-fausse histoire du faux héros nommé Soundiata Keita. Il y’avait aussi les dessins de Marnie et ses comics « bande dessinée américaine, spécialement de science-fiction». Il y’avait côté formation, l’infatigable Gaëlle et ses photos un peu agaçantes, qui intervenait sur tout lors des formations, et qui a d’ailleurs très bien assimilé ses leçons sur la cyberattaque, et sur les  MOOC (Massive Online Open Course- « cours libre et massif en ligne »-) dont elle attend bientôt une certification.

Ah oui, il y’avait de tout cela à Abidjan. Il y’avait même parmi nous, un troll, « internaute qui cherche à créer la polémique sur un forum de discussion ou sur les réseaux sociaux ». Ce troll a été déclenché à la suite de la question de l’homosexualité pendant la formation. Chut ! L’éternel débat. Heureusement il y’avait vraiment pas de quoi psychoter,  le débat a été très vite dissipé avec zénitude lorsque Ziad m’a demandé la définition du Barcamp. A ce moment-là, on m’a surnommé le verbicruciste, « personne qui conçoit des mots croisés, en rédige les définitions ». Oui, dans le néologisme Barcamp, il y’a le bar et le camp qui sont associés. Le Larousse et Le Robert devraient donc plus souvent fréquenter les mondoblogueurs, car nous étions les précurseurs des mots de 2015, les nouveaux mots de la Francophonie, laquelle Francophonie, représentée par Brinel Moreau, était bel bien aux côtés des mondoblogueurs d’Abidjan. Alors à quand des nouveaux mots de la Francophonie tels que Mondobloguer ou Mondoblogueurs ?


Amobé Mévégué se fait virer de la fête nationale du Cameroun

Amobé Mevegué (ici avec Myriam Makeba), toujours en tenue africaine
Amobé Mevegué (ici avec Myriam Makeba), toujours en tenue africaine

Mince alors, le mépris des Africains est allé trop loin. Quoi ? On vient d’expulser Amobé Mévégué, le chantre de l’infomusement à Paris, à l’occasion de la fête nationale du Cameroun, parce qu’il a revêtu une tenue trop africaine au goût du protocole de l’ambassade du Cameroun à Paris. Quelle belle aliénation de croire que la tenue conforme c’est le costume- cravate sombre à l’occidentale ? Que dire des chemises de Mandela ou encore des tenues de Goodluck Jonathan ? En tout cas, voici le témoignage d’Amobé lui-même :

Comment je me suis fait virer de la fête nationale du Cameroun !

Il y a quelques jours, je reçois l’appel courtois d’une personne de l’ambassade du Cameroun me proposant, car regrettant de ne l’avoir fait plus tôt, de me faire acheminer un carton d’invitation pour la célébration de la fête nationale du Cameroun au pavillon Dauphine à Paris.

Ce à quoi, je réponds favorablement, car bien que de nationalité camerounaise il m’arrive souvent d’être invité dans de nombreuses cérémonies identiques données par les États africains.

À 18 heures précises, je me présente donc au lieu-dit, j’y salue plusieurs personnes, amis et connaissances et me dirige vers le service de protocole.

Ce dernier m’interpelle avec vigueur pour me signifier l’impossibilité pour moi d’entrer dans l’enceinte du pavillon ! Par courtoisie, je ne souhaite pas nommer les personnes qui s’opposent à mon entrée, pour éviter toute forme de polémique inutile.

Raison invoquée : « Votre habillement Monsieur, ne correspond pas au standing de nos invités » !

Je précise que comme à l’accoutumée, je suis paré d’étoffes africaines que je juge nobles. J’encaisse le coup, reste zen, parle avec courtoisie et feint d’être surpris, quelques personnalités connues passent, me saluent gênées, et pénètrent dans le lieu de tant de convoitises.

Un molosse me lance, « Monsieur allez vous changer, vous pourrez entrer » !
Je lui réponds que pour rien au monde, je ne changerai ma nature ! Qu’il me semblait hallucinant, que le jour d’une fête nationale d’un pays africain, le citoyen que je suis, souhaitant honorer ses ancêtres, chaque jour parce ce que c’est son choix, en portant les étoffes des peuples et des civilisations d’Afrique, se voit expulser pour non- conformité prétendue avec l’exigence de la fameuse locution « Tenue correcte exigée » !

J’aimerais savoir sur cette terre qui fixe les codes d’une tenue correcte ? Qui exige ? Qui ?

J’ose avancer que mes tenues africaines m’ont accompagné dans le monde entier, sur tous les continents à la rencontre des plus grandes personnalités.

Je m’entends dire que chaque nation à ses codes ! Lesquels donc, en résonance à quoi, à qui ?

Comble de l’ironie, je tente alors d’expliquer à mes détracteurs que 4 jours auparavant au même endroit, j’ai présenté avec des étoffes semblables, un gala devant le président Abdou Diouf, le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, l’ambassadeur du Sénégal, la procureure de la CPI – Cour pénale internationale, sans que cela ne suscite le moindre émoi.

Réponse du protocole :  »  Le Cameroun, c’est le Cameroun !  » Ne voulant susciter aucun esclandre, j’ai demandé à ce que Mr l’ambassadeur soit informé de mon départ, ayant refusé d’aller troquer mes « guêtres » pour des tenues plus « indiquées ».

La vie m’a donné la chance de visiter beaucoup de pays, et d’être reçu par les plus grandes autorités de ces derniers. Ma fierté était aussi souvent d’y arborer des tenues africaines de tous nos pays, parfois mêmes indiennes dont j’apprécie particulièrement le style. J’entends bien ricaner une certaine bourgeoisie africaine décomplexée à qui je rétorque, pourquoi pas si tel est mon choix.

Je n’impose pas à mes contemporains d’opter pour telle ou telle orientation vestimentaire, aussi je revendique le droit à assumer mes choix. Ne souhaitant faire aucun prosélytisme, je ne vois pas en quoi, un Obom du pays Béti, le Ndop du pays Bamiléké, le Bogolan du Mali et tant d’autres étoffes et chaussures léguées par nos ancêtres, seraient moins nobles que le costard cravate ou le smoking, pour celui qui en fait le choix ?

Il semble que ce mal qui s’apparente à une aliénation chronique soit plus profond en Afrique centrale qu’en Afrique de l’Ouest. C’est ce que je constate avec dépit.
Nombreux sont les pays où les tenues et chaussures traditionnelles ont droit de cité dans les chancelleries !

Se faire éconduire pour une si ridicule raison me conforte dans l’idée de poursuivre cette forme de résistance à l’uniformisation de nos modes de vie.

Il se trouve que dans quelques jours, je serai l’un des invités d’honneur du festival ciné droit libre au Burkina Faso, aux côtés de l’ancien chef d’Etat Jerry Rawlings, croyez-moi, plus que jamais je serai habillé de la même sorte, « boubouifié » jusqu’aux dents !

Sans invective, je propose de lancer le débat sur ce thème qui selon moi en dit long sur les maux d’une certaine Afrique. Merci de réagir dans l’apaisement à cette histoire qui ferait sans doute rire un extra terrestre, celle d’un Africain chassé de la fête nationale de son pays, parce qu’il s’habillait librement comme ses ancêtres !

Viré de la fête nationale du Cameroun du pavillon Dauphine de Paris pour cause de « tenues non conformes au standing requis », alors que quelques jours auparavant, je présentais un gala dans le même pavillon Dauphine, avec les mêmes « tenues non conformes au standing requis » devant un ancien chef d’Etat, la représentante du président Macky Sall, le ministre français de l’Intérieur, de nombreuses personnalités….qui est fou ??

Amobé Mévégué


Le Cameroun est émergent aujourd’hui

Cameroun, émergent ou énervant?
Cameroun, émergent ou énervant?

Pourquoi est-ce que les gens sont si dubitatifs ? Voilà que le Cameroun est enfin devenu émergent, longtemps, mais longtemps avant l’échéance de 2035 annoncée par le président Biya. Je vous dis que le Cameroun est émergent. La preuve, le grand Chef fait un remaniement ministériel et a nommé des jeunes technocrates. Cette fois, il n’a plus été question de distribution de « cadeaux électoraux ». On est passé de 60 ministres à 16 ministres. On a même réduit le train de vie de l’Etat.

Désormais l’argent des séminaires, des colloques et autres ateliers a été reversé dans les projets des collectivités locales. On a créé des stades de foot dans chaque chef-lieu de département. On a même construit des routes, des ponts, des aéroports. Je vous dis : j’ai pris l’avion pour Bamenda, et en trente minutes j’y étais. Une hôtesse m’a même accueilli avec le sourire à ma descente d’avion. Elle m’a aussitôt orienté vers les bagages et m’a souhaité un agréable séjour. J’ai pu écouter ma radio préférée, la FM 94 sur place. Fini, les zones d’ombre et de silence. La CRTV (Cameroun Radio Télévision) est passée au numérique avant l’échéance de 2015. Plus besoin donc d’habiter Yaoundé pour écouter ma radio, car grâce au système RDS, ma radio me suit partout. Je vous assure que le Cameroun est émergent.

Désormais, il y’a un poste de police dans chaque quartier. Vous appelez et ils sont là. Vous vous faites braquer et les bandits sont aussitôt arrêtés, car le système d’alerte est devenu le plus puissant d’Afrique. Ma mère est tombée malade, et une ambulance du SAMU est venue la chercher en 5 minutes pour la transporter au service des urgences de l’hôpital central. Là bas, on l’a traitée comme une reine. L’infirmière lui a rapidement pris les paramètres et le médecin a décidé de respecter son serment d’hypocrite d’Hippocrate et s’est penché sur son cas avec tout le sérieux du monde. Il lui a même dit : « Ça va aller madame,vous êtes entre de bonnes mains. Ne vous inquiétez pas pour votre facture, désormais le Cameroun assure la sécurité sociale des malades ». Je me suis senti tellement bien que je suis allé me coucher sereinement. Rien qu’avec les paroles du toubib, je sais que ma mère guérira. Je suis donc rentré à la maison, et il y avait une forte pluie, mais curieusement, AES SONEL n’a pas coupé l’électricité. J’ai donc déclaré comme mon ami Florian Ngimbis : Je suis camerounais, j’aime AES SONEL.

Le couple vent et pluie n’était plus égal à coupure de courant. J’éprouve un immense bonheur à vivre dans ce nouveau Cameroun, et je me demande pourquoi tous mes voisins du quartier sont partis à Paris. Pour chercher quoi là-bas ? Ils disent que là-bas, il y a le métro et le métro est à l’heure. Mais, il y’a un métro déjà à Yaoundé. Non seulement il est à l’heure, mais il est gratuit. Ils disent que là-bas, quand le président se déplace, on ne bloque pas la route pendant des heures comme à Yaoundé. Qu’est-ce qu’ils racontent ? C’est de la pure diffamation hein ? Notre président se déplace en hélicoptère, car il a du souci pour ses compatriotes et ne veut pas les embêter avec un protocole inutile. Pure diffamation, je vous dis.

Ils disent qu’à Paris, on a des valeurs et on est respectueux des autres. Là je ne suis vraiment pas d’accord. N’est-ce pas à Douala, les enfants sont déjà polis, bien élevés, avec de bonnes manières. N’est-ce pas les jeunes filles s’adonnent à leurs études et ne calculent plus les Blancs qui foulent le sol de Douala ? N’est-ce pas le sida a été réduit à Douala et à Kribi de moitié ? D’ailleurs, la prise en charge est gratuite, le palu est presque éradiqué et les gens ont désormais confiance en leur système médical. Le Cameroun a beaucoup changé, je vous dis. Les procédures judiciaires sont devenues judicieuses. On traite votre cas avec délicatesse, on vous fait passer un procès rapidement, et la corruption n’existe plus dans nos tribunaux. Les diplômés ne monnayent plus pour avoir des notes. Les professeurs désagrégés sont devenus des vrais maîtres de conscience et ne se livrent plus à une guerre inutile pour des postes politiques. Le Cameroun a changé, je vous dis. Un instant… Ma mère m’appelle et me secoue. « Lève-toi, lève-toi ! » me dit-elle. Comment est-ce possible est-elle sortie de l’hôpital si vite ? C’est que ce médecin-là est donc un vrai magicien. « Lève-toi ! » insiste-t-elle. Je me redresse et je constate que ma mère est bel et bien devant moi. Elle ajoute : « Il est 6 heures, tu as oublié que si tu ne sors pas tôt, tu vas passer des heures à stopper le taxi et tu ne seras pas à l’heure ». Quoi ? Mais on a le métro, il y’a plus d’embouteillages à Yaoundé non ? Où sont passés tous ces échangeurs et ces routes secondaires ? Mince alors…

Ce n’était qu’un rêve !


Camair-Co justifie sa réputation de « Air Peut-être ».

 

Camair Co, l'étoile qui ne brille plus
Camair Co, l’étoile qui ne brille plus

Il est 3h du matin à l’aéroport international de Douala et j’ai faim, assis là, dans une salle d’attente où plusieurs passagers en provenance de Lagos et d’Abidjan attendent qu’on leur dise quelque chose. De fait, Camair-Co, la compagnie aérienne nationale du Cameroun, a bouleversé ses lignes internationales à cause du report de son vol  QCM 362 prévu initialement à 13h 55 au départ d’Abidjan, et repoussé finalement à 20h 30 ce lundi 12 mai 2014. C’est un message reçu le matin même du voyage par Ulrich Tadajeu, l’un des mondoblogueurs camerounais présents en Côte d’ivoire qui annonce le report du vol. Heureusement, il était en roaming et sa puce camerounaise a reçu le message, juste au moment où nous quittions notre petit déjeuner express pour entrer dans le bus à 9h, direction l’aéroport Félix Houphouët Boigny.

Une journée de plus en Côte d’ivoire à se tourner les pousses avant de tomber sur le célèbre disc-jockey camerounais Pat Kool, qui lui m’annonce : « Toi au moins, tu as de la chance de l’avoir aujourd’hui, moi j’attends cet avion depuis vendredi ».

Dj Pat Kool, célèbre au Cameroun
Dj Pat Kool, célèbre au Cameroun

 

C’est une fois dans l’avion que j’ai compris que Camair-Co avait combiné son vol annulé de vendredi à celui retardé du lundi. Le commandant de bord a déclaré qu’il s’agissait du « vol 361-362 », soit deux vols pour le prix d’un. L’ambiance était tendue dans l’avion, ceux qui étaient en attente depuis vendredi, et ceux qui ont embarqué après l’escale de Lagos et qui espéraient cet avion depuis 24 heures.

Me voici donc à Douala, en pleine nuit. C’est connu, je suis Duala et je n’aime pas Douala. Rester dans cet aéroport est un enfer, à commencer par les toilettes qui n’ont pas d’eau. Belle image pour le Cameroun… Belle image aussi de cette hôtesse de Camair-Co qui m’a servi deux maigrelets sandwichs dans l’avion, sans le sourire, je précise. Les gens qui livrent la bouffe à Camair-Co pensent que les passagers sont des oiseaux ? Non mais…Quatre heures de vol et une collation aussi insignifiante ? L’hôtesse a passé le temps à répéter : « Veuillez nous excuser pour les désagréments de ce voyage ». C’est un peu facile non ? Si au moins on nous consolait avec la bouffe, la vraie ! Mais non.

L’avion lui-même ressemblait lui-même à un gros bus urbain : passagers serrés, bagages à main débordés, ambiance surchauffée. Camair-Co procède t-elle comme un taxi brousse désormais ? Faire le plein avant de démarrer ? C’est tout comme. Nous voici à Douala et toujours personne pour nous renseigner. Apparemment nous ne sommes pas les seuls, même les passagers de Libreville ne savent plus à quel démon se damner. La colère des passagers est d’autant plus grande qu’il y’a comme une honte à constater que notre chère Camair-Co ne dispose que d’un seul avion de référence, le Boeing 737-700 qui fait des allers et venues entre plusieurs aéroports par jour, d’où les retards réguliers.

Et pourtant, j’étais si fier de voyager avec Camair-Co. Je trouvais cet acte patriotique et encourageant pour l’économie locale. Je trouvais qu’acheter un billet Camair-Co c’était nourrir des familles camerounaises, et j’en voulais à tous ces ministres et autorités qui préféraient prendre d’autres compagnies pour des raisons que je constate aujourd’hui. Chaque jour, je menai un combat idéaliste contre ceux qui avaient surnommé cette compagnie « Air Peut-être », c’est-à-dire la compagnie de l’incertitude. Aujourd’hui je vais me taire. Je vais juste faire un constat : « L’étoile du Cameroun » ne brille plus. Ce slogan de Camair-Co porte si mal son nom que j’ai failli m’arracher les cheveux en écoutant tous ces passagers ivoiriens, gabonais et nigérians traiter le Cameroun de tous les noms d’oiseaux. Apparemment, il n’ya que moi que ça perturbe ici. Déjà une heure assis surplace et pas de nouvelle pour la suite de notre correspondance. Aucune autorité de Camair-Co qui vienne s’excuser, juste un tour furtif d’un agent de la compagnie qui dépose des boissons sucrées sur la table alors que certaines dames réclament du café. Ce café ne viendra jamais, pas plus que l’agent d’ailleurs. Des rumeurs courent que le prochain vol pour Yaoundé c’est à 7h du matin. Enfin…peut-être.


Mon top 10 musical

C’est mon hit parade musical sur le web. Je traverse les âges, les récits et aussi des expériences vécues personnelles. Chacun de ces clips est une histoire de ma vie…A vos clips, prêts, partez !

N°10: ARRESTED DEVELOPMENT-Everyday People.

Headliner et Speechétaient les membres fondateurs de ce groupe de hip-hop originaire de la ville d’Atlanta aux Etats-Unis.  Le groupe a été créé en 1988 et reflète dans sa chorégraphie l’héritage de la culture négro-africaine. 3 Years, 5 Months & 2 Days in the Life Of…, a été leur premier album à succès avec notamment le titre Everyday People. 1992, quelle belle année ! Je découvrais le Soul Train Music Awards avec des groupes comme Boyz II Men, ou encore le virtuose Babyface. Cette année-là, le hip-hop écolo d’Arreted Development m’avait séduit. Grâce à eux, je m’étais procuré mon premier walkman. Dégustez !

N°9: BABYFACE-For the cool in you.

Ce faiseur de tubes et d’artistes aura influencé le RnB et la soul des années 1990 aux Etats-Unis. Infatigable auteur compositeur et chanteur, Babyface aura fait germer en moi la flamme qui s’appelle amour. Ma première drague se faisait sur le tube For the cool in you.

For every tear you’ve cried, I’ve cried a thousand times
Never once did I want you to hurt inside
I wanna thank you for the chill in you
Especially for you being so cool
This is for the cool in you

Pour chaque larme que tu as versée, j’ai pleuré mille fois. Pas un seul instant, j’ai voulu te blesser. Je voudrais te remercier pour ce charme spécial, pour toi qui es si cool. Pour le charme en toi.

Merci Babyface, merci à toi Marie-Cécile, à qui je la chantais. Dégustez!

N°8: Kadja Nin-Sambolera.

Et cette Burundaise est apparue dans ma vie de mélomane, mais aussi comme une injonction exotique. J’en parlais déjà dans mon billet intitulé : que sont-elles devenues ? Tout ce qui sonnait Burundi à Yaoundé m’interpellait grâce à cette chanson. A défaut de me rendre à Bujumbura, c’est d’abord mon amitié profonde avec Alice Ntirumera qui me rapprocha de ce pays en 1996, avant de rencontrer en 1998, Marie-Laetitia Kankera. Le pont commun entre elles : beauté, intelligence, intuition et sensibilité. Mon panafricanisme a débuté par là. Savourez !

N°7: Les Nubians-Makeda.

Oups ! Il y aurait beaucoup de choses à dires au sujet des princesses nubiennes que sont Célia et Hélène Faussart. Les Nubians ont rythmé ma vie depuis 1999. Tout d’abord j’étais fan de ces Franco-Camerounaises en suivant leur actualité au jour le jour. Puis, il y a eu leur disque d’or aux Etats-Unis avec l’album Princesses Nubiennes, suivi de leur nomination aux Grammy Awards pour l’album One step forward. Il y a eu ensuite la naissance de ma fille en 2004. Je l’ai nommée Makeda. Et depuis, Les Nubians et moi, c’est simplement une amitié profonde. De fan, je suis devenu leur attaché de presse.

Hélène Faussart et Dania, Tournée "New Revolution" en 2012
Hélène Faussart et Dania, Tournée « New Revolution » en 2012

Hé oui, que la vie plus être surprenante ! Regardez maintenant!

N°6: Philémon-Brèves romances.

C’est un artiste du nom de Jeddah SADE qui m’a filé l’album « Les soulfood sessions vol .1 » en 2005. Album dans lequel se trouve un artiste d’origine camerounaise du nom de Dan Kamit. Dans ce bouillon de soul à la française, se trouvent les lyrics très poétiques de Philémon. Un vrai régal.

Se serait bien qu’on se voit souvent ptite lady
j’aimerais qu’on se voit qu’on se dise bonjour et pas ciao
j’te cache pas que tes formes physiquement deja mis KO
quand tu me vois fais pas comme si j’n’existe pas
jte parle, tu m’attaches de l’importance car tu me regardes de haut en bas
ah bon? Peut être parc’que t’es trop fier, tu clignotes des paupières
pour me faire comprendre: nous n’avons pas les mêmes valeurs
quand tu me croises tu lèves la tête mais moi je sais
par ton entourage que t’es sentiments sont exposés
qu’à monégard tu es plutôt bien disposée
en fait tu m’ connais, tu m’connais comme un homme, homme commun
tu m’kiffes et on a rendez-vous demain tu te souviens?

Chaque fois que je réécoute cette chanson, c’est l’extase. Faites-en de même !

N°5: Zeynab-Baba mi.

Divine et sublime Zeynab, symbole d’une Afrique de l’Ouest intégrée. Elle est Béninoise ayant vécu en Côte d’Ivoire, et d’ethnie yoruba. Ce qui veut dire que Ghanéens,Togolais et Nigérians la comprennent. La chanson Baba mi est un hymne à son Dieu, dans un Yorouba qui semble nous familiariser avec les films de Nollywood. Pétillante, admirez !

N°4: Soweto Gospel Choir-Khymbaya.

Soweto Gospel Choir
Soweto Gospel Choir

Soweto Gospel Choir. C’est un cocktail de couleurs, d’émotion et surtout de spiritualité, se chantant et se dansant dans tous les rythmes du monde. C’est Nicanor Etamè qui m’a fait découvrir cette chorale en 2013. Oui, oui, très récemment ! C’était un dimanche matin, et c’était sa messe dominicale à lui. Khumbaya m’avait parlé ce matin-là, mais il m’a surtout replongé au cœur et en chœur de la nation arc-en-ciel. Plongez-y !

https://www.dailymotion.com/video/xic3iw_soweto-gospel-choir-khumbaya_webcam

Nous voici donc dans le précieux top 3.

N°3: Mc Solaar-Gangster moderne.

J’étais en classe de terminale en 1998 au lycée bilingue d’application. A l’époque, mon ami Eric Nngambe m’avait apporté ce single « gangster moderne » avec les lyrics. J’étais devenu fan de ce rappeur…français (si on veut). Pour moi, le Tchad et le Sénégal font de lui un Africain pluriel, qui manie si bien la langue de Molière. J’avais proposé ces vers dans un devoir de langue française et j’avais obtenu 15/20. Mais au-delà de la note, ses paroles sont si actuelles. En vérité, « les gangsters modernes sont les gens d’aujourd’hui ».

Jadis c’était : Alphonso Capone et Nitty

Aujourd’hui Les Affranchis roulent en berline à Paris

Laisse ! Dans ce business, Eliot Ness est de mèche

Satan dirige la messe. Donc personne ne se confesse.

Il a rêvé de fumer de la thaï en toute impunité

Mais sait que seuls les députés auront l’immunité

Que les plus grands gangsters font du marketing

Quand il blanchit des jeans, en CDI dans un pressing

Il rêve action, gilet pare-balles, paranoïa

Sans même le 13e mois veut s’installer dans la famiglia

Pour reposer son père retraité et plein de peine

Il veut faire de la politique pour être un gangster moderne

N°2: Brithney Spears-Born to make you happy.

Britney Spears, je n’en suis pas fan. Mais il y’a des refrains comme ça qui résonnent dans votre tête et qui font défiler des images, celles de souvenirs lointains. C’était dans notre cité d’étudiants au quartier Tropicana. Nadia Mbarga, Antoine Mahop, et Hélène Bongongui, et moi avions coutume de cuisiner, bavarder et écouter de la musique chez ce cher Patrick Omgbwa. Mon pote, mon frère. On a été de tous les combats ensemble : grèves universitaires, déceptions amoureuses, crises avec les parents, mais aussi des inséparables. Et toujours cette chanson de Brithney dans sa chambre. Je l’ai écoutée dans sa chambre d’étudiant à l’université de Ngaoundéré, puis à l’IUT de Douala, dans son bureau comme responsable informatique à l’Université Catholique de Yaoundé, et l’an dernier à l’Université des Montagnes à Bangangté où il occupe les mêmes fonctions. C’est mon ami, un vrai ! Il est prêt à mourir pour moi, je suis prêt à mourir pour lui. Sacré Pat ! Merci pour cette chanson. Dégustez !

N°1: Michael Jackson-Keep the faith.

Le roi de la pop et cet album Dangerous qui date de 1991 et qui est toujours aussi actuel. Le titre keep the faith (Garde la foi) est un hymne à l’espoir, au réveil, à la révolte intérieure et au défi permanent de faire face aux vicissitudes de la vie. Cette chanson pourrait bien épouser votre religiosité que votre rationalité, mais avec un dénominateur commun : la foi ! Se lever le matin, croire en la Vie, en l’Amour, en l’Humanité, et à demain qui sera forcément plus beau. Demain, un jour nouveau se lèvera, quelle que soit la durée de la nuit. Et si hier nous n’avons pas pensé à aujourd’hui, aujourd’hui, donnons une chance à demain.

Keep the faith !


Mon monde de blogs à Abidjan

Mon mondoblog à Abidjan, c’est un monde de gens qui bloguent. Ces gens qui décrivent la réalité, leur réalité à partir de leur subjectivité et…leur subtilité. Mon monde de blogs à Abidjan porte l’estampille d’une rencontre qui se tient à Grand Bassam, citée balnéaire et historique de la Côte d’Ivoire. Ici, le terme « brassage » n’a jamais valu son pesant d’or. Mon monde qui blogue à Abidjan est un bouillon de culture, là où les cultures francophones sont réunies, selon l’expression de Jérôme Osman, l’un des Haïtiens conviés à cette formation annuelle de blogueurs francophones et francophiles.

Blogueurs en formation à Abidjan
Blogueurs en formation à Abidjan

De fait, Haïti et sa colonie fait partie des îles merveilleusement représentées ici (Arthur l’australien, Isabelle de la Réunion, Andriamialy de Madagascar, et encore).  

Mon monde de blogs à Abidjan, c’est cette ambiance feutrée d’accents plus ou moins graves du français aux intonations diverses. Il faut souvent tendre l’oreille pour comprendre, mais on finit par s’entendre. Et s’entendre vraiment, c’est mon amitié profonde avec Jean Robert dont la profondeur d’esprit me chatouille jusqu’au bout des entrailles. Tout chez cet homme chante la vapeur de la simplicité et l’énergie du bon sens universel. Nos causeries en soirée sont un délice, surtout lorsqu’il m’a confié tendrement les raisons de l’écriture de son billet parce que c’était lui.  Parce que c’était lui, la culture résonnait en chansons comme dans ses billets et ses t- shirts, qui chaque matin arbore un message différent. Celui de ce jour est :

 La vie c’est ce qui se passe quand on avait prévu autre chose .

John Lennon.

Oui, parce que c’était abcdetc, je ne pouvais que m’abreuver à sa maturité, son sourire, et sa générosité marquante, lorsqu’il a offert à tous les 70 blogueurs, des pins estampillés Villeurbanne, du nom de sa ville, près de Lyon. Dans mon monde de blogs, un Lyonnais peut en cacher une autre, une Pascaline…si fine. Elle vit et raconte un dimanche ordinaire à Marseille tout en réclamant son appartenance à Lyon. Pour rester dans la Méditerranée, parlons de cette fleur nommée Lina, qui, rien qu’à son regard au bord de la piscine le premier jour, m’a simplement envoyé une invitation secrète à explorer les mystères de son cœur si tendre d’une Algérienne si profondément française.Voilà mon monde de blogueuses. Mon autre Méditerranéenne Myriem, mes Abidjanaises (Babeth, Mariette). Cette dernière n’est pas du tout l’étrangère qu’elle dit être dans son blog. J’ai l’impression de la connaître sans la connaître, sa timidité m’intimide, son sourire me sourit, et sa discrétion m’éclipse pour me propulser vers mes lionnes indomptables (Josiane, Danielle et Gaëlle).

Equipe Cameroun Mondoblog 2014
Equipe Cameroun Mondoblog 2014

Hum !  Gaëlle m’a confié en pincer pour un ici, mais un secret est un secret, chut ! Circulez, il y’a rien à voir, sinon je vais vous donner cocota, comme on dit à Abidjan pour punir les têtus. Comment voulez-vous que je dénonce ma sœur alors que les lianes se font rares ici. Les lianes ? C’est l’expression du sieur Florian Ngimbis, pas présent ici, mais son spectre plane partout dans ce monde de blogs. Son tweet envoyé hier sur #MondoblogAbidjan me précise qu’une liane est une blogueuse. Ah, sacré Florian ! L’histoire retiendra que ce majestueux blogueur camerounais a donné un statut aux blogueurs. Oui, désormais, le monde des blogs est reconnu, jalousé, convoité, surveillé. La délicieuse Awa Seydou Traoré (la plus Mauritanienne des Maliennes), Em-A , Oh ! Grâce à toi, j’adore le Tchad et… les Tchadiennes.  Chantal, mon Dieu, quel rayonnement ! Rester  à tes côtés c’est comme boire du vin de luxe. Quelle énergie tu portes ! Ta fibre swahili résonne comme les anciennes chansons de Lokua Kanza dans cette partie de sGrands Lacs qui sait si bien porter une forte dose de spiritualité. Myriem, tu viens de m’impressionner par ta maîtrise des mathématiques. Une vraie belle Marocaine comme toi qui ne se sépare jamais de son sourire.

Manon, Myriem, Chantal et Em-A
Manon, Myriem, Chantal et Em-A

Mon monde blogs à Abidjan, c’est la marque déposée de chacun de vous. Daye Diallo, aie ! Tu es impressionnant d’humilité. Ta Guinée se transporte jusqu’à moi.  Serge, mon Serge ! Tu es le mondoblogueur qui blogue sur tous les autres blogs. Cette part de Brésil en toi si bon RDCongolais me rappelle que tu es fan de football comme ton voisin de chambre, mon immense pote Marek qui organise l’after de #MondoblogAbidjan . Merci pour la PS3 d’hier soir, ça sonnait comme un air de vacances ici. Toi aussi tu m’as montré que le monde se conjugue au pluriel avec Alex, Lompo Judicaël, Kinda Basidou, De Rocher, Maurice, Hermann, Aphtal,  etc. Les autres, je ne vous oublie pas. Je vous aime !

Merci au staff (Ziad, Manon, Raphaëlle, et Simon). Merci aux formateurs. Merci à toi Baba, et à mes camer (Aristide, René, William, et toi, mon voisin de chambre, Ulrich). Avec vous, nous avons tous découvert que le visa biométrique est disponible à l’aéroport d’Abidjan. Ulrich, c’était peut-être pour toi un baptême de l’air, mais pour moi, Abidjan restera un baptême de feu.


Banane !

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Quand j’étais gamin, dans une ville camerounaise qui s’appelle Bamenda, je lançais des bananes aux singes. C’était mon sport favori, un divertissement gratuit et gracieux que notre voisin, propriétaire de ces singes nous offrait. Sa maison était un mini zoo et nous adorions ces singes. C’est vrai que le singe est un animal intelligent, joueur, bousculeur et même très amusant. Sa manière de sautiller de grimper et de crier fait de lui un animal exceptionnel, adopté dans les cirques et dans les parades. Par contre, un singe qui est latéral gauche au FC Barcelone, je n’ai jamais rencontré avant ce fameux match du dimanche 27 avril 2014 qui opposait Villaréal au FC Barcelone. Un supporter a cru devoir jeter une banane sur le joueur brésilien Dani Alves alors qu’il s’apprêtait à tirer un corner. Très dignement et sportivement, Alves s’est penché sur la banane et l’a mangée, un geste devenu le symbole antiraciste de la planète foot.

Beaucoup de joueurs ont subi des injures racistes dans les stades de football. Beaucoup se sont fait traiter de babouins, macaques, orang-outang ou gorilles. On avait vu Samuel Eto’o s’énerver dans ce même championnat espagnol, mais jamais personne n’avait essuyé cette insulte avec classe comme Dani Alves l’a fait. Du coup, la présidente Dilma Rousseff, le président de la Fifa, le joueur Neymar et d’autres se sont associés au geste d’Alves pour rappeler à la planète terre que nous sommes tous des macaques (#somostodosmacacos).

Après tout, nous mangeons tous des bananes, pas vrai ? Nous savons tous les éplucher, enrouler la peau et déguster le fruit jaune le plus aimé du monde. La production de bananes représente plus 110 millions de tonnes dans le monde. C’est le fruit tropical le plus consommé en Europe, c’est un fruit cultivé dans plus de 120 pays dans le monde, et les bananeraies du monde seraient trois fois plus grandes que la Belgique. Oui, nous sommes tous des macaques, alors il est temps d’aller déguster une banane.